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Requiem dans un désert.

Il n’est pas vrai que l’humanité soit entrée tout d’une pièce dans la quinzième année du troisième millénaire formidablement en confiance pour l’avenir… le millénaire de l’abondance, de la vieillesse heureuse après trois cents ans de jeunesse.
L’incertitude est toujours aussi forte sur les capacités d’intelligence. On ne connaît pas grand-chose des possibilités du cerveau humain.
Tout ce que nous pouvons faire, c’est copier certaines règles qui conduisent à des hiérarchies que consacrent des diplômes et des comptes en banque, tout en sachant pertinemment que l’absolue vérité n’existe pas et ce que nous acceptons comme étant nos déterminants peuvent être des pièges et des erreurs de classement dans lesquels nous tombons facilement.
Ce que nous croyons du travail et de la vie dans une société structurée peuvent très bien n’être plus de saison demain, étant entendu que des valeurs comme la démocratie que nous croyons absolues ne le sont pas, ne serait-ce que par les modifications sur ce thème depuis plus de deux cents ans qu’on y réfléchit. Il n’y a pas de valeurs constantes. Il n’y a que des faits.
Ceux-ci par leur poids transforment sensiblement les concepts.
C’est ainsi que nous n’avons pas les mêmes certitudes dans la finalité de la mondialisation économique selon que la terre supportera cinq milliards ou dix milliards d’humains, d’ici la moitié du siècle, de même nous n’avions pas à régler il y a à peine cent ans, ce problème qui n’existait pas.
Pour nous convaincre de l’incommensurable, quelques chiffres donnent le tournis au pays le plus riche de la planète.
Un quart des Américains ignore que la Terre tourne autour du soleil et plus de la moitié ne savent pas que l'homme est un cousin du singe.
Avant Galilée très peu de personnes supposaient que la terre était ronde. Ils étaient convaincus qu'elle était le centre de l’univers. Avant Kepler et Newton, rares étaient les scientifiques qui pressentaient la loi universelle de l’attraction-gravitation, sans pouvoir en énoncer les principes.
Par une propension exagérée à l’optimisme et à la confiance dans le système des marchés, 90 % des Américains pensent que les bienfaits de la science dépassent tout danger potentiel, que la terre est inépuisable et que les comptes en banque se gonflent du travail des déposants.
Confier son propre destin à ceux que l’on croit en capacité de diriger le monde au sommet des gratte-ciel, est l’erreur des peuples.

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De la tribu primitive qui a ses sorciers, aux démocraties de pointe qui ont les leurs, s’en remettre aux hiérarchies a rarement produit autre chose que des catastrophes.
Les scientifiques, avant de travailler pour le bien de l’humanité, travaillent avant tout pour satisfaire leur curiosité et leur prospérité, dans les domaines de la science qu’ils explorent, et les banques qu’ils fréquentent.
On ne peut pas dire que les applications des découvertes comme celles de l’atome ou des insecticides soient des bienfaits constants, c’est-à-dire qui procurent un avantage immédiat sans engendrer des graves interrogations pour l’avenir.
Il y a dans notre prolifération en milliards d’individus, une menace tout aussi sérieuse, sinon pire. On peut en estimer les ravages qui nous attendent en observant deux fourmilières rivales occupant un territoire qui se réduit forcément au prorata de la croissance des deux communautés.
Tôt ou tard, cela se soldera par un conflit dans lequel une des deux, parfois les deux fourmilières, seront anéanties.
Si même nous parvenions à l’unique fourmilière, notre seule existence serait à la base de la disparition de tout règne animal concurrent. Le système économique fondé sur la conquête des marchés et la destruction de la concurrence sont calqués sur ce type de croissance qui conduit à la destruction de tout ce qui nous entoure.
L’homme sage ne peut le rester qu’en petite collectivité. Il est impossible qu’il le reste dans des agglomérations qui compteront bientôt des centaines de millions d’individus.
Son embryon de sagesse n’y résisterait pas.

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