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Christine, Mathilde et les autres.

Le chômage en Belgique n'a jamais été un sujet aussi brûlant d’actualité : + de 9 % de la population active ! Et ce n’est pas tout : on peut s'attendre à de nouvelles hausses en 2015 !
Devant ce fiasco économique, pas une seule critique du système lui-même.
C’est étonnant tout de même. C’est comme si on nous faisait savoir que l’économie comme elle va de par le monde est excellente et que nous ne sommes pas bons et incapables de nous réformer ! De victimes, nous voilà auteurs du mal, au point qu’on nous reproche notre maladresse dans une mauvaise adaptation qui est l’aveu de notre échec !
Non seulement, pas une seule critique du système lui-même, mais presque aucun commentaire sur la pauvreté ambiante que le chômage massif génère, rien ou très peu sur les cinquante mille chômeurs exclus en janvier 2015 !
On se doute bien que nos gazetiers et les économistes consultés s’entendent comme larrons en foire, mais tout de même, quel mépris pour le peuple !
Il y a plus d’articles consacrés à l’état de santé du prince Laurent que des débats sur l’improbable système qui nous agressent. Ce n’est pas un, mais des milliers de gens qui ont besoin de soins intensifs et qui ne trouvent pas la clinique et les urgentistes indispensables à leur survie. Pendant qu’on sort le VIP du coma, on a l’impression que c’est nous qui y entrons !
Il faut évidemment à côté des nouvelles de l’illustre malade, un sujet plus politique.
On n’irait pas jusqu’à parler des robes des dames de la cour qui défilent à la visite du prince, mais c’est tout juste ! « Voici la reine Mathilde toujours impeccable, habillée par Edouard Vermeulen, ensemble fuchsia, s’inquiétant des nouvelles de son beau-frère, enlevant un gant de cuir beige des pausseries de Millau, pour signer le livre d’or de la clinique. »

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On a trouvé la diversion :
Un projet de loi propose le choix du nom de famille !
Voilà le beau sujet à traiter, bien bénin et incolore dans lequel tout le monde s’implique.
Personne n’est d’accord sur la formule. Bien entendu. Nous avons droit à toutes les variantes, toutes les controverses, toutes les expertises. Les partis s’affrontent en une joute amicale. Enfin, les voilà bien à l’aise, refusant la langue de bois, y allant de bon cœur ! Qui dit que la démocratie n’est pas un champ clos où toutes les thèses s’affrontent ?
La majorité est plus divisée qu’à la Chambre sur le projet de la ministre de la Justice Annemie Turtelboom. A la Chambre, le CD&V avait voté contre et le cdH s’était abstenu. Au Sénat, une majorité du groupe MR y est opposé alors qu’il y était favorable à la Chambre, à quelque exception près.
Suite la semaine prochaine, tout est suspendu, le match n’est pas fini. On reprend son souffle.
Pendant ce temps de nouveaux chiffres du chômage tombent. Ils ne sont pas bons. Tout le monde s’en fiche. N’est-ce pas merveilleux ?
Quand je dis tout le monde, je parle de la tranche des gens qui s’en tamponnent parce qu’ils ne seront jamais chômeurs, des ténors de la politique, les financiers et la haute administration, ainsi que quelques rentiers dont il vaut mieux ne pas citer les noms tant ils donnent de l’urticaire au reste de la population.
Cerise sur le gâteau, la cheffe bobo du groupe MR au Sénat, Christine Defraigne, copie d’une Nathalie Kosciusko-Morizet d’Estrémadure, nous assure solennellement que parmi les siens, une majorité d’élus ont fait entendre leurs «sensibilités» d’ordre juridique mais également éthique vis-à-vis d’un texte «pas bien ficelé».
Ah ! c’est dur tout de même d’entendre ça. Ah ! pardon, il ne s’agit pas du chômage. Où avais-je la tête ? Mais du choix du nom de famille… c’est tout différent et drôlement plus important…
Avec toute la vigueur et la fermeté des propos de notre carmensita, on sent que nous sommes dirigés de façon consciente et intelligente par de hautes compétences.
Depuis qu’on meurt sur les trottoirs, que la tuberculose revient dans les ménages pauvres, qu’il serait temps de faire cantine gratuite pour les enfants mal nourris en âge de scolarité, on n’avait plus entendu autant de vifs propos de la part d’une sénatrice.

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