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Un système parfait.

Tellement parfait qu’oser une critique semble déjà une atteinte à son orthodoxie !
S’il faut en croire les économistes, les gouvernements et les oppositions, il n’y a pas d’autre alternative que la mondialisation du marché et la libre concurrence des hommes et des biens. Dit ainsi, cela peut paraître très bien, progressif en diable et promettant un monde merveilleux de résultats. Depuis dix ans qu’on s’y essaie, cela se saurait. Il y a quelque chose d’intrinsèquement pourri dans ce système depuis le début : le pouvoir par l’argent, au lieu de la capacité et l’altruisme.
L’ambition et la créativité se limitent à cette seule dominante. L’Europe fut créée sur ce consensus et il n’y a pas moyen de s’y soustraire, nous disent nos universitaires démocrates.
Des économistes comme Élie Cohen se chargent de nous expliquer que puisque nul ne peut échapper à ce destin, nous n’avons rien de mieux à faire que nous adapter et devenir les meilleurs.
Des partis alternativement au pouvoir, seul le parti socialiste résistait à cet enfermement d’un seul concept, afin de ne pas mécontenter sa base obstinément accrochée à l’État providence, opposant le système social en cours à une économie de concurrence en devenir.
Aujourd’hui, bas les masques, ce parti est passé de la social-démocratie au social-libéralisme. On pense qu’à sa prochaine participation au pouvoir fédéral, il sera libéral tout court, comme le MR, au même titre que les autres partis politiques, au nom du réalisme.
Les partis qui ne sont pas preneurs de ce consensus sont marginalisés, des partis de droite, aux petits partis d’extrême gauche obsédés de leurs particularités, comme Lutte Ouvrière en France.
Si c’est une vision réaliste de brosser le tableau d’une Europe sous ces auspices, c’est, par contre, pure hypothèse de penser que les populations enfermées dans ce système vont finir par s’y plier.
Et c’est là que les économistes et les politiques se fourrent le doigt dans l’œil.
Les systèmes à une seule issue, dans lesquels il est impossible de se soustraire au sens de la flèche sont des systèmes clos. On ne canalise pas l’espoir. On le laisse divaguer jusqu’à ce qu’il trouve une autre sortie pour s’échapper. Ce système dit de la liberté d’entreprendre et de circuler est en réalité celui de ne pouvoir aller nulle part et de bosser en silence, quand vous avez la chance d’avoir un job.

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C’est un système processionnaire du genre des chenilles du même nom.
Les politiciens, aussi bien formés soient-ils dans les écoles adaptées aux fusions intercontinentales, ne sont que des laxistes voués à l’obéissance des grandes décisions de la finance, au-dessus des peuples. Ils ne nous gouvernent qu’en qualité d’intermédiaires de Big Brother.
Élie Cohen se trompe quand il croit que les gens sont sans mémoire et qu’ils vont suivre leurs dirigeants, ces derniers aux ordres du diktat mondialiste.
On aura beau dire les temps changent. Il va falloir s’y plier, dit-on. Convaincre quelqu’un de ne plus pouvoir vendre son travail au prix d’il y a vingt ans, alors que les moyens en sa possession ont développé par dix sa productivité, est impossible. Il y a dans cette logique quelque chose qui échappe à l’entendement.
D’esprit brillant, dialecticien hors-pair, Élie Cohen croit pouvoir y arriver. Il se plie aux événements d’une manière pragmatique. Mieux, il les anticipe et se conduit en conséquence, ce qui lui permet d’exister. Il en va autrement des masses qui n’ont pas sa natoriété et qui ont le sentiment qu’elles ne comptent pour rien.
Le refrain d’Élie Cohen, c’est celui que Charles Michel nous chante tous les jours sur tous les tons.
Les bases populaires ne suivent un système, qu’en mesurant les progrès qu’elles en tirent. Malgré cela, elles sont déjà en état de méfiance. Que dire quand elles y perdent plus qu’elles ne gagnent !
Le rejet du « réalisme » politico-économique gagne du terrain.
Jusqu’à présent, il ne se voit que sous un jour malheureux. C’est celui du FN en France et des N-VA et Vlaams Belang en Belgique. La pointe de l’iceberg est un rassembleur qui effraie par son nationalisme. Mais, outre les soupçons de démagogie aux fins fascisantes, ce racisme omniprésent insupportable même quand il est non-dit, sous des dehors de fanfarons de village, qu’est-ce qui touche les adhérents de ces partis : c’est le discours de transgression des institutions européennes, ces institutions qui livrent les populations à la merci de l’économie mondiale. Même si ce que l’extrême droite propose est une autre utopie, le seul fait qu’elle soit différente de l’officielle l’a fait aimer par contraste par un paquet d’électeurs.
C’est très aléatoire d’obliger les gens à vivre d’une manière qu’ils n’aiment pas. Les dirigeants devraient le savoir. S’ils avaient fréquentés assidument les populations qu’ils sont censés défendre, ils le sauraient.
Faire une politique du résultat, sans résultat, c’est ce que les électeurs ne veulent plus.

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