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Danneels et l’euthanasie

Il en a de bonnes, Mgr Danneels, de critiquer l'euthanasie sous prétexte qu’il faut donner un sens à la vie… par la souffrance et la mort !
Comme tout religieux, il part du principe que la mort est en réalité le départ de la vie éternelle, donc un commencement qu’il ne faut pas gâcher de nos mains d’homme !
Avec les trois religions monothéistes, c’est le même programme. C’est inouï le nombre de pages qui ont été écrites sur notre destin après la mort sans que personne en sache rien, ni que personne en revienne pour nous en toucher un mot, quoique les livres saints soient pleins de fariboles à ce sujet.
C’est ce farceur de Parménide qui - il y a très longtemps – nous a fait le plus réfléchir sur la vanité de parler à tort et à travers de ce qui n’existe pas. « L’Être est, le non-Être n’est pas ».
Aucun curé n’en conviendra, car ce serait toucher à son fonds de commerce : le Non-Etre n'est pas pensable, parce que penser le non-être est ne pas penser. Mais, vu que nous employons le terme de non-être, il est pensable, d'une certaine façon. Du moment qu'il est pensé, il devient l'Etre. Ainsi l'Etre se dégage, par opposition au Non-Etre, qui continue à ne pas exister.
C’est bien là une vanité suprême que Mgr Danneels laisse échapper de sa nature profonde, pour lui le non-être, c’est l’être sublimé par dieu.
C’est son droit.
Il conviendrait cependant qu’il ne juge pas, en toute humilité chrétienne, ceux qui ne pensent pas ainsi. Comme c’est plus fort que lui, nous subissons donc son homélie.
Mgr Danneels choque les défenseurs de l'euthanasie avec toute l’inconscience du devoir accompli. Se donner la mort n'est pas un acte d'héroïsme, dit-il, en faisant référence à Hugo Claus qui a tiré sa révérence sans rien demander à personne.
Je trouve, au contraire, que c’est un acte absolu de liberté que celle d’arrêter ses jours, acte qui n’est pas sans courage et détermination et n’est pas à la portée de tous.
Cela démontre que l’homme a toujours le choix d’arrêter tout avant de sombrer dans l’innommable et la souffrance !...
Euthanasier quelqu’un qui le demande est un acte de charité, même si ce n’est pas de la charité chrétienne. Ainsi, Mgr Danneels nous donne l’opportunité de constater que toutes les charités ne sont pas chrétiennes. La foi serait-elle un frein à l’élan de cœur qui nous lie à nos semblables ? Voilà bien une étrange frustration pour une religion qui s’est fait une spécialité de l’Amour !
Dussé-je heurter le patriotisme de Mgr, il lui serait bénéfique de relire entre les lignes l’histoire de la Grande guerre – celle que Brassens préfère – il y trouverait dans la vie des hôpitaux du front une pratique de l’euthanasie courante parmi le personnel soignant, afin d’abréger des souffrances inutiles et… de laisser des places vacantes aux nouveaux arrivants qui étaient susceptibles d’être sauvés et qui le furent grâce à cela.

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Quelle homélie eût-il faite afin que ses ouailles comprissent le sens de la vie et de la mort dans l’urgence, comme ce fut le cas de Chantal Sébire, au lieu de son bavardage sur une religion qui perd les pédales, dès que le sujet sort de l’ordinaire ?
Evidemment, le cardinal était à Saint-Rombaut au cœur du vieux Malines où le pratiquant à l’âme droitière et le cœur au fond d’une sacristie. Ce n’est pas un public facile, même pour un cardinal.
Mais comme les temps changent, peut-être l’écoutait-on d’une oreille distraite en se demandant ce que le vieil homme à l’homélie, empâté dans une bonne rondeur qu’on dirait faite du suif des cierges, aurait fait, s’il avait été défiguré et aveugle, comme Chantal, ou atteint d'Alzheimer comme Hugo ?
Aurait-il eu cette volonté d’airain d’aller jusqu’au bout, dans l’ignorance de sa douleur et de celle des autres, avec l’absurdité d’une volonté de souffrance d’autant plus imbécile qu’elle n’est rédemptrice de rien ?
Au moins serait-il revenu sur le jugement qu’il porte sur des hommes qui décident que « ça suffit ».
Alors, faisant comme l’abbé Pierre qui était las de vivre, aurait-il supplié son dieu de le reprendre au plus vite, lui demandant expressément qu’il l’euthanasie ?

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