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L’être est, le non-être n’est pas.

Béatrice Delvaux dans son éditorial de ce lundi parle d’or. À 56 ans, elle a par expérience personnelle appris au Journal Le Soir comme on peut passer de la rédaction en chef à celle d’éditorialiste, en fonction des contingences et aussi de l’âge.
Qu’est-ce qu’ils en ont à foutre dans les étages supérieurs de l’expérience qu’on acquiert avec le poids des ans, quand c’est ce dernier qui fait pencher la balance du mauvais côté ? À part ceux qui font main-basse sur les valeurs serrées dans le coffre maison sans craindre les flics, que valent les autres ?
Rien.
Même Bacquelaine, complotant avec son Premier de reculer l’âge de la retraite, est sans illusion sur l’emploi des « vieux » de cinquante ans.
Qu’est-ce qui tracassent les propriétaires ? Mais les différences de salaire entre un début de carrière et une apothéose finale. Plus aucune boîte fait de la philanthropie de nos jours. On est lourdé pour une différence d’un euro sur la fiche de paie d’un petit nouveau. Le paternalisme qui était déjà un mode de gestion humiliant est dépassé. Aujourd’hui, dans les bureaux, pas que la femme de ménage qui passe la serpillère, le patron essore à grande eau aussi. L’employé qui quitte sa boîte à l’âge de la retraite et qui a connu le vieux patron « aux scouts », n’existe plus. C’est un non-être !
Et pourquoi ?
Mais parce que les tâches sont presque toutes prémâchées par les robots, les logiciels d’ordi et les programmes tout faits. Si bien que l’expérience et le savoir comptent dorénavant pour du beurre. Ça tombe bien, les patrons ne sont plus sentimentaux.
Notez, il y a bien longtemps que tout le monde le savait.
La plupart des tâches aujourd’hui sont réglementées par des diplômes qui tiennent lieu de tout y compris d’intelligence, mais mis à part certains métiers d’artisanat, de l’horlogerie à la chirurgie, n’importe qui avec un bagage minimum peut très bien satisfaire à des critères professionnels de production, y compris des tâches comme professeur d’université ! La hiérarchie sert à limiter les places donc à payer un peu plus certains par rapport à d’autres et à culpabiliser ceux qui n’ont pas le passeport requis pour poser le cul dans des fauteuils réservés.
Autrement dit, l’élite est la plus belle invention qui ait été trouvée pour faire croire que chacun est naturellement à sa place.

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L’emploi dans les administrations publiques ou privées à portée du premier chômeur venu, c’est toute une hiérarchie laborieusement établie qui dégringole au niveau du trottoir.
La dernière barrière qui sépare un SDF d’un haut personnage de l’État s’effondrerait immédiatement si cette culpabilité de l’homme de la rue n’était pas habilement entretenue par ceux qui n’ont pas intérêt à affronter de nouveaux concurrents.
À part la communication précautionneuse de Charles Michel et de ses pareils qui lorsqu’ils s’expriment font davantage attention à la façon de dire que développer le sujet qui intéresse les gens, qu’est-ce qui différencie nos grandioses d’un bon camelot qui vend des casseroles sur la Batte le dimanche matin ?
Rien.
Mais cela nous le savons vous et moi, tandis que l’immense majorité des autres est persuadée du contraire.
C’est comme cela que perdure des situations et les Nations, et que des liens artificiels lient les Belges entre eux.
Notre démocratie ne subsiste que sur un seul critère : celui de la notoriété. La capacité est superflue, exemple Marcourt qui en manque singulièrement et qui est, dit-on, malgré cela adulé des foules, mais beaucoup moins des métallurgistes.
Le vieux travailleur n’atteint jamais à la notoriété. Il est comme le chômeur, il doit s’imprégner de la conviction qu’il n’est qu’une merde et que son sort est mérité.
Que tout le Royaume bascule un jour dans une autre vérité et, du jour au lendemain, de l’éditorialiste de 56 ans au pauvre type qui n’arrive pas à se placer à 25 ou 26 ans, tout le monde relève la tête et réclame autre chose que le mépris des proxénètes de cette société.
Mais ça, ce n’est pas pour demain.
Voulez-vous que je vous dise ? Ce qui manque le plus au peuple, c’est la fierté de n’être rien.

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