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La chanson de Jackie

Celui qui traite son frère de crétin en répondra devant le Sanhédrin.
Alors ?
« Même si un jour à Knokke-le-Zoute
Je deviens comme je le redoute
Chanteur pour femmes finissantes… »
Quand Brel chante « La chanson de Jackie » : « Beau, beau et con à la fois… » est-on sûr qu’il fantasme et envie la beauté des autres ? C’est un paradoxe, mais il n’est pas prouvé qu’il ne rêve pas plutôt d’être con ! Nous, évidemment, nous pensons qu’il n’aurait accepté d’être con que pour être beau. Il veut bien en payer le prix, acceptant l’un en guise de punition pour avoir l’autre. Peut-être…
Jalouse, l’espèce humaine ? Evidemment !
Et qui a dit qu’être beau, c’est être con ? Et qu’être moche, c’est être intelligent ?
On peut être moche et con. C’est même le sort de la plupart.
Boris Vian qui voulait tuer tous les affreux, s’est tué à la tâche, avant d’avoir commencé son travail.
« Etre une heure, une heure seulement, beau, beau et con à la fois ! ».
La connerie selon Brel n’est qu’une intelligente adaptation aux circonstances. On peut être comptable, finir directeur-adjoint d’une fabrique de papier-carton, avoir une femme présentable, une belle voiture, être parfaitement adapté au bonheur libéral, se sentir bien à l’aise dans les discours pontifiants sur la démocratie, voter oui à l’Europe, avoir la conscience en repos, verser dix euros sur le compte « Tsunami » et être un fameux con !
Ce prix-là, Brel était-il sûr d’avoir les moyens de le payer au même prix qu’être beau, lui qui a fichu le camp à Paris abandonnant femme et enfant pour ne pas finir « con » ?
Au fronton du temple de Delphes, il y a 2500 ans déjà, on pouvait lire « Connais-toi toi-même ». Cette inscription fut reprise par Socrate qui n’en ratait aucune. Qu’est-ce que sa femme en pensait, pour tout autant qu’il en ait eu une ? Car, qui peut se vanter de se connaître est probablement un sot, davantage que celui que Brel envie en chanson.
Si l’imbécile c’est l’autre, comment vais-je savoir, en vertu du principe énoncé par Socrate, ce qu’est la bêtise ?

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Aha ! Raisonneur ! Votre compte est bon…
Peut-être en suis-je un moi-même sans être beau, mais il y a longtemps que j’envie les sots, à la manière de Brel. C’est tout de même plus facile vivre à partager les « valeurs » avec la multitude satisfaite, plutôt que penser qu’elles sont fausses et qu’ainsi la multitude à tort.
Et plutôt qu’être seul à s’exprimer sur les sujets qui n’intéressent pas grand monde, avec une petite dose de lâcheté, un peu d’indifférence pour les malheurs de l’humanité, peut-être parviendrait-on à ce que plus rien d’étranger ne nous touche. Etre heureux selon les critères d’aujourd’hui, c’est rejoindre Brel dans sa quête « beau et con à la fois ».
Même fermer sa gueule quand on n’est pas d’accord à ceci de pratique que cela ne vous met en concurrence avec personne. On garde des chances d’être « reconnu », apte. A quoi ? Mais à se rassurer et rassurer l’opinion sur nous. Ne rien dire, fait passer pour un penseur profond. Un taciturne a la sympathie des cons.
Celui qui dit son opinion indispose, car il oblige l’autre à la réflexion.
En un mot, plutôt que le « Connais-toi toi-même » qui a fait tant de tort aux Grecs du temps de Socrate, par les défauts qu’ils se trouvaient, quand ils n’avaient pas le droit d’en trouver aux tyrans qui les opprimaient, c’est sur la réflexion d’Oscar Wilde qu’il aurait fallu méditer :
« Dans la vie, le premier devoir est d’être aussi artificiel que possible. Personne n’a encore découvert quel était le second ».
Quand les gens sont superficiels, le pouvoir reste stable. Il est quasiment le même en Belgique depuis 50 ans. On se rue tête baissée dans l’Europe pour qu’on nous fiche la paix. En France, on ergote, et on est malheureux. La placidité belge n’a d’égal que le bœuf qui regarde de son pré passer les trains. N’est-on pas heureux ainsi ? On accueille plus de monde au salon de l’Auto au Heysel que dans l’ensemble des réunions politiques, syndicales, les théâtres et les conférences pendant un an sur tout le territoire. Cette curiosité-là n’engendrera pas la guerre civile. On ne va pas se battre parce que Peugeot a un nouveau six cylindres. On va prioritairement au Salon parce qu’on n’a rien d’autre à faire et qu’on est désoeuvré quand le patron ne nous commande pas des heures supplémentaires.
La superficialité serait-elle la première des vertus de la démocratie ? Elle l’est sûrement en Belgique.
Affirmer, que si en Belgique « il fait bon vivre » c’est parce que justement les citoyens sont majoritairement des cons. Tout apparaît d’une bonne logique.
Rassurez-vous, ce n’est pas de la prétention de ma part. C’est un con qui vous le dit.

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