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Tout bascule.

Petit à petit, et mine de rien, un autre modèle est en train de sortir d’une société à laquelle on reprochait beaucoup, mais qui restait vivable,. La « chose nouvelle » sera bientôt en mesure de supplanter la matrice mère et ce sera pour longtemps, si les partis s’y résignent. Et peuvent-ils faire autrement, puisqu’ils ont lié le sort de la démocratie, à celui de la réussite par l’argent, fût-il sale !
Ce qui émerge ne correspond pas à ce que nous attendions légitimement des fruits de notre travail et du progrès qui en découle. Les gains de la productivité, les machines et les inventions « porteuses d’avenir », n’influencent la prise de bénéfice de plus en plus substantielle, que parce qu’on y ajoute une grosse part prélevée sur les salaires et les conditions de travail. Tout ceci semble ahurissant, pourtant, tout à fait démontré par les études et les courbes de productivité en hausse, grâce aux salaires en baisse. On peut très bien faire partie d’une équipe gagnante dont la productivité a été multipliée par dix et les profits par cent et se retrouver avec un salaire diminué ou chômeur au bout du compte. Le confort des populations n’est pas automatiquement lié à la prospérité économique. La Chine en est un vivant exemple.
Le miroir d’un capitalisme « honnête » s’est brisé.
Pour quelques-uns l’image était fausse dès le départ, mais pour le plus grand nombre, c’est un réveil douloureux, et une prise de conscience étonnée.
Tout qui se contente de promouvoir le système et, en son nom, d’exploiter la main-d’œuvre dans les nouvelles conditions, n’est plus qu’un vulgaire instrument d’une escroquerie. On vole le public à la vente du nouveau système, au nom d’une fausse honnêteté du vendeur : celle de publier que l’effort est bon à tous, parce qu’il rapporte à tous.
Avec le sentiment que le mal n’est pas fini, mais ne fait que commencer, les citoyens entendent les mensonges d’un pouvoir comptant les abuser le plus longtemps possible, avec l’air sceptique et la gouaille au bord des lèvres, du Gavroche de Victor Hugo.
Le nouveau principe de rigueur, défini dans le discours d’un Melchior Wathelet, n’est vu que comme un méchant tour du pouvoir afin de nous faire admettre l’appauvrissement progressif comme indispensable à une ascèse, pour atteindre des jours meilleurs qui n’arriveront jamais.. Beaucoup de gens font l’expérience de la montée de la précarité : du job bien rémunéré de plus en plus difficile à trouver, à l’exclusion pure et simple.
La population crédule s’est fiée aux paroles réconfortantes des économistes ouvertement liés au pouvoir. Elle les a crus lorsqu’en janvier 2010 les économistes claironnèrent que les schémas de 1929 ne s’étaient pas reproduits, que « la crise était derrière nous ».
Il a fallu se farcir les raisonnements des « Je-sais-Tout » de nos universités et qui ne savaient rien !
Que l’Etat vive sur un trop grand pied, cela ne fait pas de doute ; mais qu’il faille pour revenir à des finances saines commencer par sabrer dans les dépenses sociales, les retraites et les bas salaires, économiser sur l’enseignement, les crédits à l’école et licencier des milliers de fonctionnaires, l’opinion se dit de plus en plus convaincue qu’il y aurait mieux à faire. Il y a des dépenses de prestige dont on se passerait bien, des traitements énormes dont on n’a que faire, des situations où l’inconscience de l’Etat est sans limite, d’un entretien d’une armée qui ne sert à rien, etc.

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Les thuriféraires de l’ultralibéralisme ont peut être commis une erreur, en voulant trop tout de suite, poussés par l’impunité des banques en 2008 sauvées grâce aux fonds publics.
« Didjé » aura beau dire sur tous les tons que les banques nous rembourseront les sous que nous leur avons avancés, c’est totalement faux ! Nous avons ouvert des crédits à des organismes bancaires qui ne nous auraient pas prêté de l’argent dans les mêmes conditions. Ils ont même spéculé de suite sur les sommes attribuées. Si l’inverse s’était produit, les banques auraient mis en faillite les demandeurs de prêts pour s’emparer avec trois fois rien, des entreprises qui valent beaucoup plus, ou, tout au moins, seraient devenues l’actionnaire principal.
En prêtant des milliards que l’Etat empruntait en notre nom, Reynders a contribué à alourdir la dette publique. Où est le dédommagement des banques de la perte de réputation et des efforts que le citoyen va devoir faire pour rembourser ce supplément ?
Reynders a donné ce que les banques souhaitaient, et n’a pas exigé plus d’un honnête 3 ½ %, mais encore, l’Etat n’est entré dans aucun conseil d’administration.
Par contre, les nouveaux contrats avec les salariés en 2010 sont on ne peut plus tributaires des organismes financiers. Ils portent les traces du grossissement de la dette.
Pour une production accrue, quand le travailleur voit qu’il est moins payé, soit par son employeur, soit par les taxes et la TVA, il sent bien que quelque chose ne tourne plus rond. Ce qu’il croyait être une mécanique bien rôdée, se révèle être une usine à gaz dans laquelle ceux qui le peuvent se remplissent les poches, avant de se fondre dans la nature.
Ce monde nouveau nous dépasse. Nous ne le comprenons plus. Ne croyez pas que la raison tient dans notre peu de connaissances de l’économie ; car, il dépasse aussi nos augures, nos économistes, nos politiques et même nos hommes d’affaires.
La dimension du Forex (1), l’encours des produits dérivés, dont le montant notionnel représente dix fois le PIB mondial, les liquidités disponibles dans le monde – les capitaux flottants – progressant de 15% annuellement, quatre à cinq fois plus vite que le PIB, désignent la faiblesse des dirigeants des démocraties incapables à barrer la route de la cupidité du capitalisme mondial.
Ce sera intéressant si un gouvernement sort du chapeau de Vande Lanotte de connaître la voie qu’il prendra pour les assainissements des finances publiques, qu’on nous annonce indispensables. Quelles seront les couches sociales touchées ?
Et pour quel avenir ?... dans une Europe saisie par la fièvre du « tout au pognon ».
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1. Le Forex est le surnom universellement donné au marché des changes sur lequel les devises sont échangées l’une contre l’autre, à des taux de change qui varient sans cesse. Ce mot est issu de la contraction des termes anglais Foreign Exchange.

Commentaires

Effectivement, Richard, ça sent de plus en plus le roussi. Le Grand Méchant Krach menace:).
Et pendant ce temps-là, l'orchestre du Titanic continue à jouer comme si de rien n'était...

Quelle triste vérité et quel avenir pour celles et ceux qui sont les citoyens pas seulement de Belgique, mais du monde entier. Bonne fin d'année quand même mon cher Duc.

Toujours en train de pleurnicher! Et pour les dames, l'inspiration tarit.

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