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Frères humains…

Dimanche midi.
Sempiternel débat entre les laxistes de la gauche molle et les farouches de la droite indignée, devant les miroirs des caméras supposés nous réfléchir en les exposant. RTL et RTBF fabriquaient les images d’Epinal dominicales. Thème unique : l’immigration (1).
Le problème vu par le petit bout de la lorgnette rend tout le monde malheureux, ne convainc personne et donne l’impression que nous vivons dans une Belgique raciste qui n’ose pas dire son nom.
Déjà que l’on a du mal à passer pour des gens civilisés avec nos problèmes linguistiques, nos communautés hostiles et nos minorités francophones, il va falloir en plus justifier à l’Europe un certain égoïsme ressenti par tout le monde, et justifier en interne, une loi absurde d’accueil qui devient une fable universelle !
Oui, l’afflux d’étrangers demandeurs d’asile est un problème. Non, il ne sera pas résolu avec les mesures humanitaires et les initiatives des pouvoirs publics. Oui, nous sommes victimes de nos propres lois qui dans ses arrêts de justice nous condamnent à payer des astreintes… à des demandeurs d’asile, parce que nous ne les logeons pas assez vite.
On n’en finirait pas d’écrire, tantôt oui, tantôt non devant pratiquement tout ce qui a été entendu dimanche midi, le tout entrecoupé de violences verbales rarement entendues sur des plateaux plutôt propices, d’habitude, aux assoupissements. Enfin, une nervosité générale et le culot de quelques grosses pointures libérales et CDH, firent le reste.
Débat à côté du débat !
S’il y a bien une chose dont on est conscient, c’est qu’il ne faut laisser personne dehors par ces temps de froidure et qu’il faut tout faire pour cela.
Ce n’est pas en hiver, qu’il faut débattre de l’immigration, mais en été, afin de ne pas attirer encore plus l’attention sur des êtres humains déjà fragilisés et qui risquent de mourir de froid. En hiver, on ne peut parler que d’une chose : le sauvetage des vies humaines en danger. Un peu comme la personne qui se noie et dont on débattrait sur la berge l’opportunité ou non qu’elle soit secourue ! Non, les gars, faut y aller… quitte à ce que les MR, CDH et VLD ouvrent leurs gueules au printemps.
Le sort des populations migrantes, depuis que les moyens de transport se sont tellement modernisés et que les distances sont abolies, ne sera pas réglé en deux coups de cuillère à pot par des nations égoïstes, confites dans leurs petits moyens qui n’ont souvent que la politique du fil de fer barbelé au kilomètre. Elles croient régler tout, elles ne règlent rien. Elles s’installent juste dans un provisoire de longue durée, marmites sur le feu.
L’affaire est universelle et concerne autant l’avenir de l’humanité que la déforestation ou le réchauffement de la planète. Un deuxième Cancun serait nécessaire pour ne parler que de l’humain.

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Le problème est le suivant : comment 2 milliards d’hommes plus ou moins bien nourris et logés sur deux continents hébergeront-ils les 4 milliards 793 millions restant, des trois autres continents, mal logés et parfois dénutris ?
C’est une boutade, me direz-vous, dans le sens où les flux migratoires n’auront jamais l’ampleur d’une transhumance gigantesque, telle qu’elle ferait le vide derrière elle : cela n’arrivera pas ! Mais, ce n’est pas une plaisanterie, lorsqu’on sait que dans peu de temps nous serons dix milliards, puis douze, puis quinze d’ici même pas la fin du siècle, sur cette planète !
A la fin de sa vie, l'anthropologue Claude Lévi-Strauss n’a cessé de nous alerter sur le problème que soulève la surpopulation humaine : « Ce que je constate : ce sont les ravages actuels ; c'est la disparition effrayante des espèces vivantes, qu'elles soient végétales ou animales ; et le fait que du fait même de sa densité actuelle, l'espèce humaine vit sous une sorte de régime d'empoisonnement interne —-si je puis dire—- et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n'est pas un monde que j'aime. »
Le débat de ce dimanche aurait pu avoir de la grandeur. Il aurait été en deux parties, la première, la plus urgente, la plus évidente, aurait été de trouver les moyens les plus rapides pour voler au secours des gens qui vivent de façon précaire et aléatoire sur le sol de la Belgique et à ce propos, pas que des étrangers, mais aussi nos propres nationaux.
La seconde aurait porté sur une réflexion générale de l’avenir de l’homme, mettre en équation les philosophes, les ethnologues et les systèmes issus des théories de Malthus sur la régulation des naissances, voir où en est la contraception par rapport aux religions, etc.
Hélas ! les haines rancies des frustrés de la politique, de ces six derniers mois, empêchaient sans doute qu’on mît le débat plus haut que les chaises de bureau sur lesquelles les séants s’écrasaient d’aise, dans la température agréable de studios bien chauffés…
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1. L’une en différé, l’autre en direct, de sorte que les « indispensables » qui couvrent les deux, ont pu se faire reluire des deux côtés.

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