« Athéisme atypique. | Accueil | Nous nous sommes tant plus ! »

Ah ! ce qu’on est drôle !

Dans le grandiose d’une harmonie planétaire qui affiche complet, alors qu’on ne s’est jamais tant mordu la gueule, les premiers cocus sont les artistes, parce qu’ils donnent le ton, parce qu’ils sont représentés par la plus belle collection de gougnafes qu’oncques ne vit de mémoire d’homme avec les humoristes tous temps et leurs chefs de file Roland Ruquier le roi du rire forcé, Ardisson l’inventeur de la pause bisous et l’ineffable Patrick Sébastien, surnommé le con suprême, sans compter les autres caïds du chatouille-moi pour me faire rire, dont notre gloire nationale François Pirette, le rien de deux sets à…, mirliflores qui sévissent pour le plus grand bonheur des marques de lessive et quelques téléspectateurs.
Avec eux on n’est pas sorti de la guimauve.
Ils donnent l’impression que tout baigne dans un univers harmonieux, quand les Steevy ont leur chance et que nous aussi, nous aurons la nôtre, car nous le méritons.
Autrement dit, si ceux qui sont en piste le sont c’est parce qu’ils le valent bien ; tous les autres, sauf nous en attente de génie, c’est de la merde.
On est dans le plaisant-grivois. C’est l’avantage de la connerie ambiante : ça occupe le terrain, ça fait vendre les stocks débarqués des containers chinois et la claque pleure en plus aux moutons du Petit Prince… sans rien branler de la situation actuelle.
Alors que la question politique est une question esthétique, et réciproquement.
L’abandon de la pensée politique par le monde de l’art, pour le fric, est un des drames les plus amers de la pensée contemporaine.
Car ces clowns pour matinée enfantine auraient dans leur froc de quoi faire sauter la banque, s’ils avaient des couilles !
Mais voilà, ces rois du rire, malgré leurs trémolos et les Téléthons, n’aiment rien d’autres qu’eux-mêmes, à tel point qu’il faut les voir par le biais de leurs substituts dans la basse-cour de de Chavanne se gonfler d’importance et ramasser du pognon en écrasant une fausse larme sur le sort des orphelins du Rwanda. Ils sont carrément immondes.
Où est leur créativité qui transformera le monde en vue de bâtir une nouvelle sensibilité ?
L’ambition esthétique est morte à cause de ces commerciaux des multinationales, multirécidivistes des « bons mots », comme la mouche bleue sélective des urinoirs publics, préfère à Liège l’édicule de la cathédrale à celui du boulevard. La population rotant et pétant à l’écran large est aujourd’hui privée de toute expérience esthétique, entièrement soumise au marketing mondial. Une minorité de la clientèle, « artésienne » résistante, fait son deuil des morts à la vitrine et résilie ses contrats télévisuels.
Et qu’on ne vienne pas dire qu’heureusement on a les comiques, depuis qu’on ne peut plus piffer les gueules d’enterrement, les dialogues des carmélites et ces massifs d’importants qui foisonnent à la RTB et à RTL comme les rhododendrons autour des serres de Laeken !
Merde, la réalité est plus drôle qu’Arthur, plus pince-sans-rire que Baffie, animateur surdoué de la branlette à Lagardère. C’est que la réalité ne peut plus être dite, même si les décors seraient en carton de l’Hôtel de Bourgogne où Molière joua Tartufe.
C’est la flatterie de l’imbécile. C’est le triomphe de l’ignare. C’est le culte de l’idiot.
Le triomphe de Jean-Marie Le Pen, au deuxième tour pour la présidence de la république, leur pète en pleine tronche. Car, quoique ils s’en défendraient si on le leur rappelait, mais ce sont eux les véritables propagandistes de l’extrême droite, non pas qu’ils en aient les discours, non, ils font pire, ils réduisent leur clientèle à cette seule alternative, parce que leurs rires gras, à la longue, poussent au désespoir.

public2.JPG

Les hommes, les femmes, les jeunes gens de Belgique ou de France ne savent plus ce qui se passe, anesthésiés par l’efficace poison de la pseudo-culture, par l’esthétique bidon des marchands de soupe vedettes, des concours officiels, des discours sur l’art et des universitaires de la fosse d’aisance pour asticots prioritaires. Les gens sont enfermés dans une zone hors circuit des neurones. Les mains désormais sales, ils sont irrécupérables, juste capables de chier juste dans la lunette « Sphinx ».
Cette misère touche tout le monde. « Le désert croît » dirait le prédicateur Nietzsche, chéri des adolphins. Ils sont la "civilisation", elle-même devenue le symbole de leur ghetto. La société vit dans des zones esthétiquement sinistrées. De profundis…
Ce qui s’est passé, c’est tout con et s’explique à l’aise. Au cours des années 50, pour absorber une surproduction de biens dont personne n’a besoin, l’industrie américaine met en œuvre des techniques de marketing (imaginées vers 1930 par Edward Barnay) qui ne cesseront de s’intensifier durant le XXe siècle. La plus-value de l’investissement n’atteint son apogée que sur les économies des marchés de masse toujours plus vastes. Pour gagner ces marchés de masse, l’industrie développe une esthétique où elle utilise les médias audiovisuels qui vont, en fonctionnalisant la dimension esthétique faire adopter des comportements de consommation.
C’est le début d’une misère symbolique et affective. Les « clients » sont privés de leur capacité de l’esprit critique. Ils sont mûrs pour qu’on leur fourgue n’importe quoi.
Le rapport aux objets industriels se standardise.
Les histrions intégrés à la marchandisation généralisée aident aux projets de déshumanisation pour raison commerciale. Ils détricotent l’individu pour mieux nous mettre à plat et nous baiser plus à l’aise.
L’objectif serait une pause bisou généralisée. Vous auriez l’impression que votre langue touche l’appareil dentaire d’Ardisson au plus profond de son palais, lors même que ce n’est qu’un groupe financier qui vous la met bien profond.

Commentaires

Alors, sans doute, et sous maints aspects, pensant ce que vous pensez et écrivant ce que vous écrivez, mon blog, quant à moi, narratif, pourrait vous complaire à loisir.

http://20six.fr/jdk

Ce texte est sympathique, mais qu’est-ce qu’on fait? ( à part lire B Stiegler)

Poster un commentaire