« Le PS en casting. | Accueil | Charly la main-chaude. »

Junker, tax haven and C° !

Une pièce de théâtre dont on sait à l’avance le dénouement, telle aura été l’élection européenne de Jean-Claude Junker, au fauteuil de Manuel Barroso.
On ne comprend pas l’agitation de Verhofstadt pour le poste. Son ouverture à Bart De Wever était bien inutile. Il s’est ridiculisé pour rien.
Pourtant, contrairement à ce qu’on croit, Angela Merkel a fait tout pour que son image ne soit pas ternie par son insistance à donner l’emploi à Junker. Elle a été jusqu’à suggérer à François Hollande d’adouber Christine Lagarde à la présidence de la Commission, ce que Flanby a refusé. Merkel ne voulait pas fâcher les Anglais. David Cameron était au bord de la crise nerveuse.
Pourtant, que l’Angleterre quitte l’Union Européenne est la seule bonne chose qui ressort de cette nomination. Ce pays est trop pro-américain pour être un allié sincère. Il s’en va, il ne pourrira plus l’Europe de l’intérieur. Sa nuisance s’exerçant en externe sera moins néfaste à ce grand corps malade et en incapacité qu’est l’U.E. et le continent. Reste que l’Angleterre ne se prononcera qu’en 2017, sauf imprévu, ce qui laisse raisonnablement le temps à David Cameron de changer d’avis.
Junker, l’homme du paradis fiscal qu’est le Luxembourg, le champion du secret bancaire, va donc diriger la Commission européenne. Il est bon que Barroso parte à la retraite, quand on voit les espérances que l’Europe suscitait à son arrivée et ce qu’il en restera à son départ. Avec Barroso, l’Europe a perdu sa crédibilité et ruiné les espoirs que l’on mettait en elle. Deux mandats, il y en avait un de trop pour Barroso, pour notre malheur. Mais Junker, on croit rêver, lui ressemble tellement !

1junker.jpg

Le nouveau coach part avec l’handicap d’un passé d’homme de droite, attaché aux recettes du capitalisme version « années heureuses ». Il ne sait pas qu’elles ne reviendront jamais plus. Pendant dix-huit ans, il fut le chef du gouvernement luxembourgeois qui a aspiré les bas de laine des non-résidents allemands, belges et français. Il est à la base de la réussite d’un pays qui affiche encore aujourd’hui une éclatante santé économique, un chômage quasiment nul et une large vision conservatrice du monde, avec 140 banques qui y sont installées pour des actifs de 2.500 milliards d’euros, correspondant à 50 fois le produit intérieur brut du Luxembourg (45 milliards d’euros en 2013).
Jean-Claude Juncker a fait barrage à un début d’harmonisation fiscale et lutta jusqu’au bout contre la levée du secret bancaire. Avec lui, le Luxembourg fut, au côté de la Grande-Bretagne, un des plus farouches adversaires de la directive européenne sur l’imposition des revenus de l’épargne, qui fut adoptée en 2003 après de très longues négociations, pour une application en 2005.
Alors, pourquoi cette répulsion de David Cameron, pur produit de la City, pour Junker, pur produit des banques ?
Ce qui fait peur aux Britanniques, c’est l’engagement de Junker dans la construction européenne, et le rôle beaucoup moins passif de Barroso, qu’il compte jouer à la tête de la Commission.
C’est une question vitale pour les Britanniques que la plateforme de la City soit la plus puissante avec Wall Street du monde occidental.
En réalité, Junker, c’est l’homme de Franfort et des banques européennes continentales.
On se heurte ici à la théorie de l’Association de Libre Échange américano-anglais opposé à l’intégration des États membres.
Ces guerres financières entre les places de l’argent passent loin au-dessus des citoyens qui attendent autre chose qu’une lutte d’influence à but politico-économique hégémonique.
Le libéralisme économique dogmatique de la Commission Barroso a continué de creuser le fossé qui le sépare des citoyens, s’efforçant de maintenir l’équilibre des finances concurrentes. C’est un acteur moins neutre qui prend la suite.
Tout ça n’arrange pas l’Europe sociale qui n’existe pas. À se demander pourquoi on a voté ? L’euroscepticisme progresse, on attendra pour les idées nouvelles. En octobre, on remplacera également Van Rompuy. Il y a fort à parier que c’est Jean-Marc Hérault qui prendra la succession. Là encore, les négociations en coulisse auront prévalu.
C’est ahurissant. Plus on avance, moins les citoyens sont concernés. La démocratie n’est plus qu’une affaire entre spécialistes. L’histoire et l’activité humaine n’ont plus de sens. C’est le triomphe des clercs.

Commentaires

Cher RICHARD III,
Et pour la Belgique fédérale, êtes-vous pour un gouvernement " kamikaze " ?.
Un chroniqueur - dévoué comme vous - qui s'affaire beaucoup de autour de commentaires politiques doit pouvoir se mouiller clairement dans ses opinions politiques.
Le rouge doit avoir vos préférences.

J'aime qu'on batte des records. On est sportif ou on ne l'est pas. Si après le foot et le tour de France, on n'a rien, ils pourraient tenter de faire plus de 541 jours sans gouvernement. C'est intéressant pour Di Rupo et les autres. Ils touchent comme ministre en exercice et en réalité, ils foutent plus rien, qu'une représentation de temps en temps. Le pays est calme. Les affaires marchent bien et du point de vue sportif, il y a l'exploit à portée.

Poster un commentaire