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Un vendredi noir.

« Drôle de jour pour une manif » titre Béatrice Devaux dans son éditorial de ce vendredi.
Il faut croire que le métier d’informer de madame Delvaux ne la fait jamais descendre dans la rue, qu’elle s’arrête à la porte des usines et qu’elle ne se complaît qu’entre gens de bonne compagnie qui voient venir la crise, mais bon !... Ils achètent les bons du trésor de l’Etat et ça s’arrête là.
Les responsables des centrales syndicales, eux, y sont descendus. Parce que c’est leur métier et qu’ils se doutent que l’inadéquation entre leur carte du PS ou du CDH et leur carte du syndicat pourrait coûter leur emploi.
C’est vrai aussi que le rassemblement de ce vendredi se soldera par un défilé, plus ou moins important, un piétinement de quelques heures dans les rues de la capitale, peut-être quelques échauffourées fomentées par des autonomes, et puis une dispersion lente et une bonne affaire des cafetiers. On n’y verra peu de chômeurs, peu de vrais pauvres et quelques rares pensionnés. Ceux qui ne se font plus aucune illusion sur le socialisme ne seront pas là.
Les gens établis ne comprendront pas que le monde du travail n’est pas fou de joie de voir un socialiste devenir premier ministre.
Rétablissons les choses dans leur contexte.
Voilà longtemps que le parti socialiste a perdu la confiance des travailleurs. Cela ne s’est pas fait en un jour, mais par une lente érosion depuis la fin des années septante, plus précisément.
Cela coïncide avec la fin des Trente glorieuses, la fin des Maisons du Peuple, de l’Union Coopérative et la professionnalisation des vocations politiques, mutuellistes et syndicales.
Le souverain mépris de ceux qui sont sortis « avocats » des universités pour ceux qui ne sont allés qu’à l’école de la vie est tellement visible qu’il s’est coulé dans les faits et dans la loi en partant des principes d’inégalité entre les hommes, ce souverain mépris a fait le reste.
C’est d’autant plus odieux que l’intelligence ne se mesure pas et qu’ainsi la société se prive de talents dont elle aurait bien besoin.
Le peuple ne serait pas doué de raison et devrait donc suivre des mentors déclarés aptes sans autre qualification que celle obtenue dans des parcours que l’on connaît et dont le seul mérite est de délier les langues, d’exprimer des raisonnements, tous plus ou moins de la même farine, se soldant par des catastrophes politiques et des impuissances de régler l’économie sur un programme l’assouvissement des besoins de tous les citoyens.
Dirigé par les plus « brillants » esprits, le peuple voit le résultat : une Belgique de palabres infinies sur des questions qui ne touchent pas à l’essentiel, à savoir : qu’apporte encore une journée de travail à l’intelligence de l’homme dans un monde où il n’est que le complément coûteux d’une machine, en attendant qu’une autre machine le remplace définitivement ?

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Il faut beaucoup de sans-gêne et de cynisme à la classe universitaire dirigeante (1) pour croire que l’on peut s’épanouir encore en pointant à Chertal, en besognant chez Makro ou en conduisant un bus. Et qu’ainsi plombé par une forme moderne d’esclavage, on ne pourrait crier l’injustice du sort, que par personne interposée, en accordant une confiance aveugle à un frais émoulu d’une pépinière particulière, nourri de gelée royale et de bons principes, doté de la science infuse du représentant de commerce et qui prendrait la défense des malheureux, sans avoir vécu une seule heure les mains dans le cambouis !
Et encore heureux que les professions citées procurent le pain quotidien à ceux qui n’ont que cette ressource pour vivre.
Parce qu’il y en à d’autres, sous eux, si je puis dire, déstructurés, traqués, salis qui vivent chichement et dont le destin est de dépendre d’un chômage, d’une pension, d’une indemnité de maladie.
Cela a toujours existé, me direz-vous.
Est-ce une raison pour ne pas ouvrir les yeux ? Et, puisque cette époque a fait des progrès si remarquables dit-on, il ne faudrait pas s’en préoccuper sous prétexte que la moitié de la population irait bientôt les rejoindre ?
De la brochette d’élus qui va entourer Elio Di Rupo, et Di Rupo lui-même, les gens, qui ont défilé ce vendredi à Bruxelles, n’attendent rien de bon.
Ils ont raison.
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1. Qu’on ne se méprenne pas. Je n’entends par là que ceux qui en sortent avec une profession dans le but unique de faire un métier en politique. Les économistes, les avocats et certains diplômes annexes sont essentiellement visés. Un médecin qui finit député n’a pas nécessairement choisi au départ de faire carrière dans l’indemnité parlementaire. Il y a des opportunités qui se prêtent à ces transferts, comme la connaissance des langues étrangères, par exemple. Les vocations à ce niveau se tariraient rapidement si les indemnités devenaient, du jour au lendemain, peu attractives, permettant ainsi une meilleure ventilation de la représentativité de la Nation.

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