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Intellectuellement malhonnête.

Le Grand Oral La Première/Le soir, invitait ce samedi le ministre d’État Philippe Maystadt.
Celui-ci, quoique sorti du box office, a toujours ses petites entrées dans les médias. Un ministre d’État est quelqu’un qui a pesé et qui est encore d’un certain poids dans l’opinion « fréquentable ». Vous et moi, ne sommes rien et le serons jusqu’au trépas. Ce n’est pas que nous n’existions pas, mais nous sommes transparents. Notre influence est très limitée, donc pour un politique et sa mise en écrin par les journalistes, nous ne comptons pas.
Ceci pour dire que Philippe Maystadt fut élu par nous tous, pour faire une politique qui aurait dû convenir au plus grand nombre et qui a conduit au désastre actuel ! Il n’est pas responsable de tout, personne ne l’est, mais il y a contribué largement, d’où la reconnaissance des journaux qui prennent le moindre de ses avis en haute considération, puisque la presse est incapable de voir où l’on en est et où nous allons.
Sa petite pierre, que nous avons dans les reins et qui nous fait souffrir, émeut toujours dans les hauts lieux de la finance, par son « bon sens » officiel et qui est d’un non-sens permanent, pour nous, ses victimes.
C’est donc dans un endroit bien clos, avec un micro hypersensible et un journaliste complaisant que Maystadt a diffusé sur les ondes son message, applaudi par avance.
Entre beaucoup de parti pris et de contrevérités qui font penser que l’homme nous prend pour des imbéciles en économie, alors qu’il s’adresse parfois à des gens qui ont autant de compétences que lui, je ne reprendrai que la question de l’index sur laquelle il n’a pas tout à fait tort. Le peu de place dont dispose cette chronique et la crainte de casser les pieds de la plupart des lecteurs, me font abandonner à d’autres la « compétitivité des entreprises » et tout le blabla habituel de quelqu’un qui n’a rien à dire qui ne soit largement entendu partout, pour ne m’en prendre qu’à sa conception de l’index.
Pourquoi les syndicats sont-ils attachés à l’index ? Mais, c’est la seule manière d’octroyer sous forme de rattrapage à l’inflation rampante, une « augmentation » des salaires. Qu’elle soit mal fagotée, j’en conviens.
Le petit effet de boule de neige que le ministre d’État découvre « Quand vous donnez 2 pourcents à quelqu’un qui gagne 1.000 euros par mois, vous lui donnez en tout et pour tout 20 euros de plus. Si vous gagnez 10.000 euros vous avez 200 euros. Autrement dit, l’écart grandit. », etc. Cet argument est connu débattu et dénoncé depuis une cinquantaine d’années dans les syndicats. Évidemment, quand on est l’abonné des revues sur les banques et la finance, on n’a jamais lu le « Journal des syndicats », le « Monde du travail », le bulletin de la FAR, ni même des revues éphémères comme « Réalisme » édité par l’AAG, Liège (syndicat du Livre) dans les années 70-80. Cela est insignifiant pour lui. Pourtant, cette « insignifiance » avait prévu le drame actuel et le comique grotesque des « grands avis éclairés » des gens comme Maystadt. Il n’est pas besoin d’aller chercher loin. Les feuilles syndicales archivées par des chercheurs abondent sur cette question précise de l’index.

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Personne n’en a jamais tenu compte pour la raison citée plus haut « vous et moi ne sommes rien et le serons jusqu’au trépas ». Pourquoi sont-elles ignorées ? Mais parce que justement, elles dénonçaient ce que Maystadt fait semblant de découvrir !... et ensuite, elles préconisaient une solution révolutionnaire qui n’est d’aucune manière la chipoterie imbécile de celui que les médias révèrent, comme la somme la plus concentrée d’intelligence en matière économique. Comment surmonter cette difficulté d’organiser plus justement le rapport des salaires à l’index ?
En effet, il s’agissait pour beaucoup de gens de gauche, de globaliser le coût d’une indexation et d’en partager les bénéfices proportionnellement aux bas salaires. En gros, le moins bien loti aurait perçu jusqu’à 3 %, voire 3 % et demi, alors que les salaires les plus élevés se contentaient de 0,5 à 0,1 %.
On voit tout de suite pourquoi les milieux intellectuels de cette société enchristée dans le bourgeoisisme le plus absolu n’ont jamais abordé le coût d’une réforme de l’index, en intégrant cette possibilité.
On sait pourquoi le PS ne l’était pas non plus (les chefs déjà ralliés au libéralisme en 1970 !)
Ce qui est scandaleux, c’est le travail du faire-valoir de service qui a ciré les pompes de l’Auguste. Je ne lui en veux pas trop, élevé au biberon de l’école de journalisme de l’ULB, sans doute a-t-il été façonné à l’image de ces cons superbes qui en composent le prestigieux aréopage.
Mais tout de même, oser parler de l’index et s’approprier d’une partie des solutions proposées par les syndicats est d’une rare malhonnêteté. Quant au journaliste qui a laissé blablater l’Éminent sans rien dire, il a fait preuve d’une inculture, je dois le dire, malheureusement assez fréquente parmi cette profession, qui ne l’honore pas.

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