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This Is The True Philosopher’s Stone (1)

Lorsqu’un économiste se déplace aux étranges lucarnes, c’est pour rassurer l’opinion publique. Pour être au plus près de la vérité, il ne viendrait pas à l’esprit des rédactions et des présentateurs de télévision d’inviter des économistes qui doutent de la sortie de crise.
Le discours est centré sur la reprise des banques « qui remboursent plutôt que prévu » les sommes avancées par l’Etat.
On entend même chez nos voisins français, le président se vanter d’avoir fait une bonne affaire en prêtant aux banques ! Comme si le moindre banquier dans son cas n’aurait pas profité des circonstances pour devenir le propriétaire de l’entreprise en difficulté, comme ce fut le cas de BNP-Paribas pour FORTIS !
Dommage que nous ne sommes pas les propriétaires aujourd’hui de cette banque, quand on voit les bénéfices records que six mois après avoir été au bord de la faillite, elle vient d’afficher !
Par contre, le déficit accumulé des finances de l’Etat, nous n’aurons pas fini de le rembourser sur six mois, peut-être que dans vingt ans, on en parlera encore.
A propos de la sortie de crise, le mensonge est général.
Comme aucune des décisions d’assainissement du système bancaire n’a été prise, tout est resté en place pour faire crever de nouvelles bulles financières. Le mystère plane derrière les guichets. Au bel étage des Institutions, la folie des grands profits est repartie de plus belle. Et ce n’est pas le grelot attaché au pied de l’Emir de Dubaï qui va réveiller le chien de garde du FMI.
Le public aurait cependant le droit d’entendre d’autres avis que ceux orchestrés par Guy Quadden, de la banque Centrale de Belgique, et repris en chœur par les prévisionnistes et les économistes des banques.
Afin de ne pas trop alarmer les chaisières de monde occidental, il n’est pas question de donner la parole aux catastrophistes de service, prompts à dénoncer tout système qui n’est pas le leur, mais, à tout le moins, d’ouïr ce que des économistes libéraux soufflent dans leurs trompettes qui ne sont pas celles de la renommée.
Le seul prix Nobel d’économie encore en vie en Europe est le Français, Maurice Allais.
L’a-t-on jamais entendu, lui ou des économistes se réclamant de son école, intervenir dans les violons du grand final de la reprise ? Nos surfeurs de la Bourse ne le confondent-ils pas avec son homonyme de Honfleur, prénommé Alphonse ?
Allais est l’anti Pascal Lamy. Autant ce dernier est pour la privatisation tout azimut, autant Allais dénonce la libéralisation totale du commerce international. Le prix Nobel est partisan d’une légitime protection de nos industries et de nos travailleurs. C’est grâce à la structure industrielle et surtout sociale de la Belgique et de la France qu’en 2008 la crise qui a frappé tout le monde ne s’est pas acharnée sur nos pays. Que ce serait-il passé si, de la poste aux entreprisse encore sous régie ou sous statut public, tout avait été aux mains des particuliers, comme le souhaite pour un avenir proche, Pascal Lamy et quelques autres « dérégulateurs » ?
« 2010, la vraie crise va commencer » titre Marianne et j’en suis convaincu aussi !
A la suite de 2008, la dette des Etats est devenue une colossale bulle avec des chiffres qui donnent le tournis. Quel est le pays qui ploiera le premier en Europe ? La Grèce ? L’Espagne ? L’Irlande ?

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Les anciennes pratiques bancaires, les prêts hypothécaires inconsidérés, les titrisations par bouquets de créances pourries, les enjeux spéculatifs fous sur les matières premières, comme le baril de pétrole toujours à 80 dollars et cela en pleine récession, tout, absolument tout, reste en place, capable de faire sauter une deuxième fois les Bourses et l’industrie, avec la conséquence terrible que les efforts des Etats en 2008, pour sauver la mise des banques les plus menacées, ne pourront pas être renouvelés en 2010.
Le chômage va poursuivre son ascension. Il ne pourra pas être compensé par de nouveaux emplois, puisque la politique de l’Europe et de Pascal Lamy poursuivront la destruction d’emplois, achevant la ruine des entreprises et des hommes qui y travaillent par les départs des industriels vers des pays aux salaires moins élevés.
Quand la banque repart, quand la Bourse reprend des couleurs, mais que les chiffres du chômage explosent, comment qualifier l’attitude « pleine d’espoir » de l’économie officielle ?
On se souvient avec quels mensonges éhontés, les responsables politiques nous ont soutenu qu’en 2008, il n’y avait pas de crise, pour finir par lâcher le mot du bout des lèvres, quand il a bien fallu après deux trimestres d’hésitation, passer de la « stagnation passagère » à la « récession inévitable ».
De la même manière, on tente de nous faire croire que tout redémarre, mais que pour le chômage, il faudra attendre le deuxième semestre de 2010, pour qu’il s’arrête de grimper !
Il n’est pas bon d’entretenir un espoir illusoire, alors que le jour où il faudra convenir d’une politique de rigueur avec la baisse du pouvoir d’achat à la clé, n’est pas si éloigné que cela !
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1. Thomas Hobbes aurait voulu que son épitaphe fût « This Is The True Philosopher’s Stone » (Ceci est la vraie pierre philosophale). Ce serait à inscrire sur la tombe de nos espérances.

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