« C’est combien, docteur ? | Accueil | Trop plein juridique. »

Milquet Mouse

Diderot, Lavoisier, Buffon, d’Alembert meurent en 2015 une seconde fois. Milquet Mouse les a tués…
À l’heure où il est question de supprimer le bac en France, Milquet Mouse procède à des examens pour tous, du primaire à la rhétorique, en passant par le cycle moyen.
Non seulement c’est un stress inutile dont n’ont pas besoin les étudiants d’aujourd’hui confrontés aux réalités sociales de plus en plus envahissantes, mais encore ces examens n’ont aucune signification du point de vue de la stricte intelligence des élèves, pénalisent les plus timides et intravertis, mais encore ont des résultats qui banalisent la médiocrité (on passe à la moitié des points) et empêchent des esprits brillants de poursuivre leurs études dans une seule catégorie (souvent le Français-Histoire ou Math-Sciences).
Si bien qu’un nouveau Mozart, un Flaubert à venir ou un Einstein du futur peuvent très bien se retrouver en apprentissage ou chômeur à dix-huit ans. Grâce à madame Milquet et au système actuel, la société aura perdu les bénéfices qu’elle aurait pu attendre de ces jeunes doués qui finiront par perdre jusqu’aux rudiments de ce qu’ils savaient si bien faire à l’école.
À l’exception de l’élitisme insupportable qui condamnait les trois quarts de la population à l’ignorance sous l’Ancien Régime, les études étaient autrement conçues par les maîtres d’alors.
On décelait ce qui avait de l’attrait pour l’étudiant et on l’orientait vers cette discipline, en ignorant superbement celles qui n’avaient qu’un lointain rapport ou même pas du tout avec l’objectif. Quand on touche à l’excellence dans une seule voie, il ne faut pas croire que l’on sera toujours ignorant des autres. Une intelligence se développe plus aisément dans la discipline qu’elle préfère. Et puisque rien n’oblige l’étudiant l’approche d’autres domaines, par l’usage d’une curiosité naturelle et par l’accroissement de son niveau de perception, il y aura un moment où il s’intéressera à ce qui le rebutait au début de sa scolarité.
L’avantage de ce système est de consacrer beaucoup de temps à la discipline choisie donc d’en maîtriser l’essentiel beaucoup plus rapidement.
Ainsi, l’étudiant sera mieux armé pour entrer à l’université. Cela signifie aussi qu’au niveau supérieur, il n’y aura pratiquement pas de redoublement.
Je suis accablé dans mes rapports avec des universitaires de la médiocrité générale, une méconnaissance crasse de ce qui doit se savoir au fur et à mesure de la montée de l’étudiant dans les années, jusqu’à la qualification finale.
À force d’être moyen en tout, il y a une abdication complète d’aller plus loin qu’il ne le faut. Ce n’est pas la discipline que l’on veut exercer par plaisir qui compte, c’est le salaire qu’on obtiendra en l’exerçant. L’enseignement actuel est aussi un fiasco de la curiosité et de l’esprit critique. La manière de donner les matières selon les directives y est pour beaucoup.
La préférence des faiseurs de programme pour les sciences exactes prend tout son sens, puisqu’il s’agit de remplir les cases vides dans nos industries. On n’a besoin que de jeunes gens à la seule capacité de produire et non de réfléchir.

2bage.jpg

Cette école a pour mission de pourvoir l’entreprise d’hommes-machines, de dirigeants disciplinés dans la politique d’entreprise, bref, l’esprit encyclopédique ce n’est plus son rayon.
L’enseignement confine au désastre. Des enseignants dégoûtés, mal payés, mal utilisés, en pleine crise de questionnement sur leur devenir n’en peuvent plus. Si en plus on leur demande de faire des courbettes devant les parents les plus vindicatifs à qui le chef d’établissement donne raison 9 fois sur 10, en raison des quotas, on aura compris que le métier est déserté en masse et que, demain, on aura toutes les peines du monde à recruter du personnel.
Des réformes sont nécessaires. Elles ne se feront pas.
Milquet Mouse finira par être emportée à son tour dans la tempête qui menace.
Tout le monde aura oublié que l’école, c’est aussi le reflet de la société. On tourne en rond. La société deviendra ce que la jeunesse au sortir des études en fera.
Les enjeux sont énormes. On voit où sont les intérêts, les sélections depuis les critères du fric et de l’économie, la volonté de certains pour que la masse reste dans la stupidité qui conduit à l’obéissance, les partis de pouvoir qui sont d’accord avec une majorité de citoyens qui frise la débilité mentale, l’obsession des chefs de rester des chefs… Comment voulez-vous que nos enfants s’en sortent ?

Poster un commentaire