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Le BNB.

Ça s’est passé chez Jigme Singye Wangchuck, roi du Bhoutan, un petit Etat collé à la Chine… chez lui pas de démocratie et une volonté d’épuration ethnique.
Dans les années 80, ce type a eu pourtant une idée qui pourrait faire son chemin. Au lieu de calculer « le progrès » par rapport au PIB (produit intérieur brut), il le calcule sur le BNB (bonheur national brut) !
Les dictateurs sont gonflés… pourtant il leur échappe parfois un truc bien.
Et voilà nos scientifiques d’Harvard, de Leicester, de Rotterdam et d’ailleurs en effervescence.
L’idée n’est pas neuve, Aristote définissait déjà le BNB dans la manière de vivre ensemble. Rousseau préconisait le retour à la nature et Saint-Just en 1793 trouvait que le bonheur était une idée neuve.
Tout au long du siècle dernier, l’essor du capitalisme a été le fait d’une croyance, celle que la croissance élevait le niveau de vie et que c’était la source du bonheur. Les économistes le croient encore dur comme fer aujourd’hui. Les Etats démocratiques d’Europe ne jurent que par le PIB, depuis Jeremy Bentham fondateur de l’utilitarisme.
Pourtant, si on demandait l’avis des gens, on serait surpris de la déconvenue qu’ils en ont.
Avec la croissance, le nombre de suicides s’est considérablement élevé. Des individus comme Parker ont avec les behavioristes contraint l’homme à des comparaisons avec la machine et augmenté le stress et la fatigue au travail. Si bien que vu sous un certain angle l’argent ainsi gagné ne fait pas le bonheur. On pourrait même aller jusqu’à prétendre que l’absence de vouloir s’en sortir d’un certain nombre de chômeurs est avant tout un réflexe de survie, une sorte de volonté de bonheur malgré tout. Ce que les imbéciles heureux du FOREm et d’ailleurs qualifient de fainéantise et de manque de scrupule ne serait qu’une forme d’intelligence supérieure.
L’Haut-lieu s’en est aperçu. Il faut couper le mal à la racine : vider les récalcitrants du chômage !
L’idée pour le calcul du BNB est qu’il faut changer les critères du PIB en y intégrant des données différentes comme l’indice des prix, la qualité de l’air, la nocivité pour l’équilibre des travailleurs de la répétitivité des tâches…
Déjà l’intention d’abandonner la course au profit et à la productivité s’inclut dans l’apparition de critères nouveaux, comme par exemple la qualité de l’environnement.
On en arrive à la grande question du niveau de vie.
Si tout n’est pas rose dans les pays notoirement moins riches que l’Europe et l’Amérique du Nord, certaines populations que nous considérons comme pauvres se déclarent aussi heureuses que si elles vivaient avec un PIB comparable au nôtre.

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Des économistes moins cons que ceux qui nous rebattent les oreilles en politique et dans les médias, nous disent qu’à partir d’un certain seuil de développement l’argent ne fait pas le bonheur. Au contraire, car pour pousser l’économie on inonde les marchés de choses inutiles dont on nous persuade que sans elles nous ne saurions vivre ! Le PIB progresse sur ces fausses valeurs et on nous fait croire que cette forme de progrès est indispensable !
Nous confondons pour notre malheur, le bonheur comme satisfaction de soi, avec le bonheur comme dépassement de soi.
Le calcul du BNB serait logiquement établi sur le bonheur du plus grand nombre.
Dans le système dit démocratique actuel, l’Etat s’occupe de la sécurité de vivre ensemble, tandis que le bonheur serait en principe une affaire privée.
La participation de l’Etat pour le calcul du BNB est indispensable.
Dans une société où la liberté est mesurée, même si c’est à des fins morales (injures racistes et antisémites), dans la gestion de la santé (augmentation dans un but dissuasif du prix du tabac), les détentions d’armes (sécurité individuelle), les permis de toute sorte… il est étrange que le travail et l’organisation d’entreprendre soient les seules activités humaines dont l’Etat respecte et encourage l’initiative privée.
Alors que le BNB bien géré par les citoyens pourrait être une barrière au totalitarisme de nos démocraties soumises aux projets industriels.
La solution pour gérer un BNB, c’est de créer une économie humaniste.
Il faudrait pour cela que les gouvernements saisissent la dimension culturelle du bien-être afin d’organiser et humaniser la mondialisation.
D’ici à ce qu’on crée une nouvelle psychologie qui aurait comme objectif l’hédonisme, ce n’est pas pour demain.
Si on essayait au moins de comprendre ce qui rend l’individu heureux ou malheureux, au lieu de nous sortir des slogans aussi pervers que travailler plus pour gagner plus ?
Ce serait un petit pas sur nos vieilles lunes, mais un grand pas pour l’humanité.


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