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Le progrès bondissant !

Ne plus se bouger le cul dans les boulots assis est devenu la règle, dans une organisation stricte du travail où discuter le coup avec des collègues dans le bureau à côté constitue une infraction au règlement interne.
Cette manie qu’ont les promoteurs et les fabricants d’interdire tout geste inutile, dans le cadre du temps que les assujettis leur consacrent, réduit le travailleur à l’état d’infirme, podagre,ou pire, cul de jatte !
Dans un avenir prochain d’extrême efficacité, on pourrait n’embaucher que des femmes tronc pour l’emploi de caissière.
Bien entendu, de l’idolâtre de l’économie libérale telle qu’elle est, au réfractaire obligé de se plier à l’usage capitaliste par la nécessité de manger comme tout le monde, les parties ankylosées des deux genres de besogneux pratiquant l’immobilité surveillée doivent avoir la compensation d’une gymnastique appropriée.
L’effet jogging est le nom plaisant donné par les médiologues à un phénomène grave et déroutant, par trop sous-estimé : l’effet rétrograde du progrès technique.
Car le progrès a son revers. Il n’est à l’état pur que pour le financier, puisque pour que tous puissent bénéficier du progrès, il faut évidemment qu’un travail supplémentaire compense son accès. L’homme moderne s’aliènent en même temps qu’il « progresse » ! L’activité qu’il déploie est sa monnaie d’échange.
Moins les citadins marchent de la journée, plus ils courent le soir. Cette récupération des membres inertes par l’exercice « de loisir » est d’autant bien vue des patrons qu’elle se passe en-dehors des heures de bureau et est de nature à rendre la forme.
Le mot de Régis Debray est parfaitement actuel : « la déstabilisation technologique suscite une restabilisation culturelle. A chaque « bond en avant » dans l’outillage correspond un « bond en arrière » dans les mentalités."
En somme courir après journée devrait être considéré comme des heures supplémentaires !
Cette manie d’arpenter les rues de son quartier en survêtement ou en short ne serait donc pas l’irrépressible besoin d’une hygiène volontaire, soupape à une énergie débordante, mais le pendant compensatoire d’un bond en arrière, dépense soudain nécessaire d’une énergie que l’on a accumulée dangereusement.
De là à penser que de bond en bond, le bond en arrière est quasiment général, d’autant que l’économie moderne veut instaurer le travail du dimanche pour tous, donc veut encore accroître l’immobilisation d’une Nation au service de l’industrie... il n’y a qu’un bond.
Serait-ce que bondir entre deux stations assises prolongées s’appelât progrès ?
N’est-ce pas plutôt une nouvelle et insultante plaisanterie d’une conspiration qui englobe les industriels et les personnalités politiques qui se sont assigné le droit de nous circonvenir par leurs propagande consumériste ?

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Toute civilisation qui respecte ses « civilisés » ne devrait-elle pas travailler à libérer le travailleur de ses aliénations ? La réussite selon une visions humaniste ne serait-elle pas une réduction du temps de travail dans le but d’allonger le temps libre ?
Par exemple, quand Reynders prône la liberté, Il rétrécit le sens du mot aux relations commerciales. Ne conviendrait-il pas aussi de chercher les moyens d’étendre cette liberté aux hommes ?

Commentaires

Parfaitement d'accord avec toi, il faut travailler à libérer les travailleurs de ses aliénations. Mais mon cher, les Ecologistes sont les champions dans le style aliénation : ils passent leur vie à faire peur aux gens. Ce n'est pas non plus un modèle de société. Je crois qu'on en reviendrais vite à une société "barbare" avec tout ce que cela a de péjoratif et de cruel si on mettait en pratique ne fut-ce que la moitié de leur doctrine. Comme je le dis depuis un certain temps, en prenant le fameux principe de précaution dont ils nous rebattent constamment les oreilles comme exemple : l'homme n'aurais jamais dû domestiquer le feu. Mais si ça avait été le cas, nous ne serions pas en train de correspondre. L'espèce humaine n'aurait pas vécu aussi longtemps. Nous aurions été bouffés par les grands fauves et la nature aurait été sauvée..durablement (j'ai enfin résussi à le placer celui-là).Vive l'Ecologie

Tu as parfaitement raison en ce qui concerne l'impossibilité dans le monde actuel d'appliquer le programme écologiste dans toutes ses composantes. Aussi, n'ai-je jamais considéré l'écologie comme un moyen de gouvernement, mais comme un agent révélateur. J'irai même plus loin que toi, en déplorant le caractère bourgeois des milieux écologistes, incapables de comprendre les détresses profondes et persistant dans une caricature de la démocratie dans leurs assemblées aussi hypocrites qu'ailleurs.

Quel parti est encore capable aujourd'hui de comprendre les citoyens, à croire qu'ils sont tous déconnectés de la réalité.

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