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L’humilité triomphante.

L’accord final du gouvernement Di Rupo est disponible sur le Net. C’est un pavé de 185 pages qui met un point final aux 541 jours d’aigres discussions entre les partis.
C’est un ramassis de lieux communs, cent fois entendus et sans originalité d’aucune sorte. Le sommet est atteint par les accords sur BHV. Les idées reprises dans cette partie de l’accord avaient été avancées longtemps avant les négociations par les partis flamands. La farouche opposition des partis francophones avait freiné un accord immédiat au lendemain des élections de juin 2010. Les partis francophones allumaient même des contre-feux sous la forme de revendications sur l’élargissement de Bruxelles.
On oublie aujourd’hui que les partis francophones ont capitulé en rase campagne et que rien de ce qu’ils avaient réclamé comme compensation ne leur fut accordé !
Les négociateurs francophones sont donc passés de la défense farouche des droits inscrits dans la Loi jusqu’en 2010, allant jusqu’à lancer le bruit d’un plan B, c’est-à-dire une rupture avec la Flandre et l’Etat belge, à la désapprobation complète de ce qu’ils avaient proclamé comme intangible et sacré, se ralliant aux thèses flamandes, sans qu’aucune de leurs revendications initiales soient retenues, sinon quelques garanties, comme le vote de la périphérie bruxelloise, qui existaient déjà.
C’est donc un accord qui concrétise une défaite totale de la francophonie, une déroute des partis wallons, avec une absence totale de pudeur des négociateurs, qui arboraient un air triomphant, à la désignation du formateur.
Pour en arriver là, on aurait pu faire l’économie de 541 jours de palabres. Ainsi, la preuve est faite : le ridicule de la faute en incombe uniquement aux négociateurs francophones.
Les accords sur le budget et le social, essentiellement libéraux, furent plus rapides. Le courant européen sur la rigueur et le remboursement des dettes des 27 pays membres y a été pour quelque chose. Mais, c’est toute la gauche, représentée dans le gouvernement par le seul parti socialiste qui a abdiqué toute prétention et beaucoup plus rapidement que pour BHV, comme quoi les convictions sociales sont moins au centre des préoccupations des socialistes que les lois linguistiques.

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Le chapitre de l’accord consacré à l’égalité des chances est le sommet de l’hypocrisie. Extrayons-en quelques éléments « Le gouvernement entend lutter contre la pauvreté. Des mesures seront prises contre le surendettement. Une attention sera donnée aux inégalités en matière de soins de santé. L'objectif est chiffré: faire sortir près de 400.000 personnes de la pauvreté d'ici à 2020. » Le délire continue en évoquant l'égalité hommes-femmes par l’égalité salariale et patati et patata.
Cela va être difficile de sortir 400.000 personnes de la pauvreté, alors que le gouvernement Di Rupo va en faire entrer plus d’un million, avec un programme d’austérité qui va toucher essentiellement les plus pauvres.
Enfin, triomphe des thèses libérales : tour de vis du chômage. On y entrera plus difficilement et on en sortira plus vite. Bodson de la FGTB parle de 25.000 chômeurs exclus, dans la première charrette, dès avril 2012. Triste triomphe du libéralisme et clin d’œil aux extrémistes flamingants, Bart De Wever dira que c’est bien insuffisant. C’est de bonne guerre.
Une question, comment avec ses effectifs réduits, le FOREM va-t-il respecter ce nouveau cahier des charges ? On sait bien avec les mesures en vigueur et les suivis actuels, que cet organisme manquait déjà de personnel. Si pour relancer l’économie et l’emploi, on en est arrivé à multiplier les postes dans la traque des chômeurs, voilà qui ne grandit pas le premier ministre et ses supporters.
Bref, la crédibilité des socialistes à ce gouvernement de droite, avec un des leurs à la chefferie, est au départ fortement compromise.
Il est vrai qu’on n’en est plus à un paradoxe près, tant que le charme opère toujours sur l’électorat de gauche. La nouvelle direction du PS avec Giet, président intérimaire, n’a pas fini de chloroformer l’opinion.

Commentaires

Serait-il possible d'avoir le lien de l’accord final du gouvernement Di Rupo?

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