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Pas vu, pas « prix ».

-Monsieur Prifix, que répondez-vous à Monsieur Prizunik dans le cadre de la vie chère ?
-Je répondrai que chez nous – vous pouvez vérifier – les prix du 14 au 16 n’ont pratiquement pas baissé.
-Alors, ils ont augmenté ?
-Pas du tout. Ils n’ont pas baissé parce qu’ils sont au prix plancher. Et que plus bas, on ne peut pas.
-Pourquoi ?
-On ne peut pas vendre des produits moins chers que ce que nous les achetons. Voyez monsieur Pribas, il s’est retiré des affaires.
-Parce qu’il avait vendu en-dessous de son prix d’achat ?
-Non, parce qu’à 68 ans, il a épousé une femme de 47 ans sa cadette et qu’il s’est retiré des affaires, car il en avait épousé une.
-Une quoi ?
-Une bonne affaire !...
-Bref, vous n’augmentez pas vos prix ?
-Quelle horreur, nous n’augmentons que les marges.
-Comment expliquez-vous cela, monsieur Prikassé ?
-Nos magasins « A » comme nouveau détaillant…
-Pas de publicité, s’il-vous-plaît…
-…vendent, car il faut bien vendre alors que notre but au nouveau détaillant, c’est de donner. Nos marges s’augmentent parce nous ne payons nos fournisseurs que par Bankon six mois après la date de péremption du produit.
-C’est-à-dire ?
-Une boîte de petits pois qui peut se consommer jusqu’en 2010, plus six mois, par exemple… Comme nous alimentons notre compte chez Bankon de la vente justement de ces petits pois dans le courant de 2007, nous avons donc l’intérêt de la somme sur 3 ans, ce qui paiera en 2010 et six mois notre fournisseur.
-Mais vous étranglez votre fournisseur ! C’est du vol !
-Mais monsieur, le commerce c’est du vol a dit Proudhon. Comme nous sommes pour nos clients et donc pour le peuple, nous ne volons que nos fournisseurs.
-Admirable !
-Pas tant que cela, parce qu’à ce régime-là, nos fournisseurs ont fait faillite et nous avons dû racheter leurs entreprises afin de poursuivre la vente des petits pois, si bien que nous nous volons nous-mêmes !...
-Où est l’astuce, monsieur Pridou ?
-Il n’y en a pas. Comme nous perdons de l’argent chez notre fournisseur, nous le mettons en faillite. Nous rachetons au tribunal du commerce nos propres installations dégraissées du personnel, l’Etat paie les salaires et défraie les clients, c’est-à-dire nous, et nous recommençons sous d’autres sigles, ce qui nous a réussi si bien. Bankon finance le redémarrage et nous passons pour des héros auprès des dix abrutis que nous n’avons pas licencié.

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-Et le public, dans tout cela, si l’on considère qu’il se voit licencié en partie par vos soins, il s’approvisionne toujours chez vous ?
-C’est pour cela que nous nous efforçons de maintenir les pris les plus bas possible. Nous sommes conscients de la difficulté qu’ils ont à acheter des petits pois dans des conditions d’existence si difficiles.
-Monsieur Bankon, c’est légal ces pratiques ?
-Parfaitement. Notre banque, la première du pays, ne pourrait pas conclure des contrats délictueux. L’arsenal de nos lois est bien fourni à ce sujet. Nos profits ne sont élevés que parce que nous finançons une politique de prix plancher, comme vous explique monsieur Pridou.
-Vous êtes tous de véritables bienfaiteurs !
-Evidemment. La preuve, Prifix est baron, Pribas revient de la côté pour recevoir son prix de Belge de l’année, et Prikassé fait dans l’humanitaire, quant à Pridou, il finance les partis politiques pour une meilleure gouvernance, le tout ne fait-il pas une Belgique prospère ?
-Honorés, respectés, décorés, adulés des médias, que souhaitez-vous de plus ?
-Nous vivons pour demain. Aujourd’hui ne nous intéresse pas. Bien sûr nous sommes sensibles aux honneurs, mais notre mission c’est de penser l’avenir.
-Et quel est-il ?
-Avec le réchauffement du climat, d’ici cinq ans nous plantons des bananes dans les Ardennes.
-Je ne vois pas ce qui…
-C’est un vieux rêve de nous tous, faire de la Belgique une république bananière…


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