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Gaza et Jean-François Kahn

L’affaire de Gaza emporte les passions. La colère n’arrange pas les choses… et comme il n’y a pas l’ombre d’un pourparler possible, la haine, encore un ton au-dessus de la colère, éloigne davantage l’espoir d’un cesser le feu.
On connaît Jean-François Kahn pour ses efforts d’écrire « juste », sa bonne volonté en toute chose et sa passion pour la paix. Je tiens à écrire ici que j’aime beaucoup sa façon de faire du journalisme. C’est un exemple que devraient suivre nos éditorialistes.
Ceci dit, il a écrit un texte généreux, comme à son habitude, dans Marianne (n° 901). Je ne suis pas d’accord sur tout.
Séparer les belligérants en faisant diplomatiquement partager les fautes et préparer si possible une paix en renvoyant les parties dos à dos, ce n’est pas acceptable.
Cela ne serait possible que si les belligérants étaient de force égale, et s’épuiseraient en une guerre longue sans issue.
Or, les forces sont très inégales. Tsahal est l’armée la plus puissante du Proche-Orient et même au-delà. Israël détient l’arme atomique. Ses commandements ont à leur disposition une haute technologie en grande partie américaine, mais pas seulement, puisque disposant des brevets, Israël en a déposé d’autres, au point qu’elle s’est constituée un bouclier anti-missile que seuls les USA sont capables de mettre en pratique sur leur propre territoire, ils y ont renoncé en fonction du coût. Enfin, Israël est un des premiers avionneurs de l’aviation sans pilote. Les clones de Tsahal sont parmi les meilleurs au monde. Quoiqu’endetté, Israël ne manque pas de fonds, ses partisans et ses amis sont parmi les plus grosses fortunes mondiales.
Côté Gaza, nous avons des partisans armés en grande partie d’armes légères, disséminés, il est vrai parmi la population, mais le moyen de faire autrement à Gaza dont l’espace complet est quasiment occupé, au point que ce n’est plus qu’une ville d’un seul tenant ! Reste les fusées à portée limitée, qui n’auraient fait en Israël qu’un mort (même si c’est un mort de trop) lézardé quelques façades et détruit des pots de fleurs, avant la réplique Israélienne.
Gaza est d’une pauvreté terrible et vit à l’aide de subsides européens, subit un blocus et ne peut même pas pêcher en mer. Elle n’a pas de zone territoriale de pêche. Israël contrôle tout. Est-ce une vie pour plus d’un millions de personnes ? Quel est l’avenir de ses enfants ?
L’arme principale du Hamas ? Une arme moyenâgeuse : les tunnels ! comme il y eut des sapes pendant 14-18 et comme on en creusait dans les sièges de châteaux-forts.
Menace, certes, pour la quiétude des riverains de la grande muraille, mais incomparablement moindre que ce que fait l’État d’Israël en ce moment.
Ajoutez à cela qu’Israël a toujours une armée d’occupation partout sur le drôle de morceau de terre réservé aux Palestiniens en-dehors de Gaza, ce qui permet d’agrandir l’État sur ce qui reste des Territoires, par le biais des colonies.

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Est-ce cela que JF Kahn appellerait deux entités équilibrées pour négocier d’égal à égal comme toute négociation devrait se faire ? Ne s’agirait-il pas plutôt de négocier pour l’un le couteau sur la gorge et l’autre tenant le couteau ?
Dans ces conditions, toute négociation autre qu’une reddition inconditionnelle, n’est pas possible.
JF Kahn devrait, au contraire, se demander pourquoi l’opinion internationale n’est pas plus concernée par le drame de Gaza, alors que depuis tantôt trente ans toutes les résolutions des Nations Unies qui condamnent l’activisme d’Israël en Cisjordanie et ailleurs restent des chiffons de papier pour les gouvernements successifs de cet État. Quand ce n’est pas le scandale des vetos américains au Conseil de sécurité.
Alors, il ne reste plus qu’une solution que détesterait JF Kahn : prendre résolument fait et cause pour les Palestiniens et agir pour que cesse le plus vite possible l’occupation et l’arrogance d’un État qui s’oppose aux volontés clairement exprimées des peuples, à l’exception des quelques inconditionnels que tout le monde connaît.
On peut se moquer de la résolution que l’État bolivien a prise en mettant Israël sur sa liste d’Etats terroristes, pour protester des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza.
Mais ce choix est proprement le seul qui reste aux États conscients que les déclarations pacifiques ne suffisent plus à calmer les esprits surchauffés à Tel-Aviv qui poussent Netanyahou à souffler sur les braises des bombes que ses hommes de main envoient parfois sur des écoles, déclarant comme Poutine : « ce n’est pas moi, c’est l’autre ».
La Bolivie a rompu ses relations diplomatiques avec Israël en 2009 après une précédente opération meurtrière à Gaza, tout comme d’autres pays de la gauche radicale latino-américaine, dont le Venezuela ou Cuba.
La gauche dans des pays comme la Belgique est étouffée par les partis socialistes libéraux, dont les attaches pour les USA, la diaspora juive militante de droite et le sentiment de culpabilité à l’égard des Juifs persécutés par les nazis, paralysent tous les efforts pour aider ceux qui souffrent, à partir du moment où celui qui fait souffrir est l’État hébreu.
Scandaleux !

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