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Le Krach ultime !

Ce qui sauve Di Rupo et tous les autres chefs d’État, c’est uniquement le manque de persévérance des peuples qui passent d’un souci à l’autre sans vraiment vider l’abcès du premier.
C’est par la nature indolente et peureuse de ses citoyens que survit la démocratie.
Ce n’est pas que l’on pardonne aux hommes d’État, comme aux banquiers de servir si mal les gens, la mollesse et le fatalisme déterminent de tout et font de l’honnête homme un parfait complice des crimes et des délits. On n’oublie rien, mais on n’a pas la force de caractère de se souvenir.
Parfois, malgré l’aveuglement et la lâcheté générale (1), les faits sont plus têtus que la nature humaine et viennent déranger la sieste collective devant des évidences.
S’il y a bien une foi sans cesse défaillante, mais jamais remise en question, c’est bien celle de l’économie capitaliste. Mise en cause par des événements prévisibles, cette foi va une fois de plus être sérieusement ébranlée.
Ceux qui la critiquent savent à leurs dépens qu’ils sont pris pour des fous, au mieux pris pour des inconscients. C’est le nouveau crédo d’une foi qui ne tolère aucune remise en question.
Même ceux qui en sont les victimes la vénèrent un peu comme les croyants jadis convaincus de sorcellerie et qui mouraient sur le bûcher en implorant Dieu de sa miséricorde.
C’est ainsi qu’une nouvelle fort inquiétante est passée complètement inaperçue la semaine dernière, sinon, considérée comme une anecdote par le mouvement libéral de foi absolue dans l’intemporalité du système.
La Réserve fédérale (Fed - Federal Reserve System) des États-Unis devait annoncer le début du repli de sa politique monétaire ultra accommodante. Au lieu des 85 milliards de dollars déboursés chaque mois pour fluidifier l’économie, les experts attendaient une réduction à 75 voire 70 milliards de la planche à billets fédérales, la fin d'une politique mise en place pour la crise, et donc la fin de la crise.
Ben Bernanke, le patron de la Fed, en faisant la gueule de circonstance est arrivé avec un dossier de mauvaises nouvelles devant un parterre de journalistes US. La Réserve fédérale américaine (on pourrait presque dire l’imprimerie fédérale de la monnaie) a en effet annoncé mercredi qu'elle maintenait son soutien exceptionnel à la reprise en attendant "plus de preuves d'une amélioration soutenue avant d'ajuster le rythme de ses achats". Du coup, le bilan vertigineux de la banque centrale va continuer de grimper jusqu’à des sommets qu’on n’imaginait pas en 2008 pouvoir atteindre, sans un krach de l’économie mondiale.
Pourtant en 2006, Pierre Larrouturou expliquait que la crise majeure arrivait. Aujourd’hui, il estime qu’un nouveau tsunami est à nos portes.

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En tant qu’économiste, Pierre Larrouturou n’a qu’un objectif, “éviter le krach ultime”.
Un seul chiffre suffit à la démonstration : “Les Etats-Unis ont mis 380 milliards de dettes publiques supplémentaires pour accoucher d’un petit 60 milliards de PIB en plus.”
La Fed va donc continuer d'acheter chaque mois pour 85 milliards de dollars de bons du trésor et de titres hypothécaires jugeant qu'un resserrement actuel des conditions financières "s'il continuait, pourrait ralentir le rythme de la reprise de l'économie et du marché du travail".
Pire, Ben Bernanke a ajouté avoir abaissé sa prévision de croissance pour 2013 et 2014 tout en améliorant légèrement ses prévisions de chômage. Le produit intérieur brut du pays (PIB) devrait progresser de 2,0% à 2,3% en 2013, soit 0,3 point de moins que prévu en juin, et de 2,9% à 3,1% en 2014 (-0,1 à -0,4 point par rapport à juin).
Que l’on comprenne bien, pour faire simple, la Fed échange les mauvaises affaires du business américain à concurrence de 85 milliards de dollars par mois, en papiers frais !
Vous me direz, à ce compte-là l’économie américaine va ruiner l’économie mondiale comme Law a ruiné les épargnants de France sous l’Ancien Régime en achetant de l’or avec du papier (2) !
Exactement, sauf que l’or est aujourd’hui de la richesse en main-d’œuvre, biens manufacturées, matière première, etc.
Les Etats-Unis d’Amérique sont en train de vivre à crédit sans engager des biens propres en contrepartie et garantie qu’ils n’ont pas !
Pas de panique, cette annonce de Bernanke au lieu de plomber les bourses a cravaché le Dow Jones. Les agences boursières y voient tout simplement la rallonge d’un système où il fait bon vivre en se moquant de ce qui va arriver demain.
La Réserve fédérale bientôt transformée en un gigantesque Lehman Brothers ? On n’y va plus en marchant. On y va en courant !...
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1. Les tout premiers responsables sont évidemment les « mauvais bergers », les intellectuels socialisant mais libéraux jusqu’au fond des tripes, les journalistes propagateurs d’idées fausses et les économistes dont les situations dépendent des banques qui les nourrissent.
2. Fin 2012, la dette de l'État fédéral américain atteignait 16.199 milliards de dollars.

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