« Spéciale élections 13 juin. | Accueil | Tératologie sous vitrage »

Voyance

- Monsieur Baraco, grand voyant medium, 25 ans d’expérience, pouvez-vous nous dire quelques mots sur le mariage à Beigle par Noël Mamère de Claudy-dit ?
- Je peux le dire…
- Vous n’allez pas nous refaire le sketch de Pierre Dac et Francis Blanche ?
- Votre grand poète national Claudy-dit épousera bien son fiancé, Jacques Larmoyant. Mais, il aura des hauts et des bas, sauf si c’est dans sa nature d’aller de long en large…
- Surtout s’ils habitent un bungalow…
- Non, Monsieur Charden, non. J’aide à résoudre les problèmes, les cas désespérés : amour, retour de l’être aimé grâce à mes dons exceptionnels. J’aide aussi contre les maladies inconnues. Je protège des ennemis et je remédie à l’impuissance sexuelle. Vous voyez que c’est très sérieux. Avec vos allusions faciles qui ne font rire personne, vous êtes vulgaire.
- Et notre poète national, Claudy-dit ?
- Je le distingue mal… J’ai peur de me tromper…Claudy-dit est mal entouré… des envieux…
- Mais encore ?
- Peut-être une joute poétique à Libramont… une soirée peinture-poésie au centre culturel de Seraing avec une grande artiste sérésienne ? Je le vois retourner à l’école de son village…
- Oui, le 13 juin !
- Comment le savez-vous ?
- Et sa tante ?
- C’est l’impasse. Lui veut d’elle, mais elle ne veut plus de lui.

baraco.jpg

- Une répulsion-désir. Claudy-dit a une solution ?
- Oui. Il incarne sa tante. Il devient sa tante…
- Cela aura-t-il une influence sur son mariage ?
- Enorme. Cela lui ouvrira des portes.
- Etroites ?
- Très étroites. Ce qui sera douloureux pour…
- Attention à ce que vous allez dire…
- …l’artiste sérésienne !
- Pourquoi, le repousse-t-elle ?
- Qui sa tante ?
- Non, la grande artiste ?
- Elle le fuit à cause d’une double homosexualité : la sienne et celle de Claudy-dit. Comment lutter contre ce double fuck ? Mais le bonheur entrera en lui.
- Par derrière ?
- Par surprise.
- Il rejoindra la confrérie liégeoise des poètes engagés ?
- Engagés par qui ?
- Par le tailleur Leroy.
- Un tailleur de pipes ?
- Non de jaquettes.
- Ne sont-ils pas tous de la jaquette ?
- Bien sûr. Ils en sont tous. Claudy-dit les rejoindra parce qu’on est plus indulgent avec les poètes vivant de la culture en Ville que ceux de la périphérie.
- Ce qu’il écrit est donc si mauvais ?
- Pas plus mauvais que Zanzi Bahr ou Broutenski nos gloires locales
- Alors, je ne comprends pas ! Expliquez-moi ?
- C’est un grand mystère mon fils. Devenu tante et marié, notre poète national a réécrit les textes de Claude François, « le téléphone », « le chanteur malheureux », « Alexandrie, Alexandra ».
- Que va-t-il arriver ?
- Rien de grave. Les Centres culturels n’y verront que du feu.
- Il compte s’attaquer à tout le répertoire ?
- Je le vois souvent à la Médiathèque.
- Une grande carrière s’ouvre devant lui ?
- Oui, s’il se contente de réécrire Dumont ou Goldman.
- Pourquoi ?
- S’il s’attaque à Brassens, il est foutu.
- Ah bon ! Pourquoi, Monsieur le grand voyant médium Baraco ?
- C’est déjà réécrit par Zanzi Bahr et Broutenski.

Poster un commentaire