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Vive la Commune !

Ce lundi 28 mars, peu de personnes auront une pensée émue pour un anniversaire qui passera inaperçu du plus grand nombre.
Cent quarante années se sont écoulées depuis que s’est proclamée la Commune de Paris le 28 mars 1871.
Le plus grand scandale qui subsiste après tant d’années, c’est le silence des historiens. Quand ils ne répandent pas des craques dans tous les manuels d’histoire de France et aussi de Belgique.
La Commune tient souvent en quelques lignes dans les manuels. On y sent le mépris et la haine des censeurs penchés sur les tables où ils ont réécrit l’Histoire, falsifiés des documents et émis des jugements partiaux. Un personnel, par ailleurs cultivé des universités, a transmis ces textes de génération en génération !
Il est rare de rencontrer une telle unanimité dans la mauvaise foi et dans l’intention de tromper les écoliers des cours moyens, aux cours supérieurs.
Ces fripons n’ont pas narré l’Histoire de la chute du Second Empire, avec les côtés obscurs, les témoins contradictoires, les versions fantaisistes, les ambigüités avouées de l’honnête homme, ils l’ont réduite à un instrument de propagande.
Rarement, on a vu des intellectuels aller aussi loin dans le parti pris et l’affichage de leurs convictions politiques.

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Pourquoi ?
Les Communards étaient des Résistants dans une France qui n’avait pas l’envie de résister. Afin de ne pas montrer combien cette France avait peur, ceux qui avaient demandé un armistice à la déroute de Sedan, avec l’accord du parlement, ont fait condamner les braves au nom d’une majorité de lâches. La capitulation, la fuite de Napoléon III et la prise de pouvoir par Thiers, dans les premiers balbutiements de la 3me République sont mieux connus des écoliers.
Crime inexpiable, le peuple de Paris avait remplacé à la hâte les « élites » et les bourgeois capitulards et en fuite pour s’opposer à Bismarck, chef des coalisés de la Prusse.
C’était trop !
On n’avait jamais vu des gens modestes, des ouvriers surtout, quelques « artistes » et écrivains prendre un pouvoir qui était, par tradition et rang de fortune, imparti aux grands propriétaires, à ce qui restait de la noblesse et aux hauts fonctionnaires du second empire.
Cette tradition est encore d’actualité de nos jours dans les appréciations des discrets salons dans lesquels s’expriment les gens fortunés : « Le peuple n’est pas capable de s’administrer » !
De cette conviction absurde nous ne sommes pas encore sortis. On en est encore à nous narrer « l’exploit » d’un doué comme Di Rupo : s’il y a des élites issues du peuple, c’est l’exception qui confirme la règle ! Eux-mêmes en témoignent. Ils s’en sont « sortis » grâce à leur intelligence et leur capacité de travail. Le mot « sortis » est admirable à la fois de justesse et de mépris secret. Le peuple en lui-même, pour ces gens-là, dirait Brel, est inamendable profondément et à jamais incapable de se gouverner.
Revenons à 1871.
Alors, on vit cette chose inouïe, une armée française reconstituée à la hâte par Thiers, marcher sur Paris à la vue des Prussiens goguenards et ravis, afin de terminer « le travail » dans un bain de sang (1). A tel point, que l’on qualifia, les quelques jours de massacre, de Semaine sanglante (28 mai).
On croirait voir la France de 40 et le pétainisme de la collaboration, des Français tirant sur des Français devant l’ennemi !
Se vengeant d’avoir fui, d’avoir montré sa peur, l’élite sous la protection des canons allemands, et assurée d’une troupe venue de lointaines provinces et comme étrangère au drame qui se jouait, fusilla, déporta, condamna à de lourdes peines les résistants parisiens qui avaient osé la braver pendant soixante jours.
La confiscation du pouvoir par des intellectuels et la reproduction des élites en place par le jeu des urnes voleraient le pouvoir au peuple.
Combien d’ouvriers parisiens sont morts au Mur des Fédérés, dans les rues et sur les barricades ? Les chiffres oscillent. J’ai le nombre de 35.000 en tête. Les déportations et les condamnations à de lourdes peines traduisent aussi la frousse de leur vie à des juges revenus dans les bagages de l’armée.
Il fallut près de dix ans pour que cette peur fût vaincue et que l’élite retrouvât un peu de sang-froid et fît preuve de magnanimité en décrétant une amnistie pour que les survivants revinssent du bagne.
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1. On parlerait aujourd’hui de génocide !

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