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Destenay : la réapparition !

Le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer, n’est pas plus responsable de l’incohérence du programme des transports urbains qu’Edouard Close. Il faut remonter à Destenay pour retrouver celui qui a le plus contribué à l’incroyable situation d’aujourd’hui.
C’est de lui que tout part, avec la monstrueuse maquette de la ville future, exposée quelques temps à la Violette. On n’y voyait plus que des gratte-ciel avec des autoroutes à étages. On se serait cru à Liège, citoyen de Manhattan.
Cette maquette constitue à elle seule une preuve accablante de cette déshumanisation d’une ville au profit des bétonneurs. Elle doit finir sa carrière à la Violette au fond d’une cave, à moins que les libéraux, dont Destenay était le parrain dans tous les sens du terme, n’aient réussi à détruire ce document accablant.
C’était montrer une méconnaissance absolue d’un avenir qui est notre présent pitoyable !
De là viennent tous nos malheurs. Dont le premier fut la destruction de la place Saint Lambert. Les libéraux y furent poussés également par les socialistes dont les magasins du Phare, au bord de la faillite, furent ainsi expropriés au prix fort, permettant à la Société Coopérative de survivre quelques années à Droixhe, avant de jeter définitivement l’éponge.
Cette place possédait quelques vestiges architecturaux qui furent détruits. Le théâtre du gymnase, pur chef-d’œuvre, avec une caisse de résonnance à l’italienne toute en bois qui aurait eu simplement besoin de quelques modernisations, passa à la trappe. A côté, les anciennes écuries du palais avec des colonnes identiques à la cour intérieure, abritait l’imprimerie et des dépôts de fourniture de la COOP, cinq siècles de mémoire finirent dans les mains des démolisseurs, comme l’ancienne maison du peuple en contrebas, monument classé, sombra dans le trou infamant que les Liégeois eurent sous leurs yeux, pendant vingt ans sans qu’on se décidât à rien.
On mit des numéros sur des pierres. Le tout est en train de périr à ciel ouvert. Certains pilleurs se sont servis en pierres sculptées et frontons divers. C’est ce qu’on appelle à Liège, préserver le patrimoine !
Evidemment, Destenay l’Américain fit un sort au tramway, pour un métro semi-aérien, dans le cadre de sa vision maboule de la Cité, métro comme tout le reste, qui ne vit jamais le premier coup de pioche. Pour être juste, ce bourgmestre dont on vante encore les inoubliables mérites, n’est pas responsable de tout. Le ver à bois de la transformation avait déjà percé des cervelles avant lui. On enleva les voies qui couraient partout dans la ville. Les tramways furent remplacés un temps par les trolleybus (déjà bien avant Destenay), pour finir en « tout au diesel ». Cela nous mit dans la pollution des mastodontes peu maniables que l’on connaît. Finalement, on enterra le projet du métro Destenay, pour ne plus parler de rien pendant trente ans !

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Le parcours Coronmeuse-Sclessin est le plus ancien et le plus souvent concrétisé de tous les projets et contreprojets. C’est la voie royale qui suit le tracé de la voie d’eau. Si au lieu d’écouter le calamiteux libéral, on avait amélioré sans arrêt le tracé de 1920, on aurait en 2011 le tramway le plus moderne d’Europe. Mais, ce qui est capital, on aurait aussi modernisé la liaison des collines Citadelle et Chartreuse, peut-être par un ouvrage d’art du type de celui de Millau ou par un parcours souterrain (difficile et onéreux) de la Ville reliant Ans à Fléron.
Parce que toute la difficulté et les frais énormes que cela induit sont dans ce projet de liaison d’une colline à l’autre, essentiel pour l’expansion de la ville.
On ne dira jamais assez l’imbécillité de l’édile communal qui vit dans l’air du temps sans aucune prise sur un futur plus lointain, dont l’intérêt pour sa ville se borne à son mandat de 5 ans, éventuellement renouvelable, si aucune cabale de ses amis ne le jette à bas de son trône local.
Cette politique n’a jamais produit que des ectoplasmes à discernement réduit, sans aucune vue prémonitoire, suivant au jour le jour, la mode, le commerce, les affaires...
Destenay et les suivants n’ont jamais imaginé que le système libéral, qui prévoyait deux voitures par famille, allait capoter un jour et produirait plus de misère, qu’il ne produisit de richesse.
Nous revoilà aux rails après trente années de perdues.
La mégalopole, la disparition du piéton et l’autoroute sous les fenêtres des habitants, c’est bien fini.
On recommence petit. Un saut de puce baptisé en ces temps de restriction de « grande avancée dans le futur ».
C’est en mesurant tout ce qu’on a perdu en temps et en argent, qu’il faudra accueillir ce nouveau/vieux projet, en se gardant d’être trop enthousiaste vu les précédents.
Il n’y a aucune raison que la connerie de nos élus s’arrête brusquement. Quand je les entends invoquer la vitalité des « forces vives » liégeoises, j’ai envie de vomir. Parce qu’on les connaît, les forces vives, ramassis de vieux débris libéraux, affadis dans le bourgeoisisme maniéré et béat. Ils ont applaudi Destenay dans ses projets déments. Alors, méfiance !
Liège est une ville de pauvres dirigées par des parvenus qui n’ont qu’une idée en tête, celle d’effacer le passé qu’ils jugent « honteux » de leurs origines.
« L’élite » socialiste a remplacé « l’élite » libérale, mais rien n’a vraiment changé.
Attention à 2017 et aux nouvelles prétentions des maniaques pour une exposition universelle, qu’ils baptiseraient Charlemagne… évidemment, en souvenir de la gare des Guillemins qu’ils voulaient appeler de la sorte, et qu’une pétition des Liégeois pour qu’il n’en fût rien, arrêta net.

Commentaires

Il y a aussi la voie d'eau qui pourrait à peu de frais servir de voie rapide entre Seraing et Herstal avec quelques arrêts ciblés des navettes fluviales à hauteur de Fragnée, des Guillemins, de l'Evêché, de la Batte et de Coronmeuse déjà reliés par des ponts à l'autre rive (le tram étant plutôt dévolu aux arrêts plus nombreux, assez distants de la voie d'eau ou situés sur les axes transversaux inter-collines).

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