« Hugo et le suffrage universel. | Accueil | Europe, ce cher souci ! »

Beaux costumes et flonflons.

Nos « schpounz », sur la cannebière du 21 juillet, ont montré, sapés et cravatés comme pour le grand prix d’Epsom, leur plus beau profil à l’admiration des foules par leur intermédiaire favori : la télévision.
Ces vaillances regroupées autour du roi, Flamands, Wallons, droite, gauche et centre, plutôt que donner l’impression d’une belle diversité représentative, offraient le spectacle d’un acoquinement généralisé, partis politiques, famille dynastique, état-major et anciens combattants, le tout valant son poids en médailles, sabres et élégance des dames, dans une fusion qui faisait douter qu’il y eût encore des partis et parmi eux, un socialiste.
Tout le monde à la fête de la java de la haute…
Ce qui rassurait jadis, le Belge, qu’il soit pékin ou militaire, n’a jamais marché au pas. Avant, il y avait toujours un troufion pris sur le fait d’une mauvaise cadence, d’un mauvais alignement. Cela rassurait sur la bonhomie des gens, sur l’honnêteté du cameraman et donnait une idée de l’ampleur du ridicule d’une marche annuelle à la dévotion d’une abstraction.
Aujourd’hui, on a vu, de ci, de là, quelques troufions légèrement en retard, surtout dans les bras tendus et le godillot hors de l’alignement ; mais, en beaucoup moins flagrant et mémorable qu’avant. Ce progrès dans la synchronisation est inquiétant. Cela signifie que le citoyen à l’image de son armée va finir par marcher au pas et qu’il faudra chercher ailleurs la subversion antisystème.
Justement, assez ironiquement, cette subversion est de passage en Caroline du Nord, qui accueille cet été la convention démocrate.
Qu’on soit pour ou contre Obama, qu’on ne jure que par Mit Rommey ou qu’on l’abomine, on sent bien que les USA vivent à un autre rythme que nos Vingt-et-un juillettistes, nos braves cœurs retrouvés dans le cadre du discours royal bien orthodoxe, bien commerçant et européen.
Contrairement à nos « braves » qui jurent tous qu’ils sont au centre, derrière le roi, dans son IKEA de pierre de la place Royale, les deux partis américains jurent qu’ils sont à droite. Obama, le démocrate, pour la droite modérée et Rommey pour le populisme, dépeint par Albert II comme une abomination, sans doute faisait-il allusion au populisme de Bart De Wever, et pas à celui de Mitt Rommey.
Toujours est-il que, toute proportion gardée, nous ne sommes pas si éloignés que cela des remous washingtoniens : centre droit, contre extrême droite.

1k1000a.jpg

L’aspiration du centre a été fatale à la prétention socialiste d’être une formation de gauche. Ce parti a réintégré les rangs des « modérés », CDH, MR et Ecolos afin de peser de leurs forces réunies sur la décision que prendra l’électorat flamand en octobre, en aidant le CD&V, Open VLD et Groen à battre la N-VA et le Vlaams Belang.
Ah ! voilà qu’ils s’aiment tous… ces gens qui se détestaient tant avant ! Il est vrai que l’enjeu vaut bien les envolées lyriques ! Ils nous referaient le coup de la Muette de Portici ! Vous voyez André Flahaut, 57 ans, à la soupe populaire ? Elio Le Bel au chômage ? Miss Onkelinx, gare du Nord, faire le trottoir, à son âge et les rhumatismes naissant ? Philippe Moureaux au ramadan dans sa belle famille ? Paul Magnette, faire la manche rue du Centre à Charleroi ?
Mirage du 21 juillet ?
Non, trouille verte de ne plus être demain aux tribunes de la montre et de la parade. Ces forains de la démocratie nous envoient des baisers sur les estrades et nous invitent à voir le spectacle à l’intérieur, sous les bâches ! Bien sûr, il n’y a rien que leurs dessous honteux. En attendant, chacun a payé sa place. Et c’est impossible de se faire rembourser, la caissière a fichu le camp !
C’est à peu près ce que la Convention démocrate cherche à faire pour les prochaines élections américaines, comme ces beaux messieurs du défilé pour sauver la Belgique.
Au décompte des voix, si en Amérique la gauche n’existe pas et qu’on assiste à un combat des droites, par contre, elle existait en Belgique, avant les grandes envolées et le patriotisme exacerbé par le populisme flamand.
Aurait-on imaginé il y a seulement quelques années, le parti socialiste ne profitant pas de son poids politique, pour s’allier à la droite libérale, afin de contrecarrer un mal qui ronge « l’âme » flamande ?... un élégant et filiforme président omniscient et omniprésent d’un PS rose pâle, « sauver » la Belgique, au lieu de ferrailler pour les travailleurs qu’il est censé défendre ?...
Il est vrai que voici déjà fort longtemps que le PS n’en rate aucune pour se distancer de la FGTB, alors que le syndicat n’est même pas dans la ligne de ses corporations.
C’est quand même étrange qu’un parti rallie la droite, se fond en elle pour acclamer un règne, et défendre la caissière d’un cirque !
A quand le titre de baron à Monsieur le Premier Ministre ?

Poster un commentaire