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Mister Doom

Nouriel Roubini est un docteur en économie Turc issu d’une famille de Juifs iraniens, enseignant dans une université américaine (Yale), cosmopolite à souhait pour lier la sauce et faire un chef-d’œuvre du bien comprendre de la situation mondiale en matière d’économie ; sauf que Roubini est un pessimiste, genre dont les médias, les politiques et les industriels ont le plus horreur.
Car, c’est un pessimiste qui a souvent raison
Au début des années 2000, il a été surnommé Dr. Doom ou « Dr. Catastrophe » à cause de ses prédictions économiques plus alarmistes que la plupart de ses collègues. En 2005, selon Fortune, Roubini a affirmé que le « prix des maisons surfait sur une vague spéculative qui coulerait bientôt l'économie. À cette époque, il a été qualifié de Cassandre. Maintenant, il est un sage. » Sauf que c’est un sage dont on redoute les déclarations.
En effet, depuis le début de l’année 2009, on essaie de nous faire croire que les affaires reprennent. Pas plus tard que ce midi, une informatrice d’Europe 1, sans doute qualifiée, nous regonflait le moral à coups de bonnes paroles sur l’immobilier. On sentait son désir de nous faire partager son enthousiasme. Y a-t-il un politicien au pouvoir qui tiendrait un discours contraire ?
Donc, on nous ment, même partiellement je veux bien l’admettre, mais on nous ment sur l’état de santé du système économique, foi de Roubini.
Ce qu’il dit est quand même frappé du coin du bon sens, à propos de la situation économique aux Etats-Unis et à présent certains pays d’Europe : les pays qui financent la balance courante par des prêts effectués à l'étranger, sont menacés de faillite, pure et simple. Les États-Unis seront probablement les prochains à subir un tel choc. Cet endettement est en partie dû aux prêts sans condition que les Etats ont accordé aux banques. Il aurait cent fois mieux valu nationaliser quelques unes d’entre elles. Elles auraient joué le rôle de pilote en assainissement.
En septembre 2006, Roubini lors d’une audience de spécialistes, sceptiques, du FMI, présidé par le prédécesseur de DSK, prévint qu'une crise économique était en gestation : « Dans les mois et les années à venir, les États-Unis vont probablement vivre une dépréciation immobilière qui ne se voit qu'une fois dans une vie, un choc pétrolier, une diminution prononcée de la confiance des consommateurs et, ultimement, une grave récession.»
On a ri de lui une fois de plus, parce que le monde a besoin d’un discours rassurant. La vérité ne l’intéresse pas. En 2009, rien n’a changé.
Les économistes n’avaient pas prévu la crise, dit-on, ce n’est pas tout à fait exact. Ils avaient au contraire estimé qu’elle n’aurait pas lieu !
La RTB et RTL vont bientôt reprendre leurs émissions dominicales qui traiteront des grands sujets d’économie. Je parie tout ce qu’on veut que le panel des invités sera le même à peu de choses près que celui de l’an dernier.

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Les politiques vont nous dire que grâce à eux on a évité le pire et que l’on peut être modérément optimiste pour les années qui viennent. Les économistes qui depuis dix ans nous promènent d’erreur de jugement en mauvaise estimation, auront des mots élogieux pour qualifier les efforts qui ont été entrepris pour redresser l’économie. Enfin le public, trié sur le volet, aura comme d’habitude aussi peu à dire et toujours aussi mal.
Aujourd’hui, Roubini, s’il est devenu un intervenant majeur dans les débats économiques se déroulant aux États-Unis et sur la scène internationale, même si le New York Times affirme qu'il est « le sage qui a vu venir » et que le Prospect Magazine l'a mis en 2e place sur une liste des 100 intellectuels vivants les plus influents, n’en demeure pas moins pour tout le monde un sacré emmerdeur.
Ses prévisions font état que les États-Unis ont un marché financier de piètre qualité, que l'économie américaine se contractera, ce qui causera un deuxième palier – double creux en terme d’économie - d’une récession mondiale. En Europe, au Canada, au Japon et dans les autres économies avancées, elle sera sévère. Les économies émergentes qui font affaire avec les pays développées ne seront pas épargnées.
Rappelons que les banques américaines, malgré l’effort d’Obama, sont toujours en faillite technique, de même que le système bancaire européen par un effet de vases communicants.
On n’a pas tort d’être indignés des primes offertes ces temps-ci aux traders.
Les banquiers, le monde de la finance en général, n’ont rien compris, au point qu’ils sont capables de nous refaire le coup des subprimes.
Ce qui est beaucoup plus grave, nos politiciens et nos hommes d’information continuent à diffuser des bilans tronqués, de fausses statistiques et des comptes-rendus bidons. Comme si la falsification de la situation réelle allait avoir une importance bénéfique, quand bien même elle euphorise les populations.
Cela empêche, évidemment, de se former une opinion basée sur des réalités et donc de réagir comme il convient.
Quand la montée du chômage, les dépôts de bilan et la baisse du pouvoir d’achat, feront-ils changer le discours de la pluie et du beau temps ?

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