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La Tunisie, seule contre tous.

Les dictateurs ont encore de beaux jours devant eux.
L’un d’entre eux s’est vu contraint de fuir son pays. Ce n’est pas faute d’offres de service des « démocrates » pour qu’il y reste. Fort de cet enseignement, les autres dictateurs n’ont pas grand-chose à craindre de la diplomatie occidentale.
L’approbation de la politique de Ben Ali venait de l’ancien colonisateur ! Ben Ali a été chouchouté jusqu’au bout. La veille encore du « drame », Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères de la France, proposait ses bons offices afin de « calmer » les foules sans faire trop de tués.
La Belgique n’est pas en reste qui dorlote les dictateurs quand ils sont utiles au commerce. Elle ne vilipende que ceux qui n’ont rien à vendre et que l’ONU montre du doigt.
La droite prend de l’ascendant partout. Elle est aux petits soins pour les pays du Maghreb qui restent aux mains des dictateurs. Ils sont à la porte de l’Afrique et… de l’Europe. Et puis, les peuples sont versatiles…
Les marchés ont également choisi leur camp. L’agence de notation Moody’s a abaissé d’un cran la note de la Tunisie, dès la fuite de Ben Ali. La « démocratie » nouvelle va devoir payer plus cher sa ligne de crédit ! C’est comme ça qu’ils sont les financiers, de grands démocrates, jusqu’à un certain point. Ben Ali n’était pas gênant du tout. Il offrait des garanties…
Pour nos dirigeants, un Ben Ali était cent fois plus acceptable qu’une aventure du peuple souverain de laquelle tout peut sortir, y compris un régime d’ayatollahs.
Même l’horrible dictateur Kadhafi qui règne sur les malheureux Libyens, est on ne peut mieux avec l’Occident, depuis qu’il considère les Islamistes comme des ennemis potentiels.
Que ce soit Bouteflika en Algérie ou le despote sur le retour, Hosni Moubarak‎, en Egypte, sans compter le sultan du Maroc, tout régime autoritaire est bon du moment qu’il fait barrière à un Etat coranique… ou à une révolte populaire comme en Tunisie. Cela durera tant qu’il y aura une goutte de pétrole à siphonner sous le sable, une figue à couper d’un figuier et cent mille maghrébins qui débarquent en Europe chaque année, croyant y être mieux que dans les djébels.
Ce n’est pas que les bonnes âmes du Rond-point Schumann et d’ailleurs défendent la laïcité, ils s’en fichent bien. Ils mettent la laïcité sur un pied d’égalité avec les religions, alors que la laïcité n’est pas une religion mais un élément essentiel à toute organisation démocratique. Ils craignent que le fanatisme religieux échappe à leur contrôle, comme ils exècrent tout soulèvement populaire laïc.
La crainte de l’islamisme a été la rente de légitimation de Ben Ali.
C’est pourquoi nos pays se sont trouvé fort dépourvus face à des événements qu’ils auraient plutôt cru que le tyran réprimerait dans le sang et finalement maîtriserait.
Cela aurait été le cas, si Ben Ali n’avait été déposé par une révolution de palais.
Car ce n’est pas la rue qui a fait fuir le tyran, ce sont ses propres affidés qui l’ont déposé pour des raisons restées jusqu’à présent inconnues. Peut-être n’est-ce qu’une banale affaire d’intérêt qui procure ainsi une liberté inopinée aux Tunisiens ?
On sait la deuxième épouse et la belle famille d’Ali particulièrement voraces. Cela aurait pu disqualifier le despote vis-à-vis de sa clientèle habituelle, armée et police. Le seul fait connu est le refus du chef de l’armée de seconder la police pour mater les émeutes.
Ali s’en va, mais la page n’est pas tournée. Ce sont toujours les mêmes qui sont au pouvoir.
Ils comptent sur la lassitude du peuple pour « arranger les bidons ». Ils ont six mois devant eux avant les élections et une nouvelle Constitution.
Il ne faut pas que la rue les perde de vue. Ils doivent partir. Mais, l’attention faiblit. Ils n’étaient plus qu’un millier, hier au soir, devant les palais des chefs à réclamer leur départ. Surtout qu’ils ne comptent pas sur la France et les autres pays pour les aider. Ils ne pourront avoir confiance qu’en eux-mêmes, et ce n’est pas gagné !
Est-ce une aube nouvelle pour les pays du Maghreb ?
Quand on voit comment Bouteflika en Algérie filtre l’information en provenance de Tunis, le pouvoir est sur ses gardes. Partout, du reste, à commencer par le fanfaron Kadhafi qui a cru bon paraître en grand uniforme à sa télé pour assurer Ben Ali de son soutien, on graisse les fusils et on astique les bottes.

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Les Tunisiens ne peuvent compter que sur les Internautes et les réactions qu’ils affichent sur le NET. Enfin, voilà un moyen d’information hors de portée des tyrannies locales et de la chape de plomb de l’information « téléguidée » des médias européens travaillés par leurs actionnaires tous ou presque de droite.
Mais, pour combien de temps pourront-ils compter sur des internautes qui sont de cœur avec le peuple tunisien ? Dans les mois qui viennent, les Chinois devraient exporter leur savoir faire pour renforcer la censure au Maghreb, censure battue en brèche par le progrès et le goût que les peuples ont de la liberté.
Que les Tunisiens se méfient des démocraties occidentales. Elles ne veulent pas leur bonheur.

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