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Le capitaine Nemo

…c’est le héros de Jules Verne qu’il faudrait en remplacement de Vande Lanotte sur le point de jeter le gant.
Ça tombe bien, Nemo veut dire « personne » en latin. En effet, à la question « Qui pourrait résoudre la crise en Belgique ?», c'est encore Nemo dans sa version latine, qui nous convainc le plus.
Voilà ce qui ressort de ce nouveau dimanche studieux à guetter l’amorce d’une lueur d’espoir sur les visages, pas gênés du tout, de nos stars des deux télévisions nationales.
Avec l’écœurement qui monte, on n’a plus envie d’assister au sempiternel débat politique avec les mêmes. Mais, on reste quand même jusqu’au bout, tellement ce qui se passe dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer. Et cela fascine !
Je vais relire « Voyage à travers l’impossible » de Jules Verne, peut-être les citoyens y trouveront-ils quelque raison d’espérer. D’une façon ou d’une autre, nous sortirons tous un jour du labyrinthe avec ou sans nos élus.
L’idée de Reynders de donner des galons au gouvernement en affaires courantes, à seule fin de contrer les banques d’affaires qui pourraient augmenter leur taux d’intérêt, est un aveu en soi, s’il en était encore besoin, de l’absolue dépendance de l’Etat belge à la mondialisation de l’économie. Le fric valeur supérieure submerge, tel un tsunami, tous les rouages de notre société. Même Bart, le pur, vit sur le dos des taxés du royaume. Il y remplit sa gamelle comme tout le monde.
Au moins que Béatrice Delvaux publie enfin que nous avons perdu les caractères d’une société démocratique et que nous glissons vers le genre « république bananière ».
C’est aussi atterrant d’avoir en direct la confirmation de ce qui précède, que la poursuite des parlottes pour une réforme de l’Etat qui n’en finit plus.
On se doute bien que nos habitués de plateaux qui se noient et qui gesticulent dans l’espoir de se saisir d’un accord comme d’une bouée, vont bientôt couler à pic. Et à quoi s’accrochent-ils avec l’énergie du désespoir, ces futurs macchabées ? Le fait statistique que les indépendantistes au sein même de la N-VA sont toujours minoritaires !
A croire que ces universitaires ne connaissent rien à l’histoire du pays. N’est-ce pas une petite minorité qui a entraîné l’ensemble des citoyens pour arracher aux Hollandais l’indépendance de 1830 ?
Les indépendantistes flamands sont bien plus nombreux aujourd’hui que la poignée de mélomanes excités « accablant » les troupes de Guillaume 1er dans le parc de Bruxelles !
L’écolo Jean-Marc Nollet, Vice-président du Gouvernement wallon, a mille fois raison. Pourquoi s’acharner à trouver un accord avec la N-VA, quand ce parti a dans ses statuts l’indépendance de la Flandre ?

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Et quand bien même arriverait-on, à force de concessions du côté francophone, à obtenir enfin un nouveau gouvernement dans lequel Bart De Wever serait impliqué, qu’y gagnerait-on ? Nous aurions fait la démonstration de notre lâcheté pour trois fois rien, puisque ce ne serait qu’une étape de la N-VA vers l’autonomie de la Flandre ! De Wever n’a-t-il pas dit lui-même qu’il faudrait peut-être vingt ans pour arriver à cet objectif ? Un accord traitant enfin des différends communautaires n’engagerait la N-VA que sur une législature et qu’à la suivante, le même scénario serait à nouveau sur la table !
Nous nous serions déculottés pour rien !
Pourquoi poursuivre un dialogue avec la N-VA dans ces conditions ?
Le plan Reynders : mettre à plat le processus et repartir de la feuille blanche, est irréaliste. On a gambergé six mois pour trois pages de compromis. Ce serait une demie année de perdue, et pour quel résultat ? Le même qu’aujourd’hui… à moins que Reynders mange son chapeau et celui de Maingain, par-dessus le marché !
Avant de réfléchir sérieusement au plan B de Di Rupo, il ne reste que la solution préconisée par Antoinette Spaak, une coalition de tous les partis excluant la N-VA et le Vlaams Belang, du jeu. Pour cela, il faudrait que le CD&V cesse de courir derrière la N-VA.
Sinon, que les Flamands organisent chez eux un référendum afin de déterminer leur destin.
Qu’on en finisse des bouffonneries et des je t’aime, moi non plus.
Ils n’en veulent plus du schmilblick ? D’accord, qu’ils nous disent comment on va tronçonner le pays en deux, sans en venir aux mains, puisque négocier, pour eux, signifie « tout pour moi et rien pour les autres ».
Ah ! on les entend jurer la main sur le cœur, que c’est nous qui ne comprenons rien à l’appel du sol flamand, à la fibre nationaliste, évidemment, si pour eux Bruxelles est flamand, plus la peine de discuter.
Quant aux Wallons, un tel référendum serait inutile. La peur de partir seuls dans la vie les épouvante. C’est un peu aussi cette conviction répandue en Flandre qui nous fragilise dans les négociations.
Le temps est bien lointain d’André Renard, Jacques Yerna et quelques autres quand ils fondèrent le Mouvement Populaire Wallon, que les socialistes finirent par torpiller ! Alors, les flamingants étaient minoritaires. Les Flamands étaient attachés au roi, comme les moules aux bites des wharfs !
Les temps ont bien changé ! Ce sont les descendants des grévistes de 60-61 qui veulent conserver le roi, les institutions et les gaufres liégeoises de La Panne.
Allons, Messieurs de Wallonie, un peu de courage, un peu de dignité !... Ce n’est pas parce que les dirigeants n’ont rien dans la culotte, qu’il faut désespérer.

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