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De Solferino au boulevard de l’Empereur…

… on se croirait en plein Second Empire !

Après la conférence de presse de François Hollande à l’Élysée, l’équivoque n’est plus permise. La France et, par voie satellitaire, la Belgique - entraînées par le même courant réformiste - sont pour le néolibéralisme. Voilà qui clôt définitivement le débat sur un socialisme rejetant le système économique actuel et décrété obsolète avec le marxisme et ses dérivés. Nous sommes clairement devant des dirigeants se réclamant du leadership des travailleurs et des chômeurs, appeler à la réussite d’une forme de société rejetée jusqu’ici par la gauche politico-syndicale, même si le courant réformiste avait déjà accompli un fameux travail de sape depuis les Trente Glorieuses.
Mais, il n’échappe à personne que la seule interrogation qui compte dès à présent, tourne autour de cette alliance du capital et du travail. Est-elle valable pour le meilleur et pour le pire ? Sinon, quelles sont les limites que la mondialisation ne doit pas franchir, au risque que François Hollande et Elio Di Rupo retournent leurs vestes ?
Dans le premier cas, c’est-à-dire le pire, comment, si la conjoncture ne se redresse pas dès la fin de l’année et qu’au contraire, aux millions de chômeurs s’ajoutent d’autres millions de chômeurs en Europe, comment dis-je, Hollande et Rupo vendront-ils leurs salades afin d’entraîner l’adhésion des militants socialistes qui seront aussi leurs victimes ?
S’aligner derrière un système auquel on croit, c’est honnête d’en convenir ; mais dangereux de précipiter des fins de carrière, en défendant l’indéfendable, non seulement pour le Bangladesh (ce l’est déjà), mais encore – et ce serait une première – pour l’Europe elle-même.

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On voit bien les limites de la collaboration des socialistes impliqués dans le néolibéralisme.
Les citoyens de l’Europe qui sont encore pour le système et qui donnent leurs voix à des partisans de l’Europe libérale, malgré les vicissitudes et les baisses de pouvoir d’achat, espèrent retrouver l’opulence relative passée. Ils ne croient pas plus que ça au libéralisme et à l’Europe. Seul le résultat les intéresse. Gare, si le capitalisme continue à foirer demain !
On sait l’incroyable souplesse des politiciens. Nul doute que Hollande et Rupo, parfaits équilibristes, tenteront un redressement en se défaussant sur des subalternes, aptes à prendre des coups à leur place. Et peut-être réussiront-ils en cas de désastre du néolibéralisme à se retrouver dans le bon camp. Mais si la tempête est trop grosse et les déceptions trop grandes, ils risquent fort de tomber sous les coups de la fureur populaire et de disparaître dans l’indifférence générale, ce qui est pour eux, la pire des déchéances.
Dans le second cas, les limites à ne pas franchir, ils n’en disent rien, et pour cause. Ils ne vont pas mettre la puce à l’oreille à Mélenchon et aux 25 % de Français qui croient encore en Hollande ; quant à la courte majorité wallonne qui imagine au plus haut l’intelligence politique de Rupo, en son épais sourdent parfois des jaillissements de lucidité ! Il serait stupide de la part du Montois d’en alimenter la source !
Pourtant, l’un et l’autre, devraient, sans se concerter nécessairement, fixer des limites à la régression sociale continue de l’Europe, victime de la foi dans le néolibéralisme mondialisé. C’est une question de crédibilité.
A la conférence de presse, Hollande n’a pas dit un mot sur la ligne rouge à ne pas franchir. Evidemment Rupo, suivant l’ancienne habitude de la ligne rouge à ne pas franchir et qui du point de vue linguistique est franchie depuis trente ans par les Flamands, pourrait bien nous enfumer dans une nouvelle Vita Nuova à l’italienne, chemin aussi obscur que celui de Dante, dans lequel notre grand homme profiterait de l’obscurité, si la social-démocratie sentait le roussi, pour filer à San Valentino où il aurait quelques biens.
Reste que ces deux phénomènes sortis de la gauche pour faire une politique calquée sur la droite ne sont pas les premiers à courir le risque de tout perdre, en voulant tout gagner.
Ils se sont mis dans une attitude de défense du système capitaliste qui leur va mal. C’est une position incommode qui pourrait se révéler une lourde faute. Ce qui, dès à présent, les met à découvert sur un terrain où ils doivent s’attendre à être canardés par les mécontents, ce qui fait déjà un beau paquet d’électeurs.
D’autres, avant eux, se sont pris les pieds dans le tapis. Quand on est laquais chez les riches, c’est ce qui arrive parfois.
C’est en chiffrant les dégâts de leur politique dans le futur, qu’on s’apercevra, plus tard, et sans doute, trop tard, de leur nuisance.

Commentaires

Bravo mon cher ami !

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