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Attendez-vous à savoir…

Condoleezza Rice remplaçant Colin Powell au secrétariat d’Etat, c’est, mine de rien, un coup dur de plus pour la diplomatie européenne.
Powell malgré ses rodomontades, on se souvient du flacon en verre qu’il avait exhibé aux Nations Unies qui allait tuer la moitié de la planète, passait pour une colombe. Il embrassait madame Alliot-Marie sur les deux joues en pleine guerre froide avec la France, comme il avait convaincu Dobeliou de retourner à l’ONU pour demander un mandat sur l’Irak.
Mais voilà, la diplomatie américaine ne fonctionne pas exactement comme la nôtre.
C’était l’amie de la famille Bush, Condoleezza la conseillère, qui était la vraie responsable de la politique extérieure des States. Colin n’était qu’une potiche et personne ne voulait le savoir.
Pourtant, on aurait dû s’en apercevoir au moment des événements d’Irak. Le secrétaire d’Etat n’était pas favorable à une intervention, Madame Rice et le clan Bush, oui. Au lieu de présenter sa démission au moment où les événements lui donnaient tort, ce qui aurait été crâne de sa part, que fit cet ancien militaire rompu depuis toujours à l’obéissance, il rallia le camp de son maître, pardi !
Les diplomates européens sont comme les économistes. Il n’y a pas meilleurs qu’eux après les événements. Ils les avaient prévus, même si l’on retrouve d’eux des déclarations contraires.
Ne voilà-t-il pas qu’ils nous disent à présent que le départ de Powell rend les choses plus nettes ; que loin d’être désastreuse, la situation a l’avantage d’être plus claire et que le discours de Powell le raisonnable n’était qu’une perte de temps, puisque le président en tenait rarement compte. Oubliée la démarche d’il y a à peine un mois, quand on était encore sous le coup de la réélection du Texan et que les mêmes pensaient qu’après quatre années de leadership en solitaire, l’Amérique allait faire la paix avec ses détracteurs du camp occidental.
On en est à présent revenu.
L’aigreur de Chirac a percé lors de la commémo de l’Entente cordiale avec les British, quand dans les gazettes, il s’est répandu en propos sarcastiques sur ce que Tony Blair a gagné dans sa politique croupion proaméricaine, entendez par là que le londonien s’est fait baiser dans les grandes longueurs.

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Suivez plutôt le parcours de Condoleezza. Elle a eu le scalp de Powell, elle s’est, par le passé, accrochée avec Donald Rumsfeld et ses potes du Pentagone. Fin de l’année dernière, sans que le secrétaire à la Défense en ait été informé, elle avait été chargée de la coordination de la reconstruction de l’Irak. Elle a toujours sa chambre prête dans le ranch texan du Président. Tout le monde sait que les décisions importantes se prennent le week-end, entre elle et lui et sans que les autres secrétaires d’Etat soient présents.
L’engagement de l’Amérique dans les conflits après le 11 septembre, c’est elle. Malgré les avis contraires surtout européens, c’est notamment grâce au conflit irakien que le président a été réélu, alors qu’on croyait Kerry gagnant dans un fauteuil pour les mêmes raisons.
On prête des intentions présidentielles à l’ambitieuse Rice.
Il ne déplairait peut-être pas aux dix millions d’électeurs noirs américains voir une consoeur de race à la Maison Blanche (qui serait ainsi mal nommée). Quant aux femmes américaines, c’est-à-dire la moitié de l’électorat, le plaisir ne serait pleinement satisfait que si Hillary Clinton se présente à son tour.
On verrait alors deux grandes premières dans l’histoire des élections américaines deux femmes candidates, et une noire parmi elles.
On n’en est pas là. Mais, on peut faire confiance à Condoleezza, elle connaît la musique.
La recette a bien marché avec l’Afghanistan et avec l’Irak. Nous n’avons pas encore fini d’en payer les séquelles, mais qu’importe. Relever des erreurs sans avoir moyen de les corriger, ne sert qu’à montrer notre état de faiblesse.
Les Etats voyous ne manquent pas. Parmi les moudjahidins capturés à Fallouja, on a dénombré un beau paquet de Syriens.
Dans les irréductibles ennemis d’Israël, la Syrie est en tête de liste, depuis que la Libye a jeté le gant et remboursé les victimes de ses anciens attentats.
Si la sauce prend en Irak d’une démocratie US adaptée aux mentalités orientales, le Corps expéditionnaire pourrait faire un tour du côté des Syriens avant de rentrer au pays, histoire de ne pas perdre la main et de faire élire Condoleezza !
Tout cela dans deux bonnes années, bien entendu, et si l’opinion est maintenue sous pression. A la rigueur, une forte opposition européenne à la politique américaine n’est pas du tout désagréable aux gens des rives du Potomac.
Voilà longtemps que les Américains ont largué les amarres avec l’Europe, d’autant que dans la perspective monétaire future, avec 1 dollar 50 pour bientôt, les Américains ne viendront même plus passer leurs vacances chez nous.
Quant aux avis de « nos » Américains, c’est-à-dire les fonctionnaires de l’OTAN et les observateurs de l’Union Européenne, ne comptez pas sur eux pour vous éclairer sur le futur de leur pays. Avec un taux de change à 1,30, autant vous dire qu’être payés en Euro, est pour eux un argument qui prêche en notre faveur.

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