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L’honneur perdu de Chirac

La justice y a mis le temps qu’il fallait, mais après la condamnation de Jupé, les deux mois avec sursis d’un Debré et les 3, toujours avec sursis, du petit fils du général De Gaulle, il eût été parfaitement scandaleux que Chirac échappât à la condamnation de deux ans avec sursis auxquels il vient d'être condamné, pour les emplois fictifs de la mairie de Paris, lorsqu’il en était le maire.
Certains parmi ses partisans continuent à dire que l’ancien président a été victime d’un acharnement judiciaire.
C’est proprement falsifier l’histoire de ce procès, tant de fois remis et surtout oublié pendant les deux mandats de Jacques Chirac à l’Elysée, puis ensuite savamment empêché par des procéduriers experts en manœuvres dilatoires dont l’ancien chef de l’Etat s’était entouré.
On a dit aussi qu’il avait été « oublié » par l’amnistie générale sur le financement occulte des partis, à la suite de la loi 90-556 du 15 janvier 1990, réglant le problème du financement de façon claire et définitive.
C’est perdre de vue que les affaires pour lesquelles Jacques Chirac et quelques autres ont été poursuivis sont postérieures à la loi (1) ! Alors que le RPR dont Chirac était le président avait conduit les débats à la Chambre et voté pour.
Au cours des différentes procédures, reprises, remises et encore reprises, on avait quand même appris au procès Jupé, condamné la première fois à 10 ans d’inéligibilité, puis à un an, en appel, que les emplois fictifs avaient été une véritable machine de guerre de Jacques Chirac pour la conquête de la présidence de la République. C’était, en quelque sorte, avouer que Chirac avait été élu grâce à une tricherie, même si elle n’avait pas été en rapport direct avec les urnes et l’élection. On n’a évidemment jamais pu calculer ce que l’apport de ce personnel « bénévole » adjoint au RPR pour la bataille présidentielle, rétribué par la ville de Paris donc par les citoyens, avait pu capitaliser de voix supplémentaires pour faciliter l’élection. Mais, il est certain, que cela eut un effet positif et modifia quelque peu la donne.
A l’issue de cette condamnation, des questions demeurent.
La première, Chirac qui est dit-on fortement diminué, mais est-ce vrai ? Interjettera-t-il appel ?
Sinon, est-ce encore la place d’un homme condamné à deux ans de prison avec sursis, de siéger au Conseil constitutionnel ?
On dit qu’il n’y est plus présent depuis un certain temps, cependant, des privilèges sont attachés à ce poste et notamment un confortable dédommagement, avec quelques autres gracieusetés. Les perçoit-il toujours ?
La crise aidant, la France, pas plus que les autres pays d’Europe ne peut se permettre d’entretenir un ancien « monument » de la vie politique, au nom de ses 40 ans de vie publique.
Autre question plus chatouilleuse, quoique moins importante, un condamné sursitaire à la prison peut-il conserver ses décorations, dont la plus prestigieuse : le grand cordon de la légion d’honneur ?
On sait comme, dans certains milieux, on reste attaché à ces bêtises.

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Malgré tout, Chirac est encore assez populaire. Si la justice l’a rattrapé, les Français ne lui en veulent pas trop.
On pourrait même dire que son anosognosie feinte ou réelle et les moqueries des guignols de l’info sur canal+ n’ont pas altéré l’image d’un président « flattant le cul des vaches » au salon de l’agriculture, même si les dernières années de la présidence furent plutôt celles d’un homme laissant aller les choses, ayant conclu de ne pas prendre les problèmes de front, mais de les abandonner à la providence et aux événements.
Reste que les électeurs envoient parfois d’étranges personnages à l’Olympe des Etats. Conçus pour détester les faveurs et l’argent, les voilà à peine rodés, qu’ils abandonnent solidarité et justice, pour s’encanailler avec les riches !
Ils finissent par croire que tout leur est dû et s’étonnent que l’on pût les prendre la main dans le sac, tant ils sont persuadés que le geste est naturel et que le sac est à eux !
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1. Lettre de J. Chirac en 1993, pour une promotion d’une employée fictive !

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