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L'EURO FOOT

L’action se passe la nuit dans la chambre à coucher des époux Plasse-Debout. La pièce est plongée dans le noir. Loulou Debout sommeille on devine son corps sous les couvertures du lit.
Antoine Plasse, supporter du Standard, vuvuzela en bandoulière, écharpe aux couleurs du club, teeshirt sur lequel on peut lire « champion 2014 », sous un training de joggueur largement ouvert, ouvre avec précaution la porte de la chambre conjugale et avance à l’aveuglette, les mains en avant dans le noir. Il trébuche sur une chaise sur laquelle Loulou a déposé ses vêtements. Il s’agrippe au dossier et déséquilibré s’assied lourdement sur la vuvuzela qui produit un bruit qu’on pourrait assimiler à une digestion difficile. Plasse se lève, fait quelques pas et se prend les pieds dans la carpette. Il plonge vers l’avant. Cette fois le son de la vuvuzela est plus fort. Loulou Debout sursaute et surgit de sous une avalanche de couvertures et de coussins. Elle s’assied dans le mitan, du lit, tâtonne du côté de l’interrupteur et éclaire la chambre, en même temps qu’elle ferme les yeux, éblouie par la lumière soudaine. Antoine Plasse tient le panneau du pied du lit comme on s’agrippe à une bouée de sauvetage.

LD – Quoi !... Qu’est-ce que c’est ?
AP – Ce n’est que moi chérie… fais dodo !...
LD (Elle ouvre les yeux et contemple avec de plus en plus de fureur, Antoine qui tient à peine debout) – Mon Dieu ! si tu te voyais. D’où sors-tu ?...
AP – Rendors-toi, j’allais chercher un verre d’eau.
LD – Tu te fous de moi ? C’est à cette heure que tu rentres ?
AP – Mais non, voyons, je suis rentré depuis longtemps. Je ne me sens pas bien.
LD – Si tu t’étais couché avec l’attirail que tu as autour du cou, je m’en serais aperçue, non ? Cesse de me prendre pour une idiote. Un match à quatorze heures qui se termine la nuit ! C’est la prolongation du supporter… au comptoir !
AP – C’est bien simple, je vais t’expliquer…
LD – …Il te faut une trompette pour aller boire à la cuisine ?
AP – Je n’en reviens pas de ce qui m’arrive ! Je te dois des explications…
LD – Je le devine… dis toujours.
AP – A quoi bon, tu ne me croirais pas…
LD – Elle est bonne celle-là. Tu n’as pas d’explication, parce que tu n’en as pas ! Je vais en donner une à ta place. Tu sors de la taverne des Sports fin saoul !... Et tu en sors parce que le patron a fermé, autrement tu y serais encore.
AP – …faut que je me déshabille. Je tombe de fatigue…
LD – Trop facile. Tu auras le temps d’inventer une excuse…
AP – Pas du tout. La preuve, retiens Hauptbahnhof, Dortmund et Kromacher. Tu verras si je prépare une excuse.
(Antoine lâche le lit, veut enlever son pantalon debout et n’y arrive pas. Il tombe assis sur la chaise. Il se débarrasse non sans peine de la vuvuzela qui en tombant par terre produit un dernier soupir).
LD – C’est tout ce que tu as trouvé ? Des mots pour l’embrouille !...
AP – Non. Je te dis Haupt chose… bahnhof, Dortmund et Schumacher, enfin, lui c’est l’automobile… Kromacher.
LD – Tu me prends pour qui ? Il n’est pas marqué bécasse (Elle fait un signe sur son front)… T’as vu ça à la télé. On dit trois mots à l’invité et il doit les employer dans les cinq minutes… Si je te disais ivrogne, menteur et tapage nocturne, ce serait plus simple à utiliser. (Antoine Plasse commence à se déshabiller) Qu’est-ce que tu fais ?
AP – J’enlève mes vêtements, tiens ! (Il pose ses derniers attributs de supporter sur une chaise). Je suis recru de…
LD – Et moi ? Tu ne crois pas que j’ai plus que toi le droit de dormir ?
AP – D’accord, tout le monde a droit au sommeil (Une boîte de bière tombe de la poche du training) et moi aussi.
LD – Le vacarme est insupportable à la fin ! Tu réveilles tout l’immeuble et tu m’empêches de dormir. (La vuvuzela émet seule un long soupir)
AP – Pardon !... c’est l’air qui reste. (Il veut entrer dans le lit)
LD – Tu ne crois pas que tu vas dormir ici ? Tu empestes le tabac, la bière et tes gadgets puent la pisse de chat ! A ta dernière sortie, tu avais déchiré un training tout neuf de chez Aldi, t’as vu celui-ci, c’est pareil ! T’as l’air de sortir de Lantin… (Elle le repousse du pied)
AP – J’ai trop sommeil pour discuter. Je vais m’étendre quelque part au salon… (Il lui tourne le dos. Elle le retient par l’élastique du caleçon. Il tire de son côté. Le tissu s’allonge. Elle le lâche. Dans un grand claquement, Antoine s’étale. Il se tient à la chaise pour se mettre debout). Ah ! dormir… mon abonnement du Standard contre un lit !...
LD – Mais non ! C’est trop facile de ficher le camp dans le salon. Surtout que dans cinq minutes tu ronfles. Et c’est moi qui ne pourrai plus fermer l’œil. (par la porte du salon restée ouverte, on entend le carillon de la cheminée qui sonne trois coups). Il est trois heures dix du matin…
AP – Comment trois heures dix ?
LD – La pendule de ta mère retarde de dix minutes. Trois heures dix et saoul comme un cochon… Trois heures dix ! Trois heures dix !
AP – A force de répéter, il sera bientôt trois heures vingt !
LD – Tu gardes l’ironie pour toi !... saoul comme un cochon…
AP – C’est les circonstances… J’ai dû boire pour tenir le coup !... C’est tard et tôt à la fois, trois heures dix. Je choisis tôt, le sommeil du matin est meilleur… Tu ne veux tout de même pas que je dorme debout ! (Il s’assied au pied du lit et sa tête dodeline.)
LD – Non, tu ne dormiras pas ! Est-ce que je dors, moi ?… Tu sonnes de la trompette quinze heures après le match, comme si vous aviez gagné ! Tu ne prétends quand même pas qu’il t’a fallu plus de treize heures pour aller de Sclessin à Herstal ?
AP – Justement. Je ne viens pas de Sclessin…
LD – Enfin tu avoues ! Je redoute le pire. Et on peut savoir d’où tu viens ?
AP – Ça tient toujours les trois mots, Hauptbahnhof – tiens, je l’ai dit d’une traite celui-là – Dortmund et Kromacher ?... comme tu me vois, je débarque du dernier train d’Allemagne !... plus exactement je viens de Königswell strasse, à Dortmund. Avec Dortmund, ça m’en fait un… (Il fait tinter un vase sur la commode). Dortmund, Düsseldorf, Köln, Bruxelles, Liège, si tu veux tout savoir. Je suis claqué, suite demain…
LD – Tu avoues, canaille, pendant que je te croyais au Standard, qu’est-ce que tu fichais à Dortmund ? Attends laisse moi deviner… on a passé un reportage sur les « Madame » à Dortmund…
AP – Tu n’y es pas… une fois de plus.
LD – Tu n’as pas vu le match, alors ?
AP – Mais si je l’ai vu. Le Standard a été battu cinq zéro ! Ce n’est pas la peine de le répéter. Ça reste dans la mémoire d’un supporter, un score pareil !
LD – Facile. On a vu la pile à la télé !
AP– Comment je saurais que c’est Robert Lewandowski, qui a marqué quatre des cinq buts du Borussia ?
LD – …toujours à la télé. Tu as pu acheter une gazette…
AP – En Allemagne ? Je ne parle pas un mot d’allemand…
LD – Peut-être que ta fraulein n’était pas en Allemagne, qu’elle était du quartier ? Tu ne reviens pas plutôt du bas de Seraing, que des Guillemins ? Voilà, j’ai trouvé, t’as été chez les putes…
AP – Loulou. Je vais tomber raide endormi sur la carpette… Tu veux bien un peu la fermer pour que je t’explique…
LD – Je suis curieuse d’entendre ça !
AP – C’est à cause de Lewandowski, le buteur de Borussia. On était soufflé. Quatre buts d’anthologie, surtout le troisième du talon à la retourne…Hertzwall prolonge, le ballon arrive par dessus, Robert se positionne. Et il reprend en aile de pigeon. Nous autres, sportifs, on s’est levé. On n’avait jamais vu ça à Sclessin !
LD – Ah ! bon. Alors, t’as reconduit l’équipe allemande en Allemagne, parce qu’ils ont fait une aile de pigeon ?
AP – C’est à peu près ça ! On s’est mis à applaudir l’artiste. Les supporters allemands ont apprécié et on s’est retrouvé tous ensemble en face, au Café des Sports…
LD – Tu m’avais juré de ne plus y mettre les pieds !
AP – Leur groupe s’est mélangé à notre groupe. Malgré la langue, nous sommes devenus amis. Je suis monté dans le car pour dire adieu à mes nouveaux copains. J’ai eu comme un coup de chaud. Le chauffeur a compté, il avait son compte. C’est après que j’ai su que j’avais remplacé un des leurs, sans le savoir. Je me suis réveillé devant la Haupbahnhof… (le carillon sonne le quart) Voilà le deuxième mot…
LD – C’est quoi ça ?
AP – La gare de Dortmund, pardi. Les supporters sont tous partis. On les attendait avec des voitures. Je ne savais même pas qu’on était devant une gare. C’est là que j’ai eu du bol. Un camionneur d’un gros camion Kromacher (Il s’arrête. Attend un coup de carillon qui ne vient pas et reprend) livrait ses eaux « Eine Perle der Natuur ». C’était un flamand qui se débrouillait en français, émigré en Allemagne. On s’est tout de suite bien entendu entre compatrtiotes. Ça arrive ! C’est lui qui m’a pris un billet TGV et me voici… (Il s’arrête, regarde Loulou qui réfléchit.) Je peux dormir maintenant ?
LD – Tu me prends pour qui ? Tu ne crois pas que je vais croire un seul mot des craques pareilles ?
AP – Que tu me croies ou ne me croies pas, c’est ainsi et je dors… (Il s’est déshabillé et veut entrer dans le lit. Loulou le retient du pied.)
LD – Dis, le malin, combien tu as dépensé ? Ne viens pas me dire que les trois cent quatre-vingts euros que tu avais sur toi sont partis en boissons avec les « Madame » de Dortmund ?
AP – C’est charmant ! Tu fais les poches maintenant ! Tu fouilles mon portefeuille !
LD – Tu as tout dépensé dans les cafés à filles de Liège ou pire de Seraing et tu me fais croire que tu reviens de Dortmund !
AP – Que vas-tu chercher là ?
LD – Tu sais quel jour on est aujourd’hui ?
AP – Oui, le 14.
LD – Non, tu ne sais pas.
AP – Quoi, je ne sais pas ! On est bien le 14, oui, ou merde !
LD – Oui, on est le 14 !
AP – Et alors ? Puisque je te dis qu’on est le 14 et que tu dis pareil, qu’on est le 14 !
LD – Et c’est quoi pour toi le 14 ?
AP – Comment c’est quoi ? C’est un jour de février comme les autres, pire même, puisque je pars au travail dans trois heures ! Tu te rends compte dans trois heures. Alors, pitié. (Il la repousse et entre au lit. Il veut dormir et elle le secoue).
LD – C’est tout ce que tu trouves à dire sur le 14 ?
AP – C’est pas suffisant ? Je ne suis pas assez fourbu ? Il faut encore que tu la ramènes !
LD – Ah ! je savais bien que tu allais l’oublier.
AP – Mais, nom de Dieu, j’en ai ma claque que tu parles par énigme. Explique-toi à la fin, je ne vais pas pouvoir me lever ; tu sais bien que c’est moi qui fais l’ouverture.
LD – Si tu sais pas me dire ce que c’est pour toi le 14, c’est pas moi qui vais te le dire.
AP – Mais alors !... alors, si c’est pas toi qui vas me le dire, quel est le bougre d’enfoiré qui va me le dire ? Qu’est-ce que tu m’asticotes avec ton 14. J’en ai rien à foutre que ce soit le 14 ou le 13, ou même tiens, le 15…
LD – Tu parles ! Si le 13 tombait le vendredi, tu courrais faire ton Loto !
AP – Et alors ? J’ai plus le droit de faire un Loto le 13 ?
LD – Et le 15, t’as la réunion des supporters chez Léon. Tu n’oublies jamais le 15 de tous les mois de l’année.
AP – C’est malin, tout le monde le sait, même toi que la magie du sport branche pas, que le 15 c’est réunion. Mais le 14, j’ai rien ! Je saurais quand même, si j’avais quelque chose… j’ai rien le 14 ! Tu vois bien que j’en ai rien à foutre du 14…
LD – T’es con ou quoi ? Tu gueules au lieu de réfléchir ! On se croirait au café quand vous refaites le match…
AP – Nom de dieu, c’est le seul jour où j’ai rien… je le sais quand même…
LD – C’est pas croyable un con pareil, qu’a rien à propos du 14 !... et qui revient d’Allemagne en plus, comme si on était en 45, pour me dire ça !...
AP – Bougre de nom de dieu, tu fais bougrement chier… J’ai remarqué, depuis que tu fais les sudokus de ton magazine à la con, t’es plus pareille. T’as le bocal agité…
LD – Tu trouves ça con le sudoku ?
AP – Oui, c’est con. Je le vois bien. Mes tartines de la journée, t’en beurres une sur deux... Tu penses plus qu’à croiser…
LD – Eh bien ! puisque c’est ainsi… que tu sais pas le fin mot du 14, tu les feras toi-même, tes tartines, puis j’ai plus de pain. Je pensais qu’on irait au restaurant, hier au soir. Mais t’étais à Dortmund !... soi-disant.
AP – Quoi encore ? Le restaurant ! On restructure ma petite… et si j’arrive dans moins de trois heures encore en retard, je serai sur la liste noire. Tu t’en fous, hein de la liste noire ?
LD – En tous cas, t’es sur la mienne.
AP – Qu’est-ce ça veut dire, t’es sur la mienne ? Tu me cherches ? T’as résolu de ne pas me laisser dormir ? C’est le supplice que tu as trouvé ?
LD – Pas savoir qu’on est le 14, c’est un monde !
AP – C’est qu’elle continue, parole ! Le 14, c’est le chiffre fatal de son sudoku. Tu sais où je le mets ton 14 ? Hein, au cul… le 14…
LD – Grossier personnage !
AP – C’est ça, hein, charogne. Je suis ta victime et c’est moi le grossier. Je t’explique tout, mon erreur, ma mésaventure, mon épouvantable tragédie de me retrouver à Dortmund en sortant du stade et tu m’empêches de dormir parce que je me fous du 14 février !
LD – Ma mère m’avait prévenue… Elle avait deviné quel mauvais mari tu serais à ne rêver que de football ! Ah ! mesdames, n’épousez jamais un supporter…
AP – Ah ! bon, voilà ta mère en renfort... Arrêtons, tu veux ? J’admets que revenir d’Allemagne à trois heures du matin, alors qu’on est censé rentrer du Standard au milieu de l’après-midi, ça peut paraître bizarre. On éclaircira tout ça demain, veux-tu ? On aura tout le temps… Je te prouverai ma bonne foi. Je retrouverai le billet du train. J’irai trouver le chef de gare, s’il le faut… C’est dit, je dors. (Il se tourne pour dormir. Elle le secoue.)
LD – Juste encore un mot.
AP (conciliant) – Oui, juste encore un mot… un seul…
LD (Elle hurle à son oreille) – Va te faire mettre…
AP – Ah ! elle est belle la Wallonie. On voit bien d’où tu viens… du dessus d’Amay…
LD – Et toi, salaud, d’où est-ce que tu sors ? Quand on vient de la rue Méan, on se fait tout petit. On évite l’insulte sur le lieu d’origine de l’autre…
AP – Tout ça à cause du 14 ! Pourquoi le 14 ? Une lubie ? Ça peut pas attendre le 15, la connaissance du 14 ?
LD – Justement, ça ne peut pas !
AP – Ah ! je ne mérite pas ça. Tu vas la fermer, dis, faut que j’aille bosser… Qui nourrit la famille dans cette piaule ?
LD – Crève. (Elle veut le pousser hors du lit. Il résiste et c’est finalement elle qui tombe par terre. Elle se redresse, tandis qu’Antoine sort du lit de l’autre côté.
AP – Le mot de trop. Je sais pas ce qui me retient de t’en coller une.
LD – Essaie pour voir, je t’envoie le cadre des amoureux de Peynet sur la tronche.
AP – Pouffiasse !
LD – Impuissant !
AP – Tu vas le regretter, ordure…
LD – Tu me trouveras plus ici ce soir…
(Ils sont prêts d’en arriver aux mains, quand soudain la porte du salon s’ouvre avec fracas et Hans Hartmann surgit en caleçon l’air libidineux.)
HH – Gut gut la Madame. … Du machst zuviel Lärm im Bett, touchour ?
LD – Qui c’est celui-là ? Il parle en quoi ?
HH – Toi madame schlafen mit mir… Schlafnische bedide Madame ?
AP – C’est vague… mais il me rappelle quelqu’un.
(Hans s’approche décidé de Loulou)
LD – Tu as intérêt de vite te souvenir. Défends-moi, ce type est fou…
HH – Kein Frau dann werde ich schlafen aber schweigend. (Il s’assied sur la chaise de la vuvuzela et se met à pleurer) Grosse malheur !
AP – Ha !... je me souviens de lui. C’est Hans, mon ami Hans, supporter du Borussia… Le car l’a oublié à Sclessin et on m’a compté pour lui !... Tout s’explique…
LD – Comment est-il arrivé dans ma chambre ?
AP – Quand je suis revenu en train de Dortmund, il dormait dans la gare des Guillemins. On s’est reconnu à nos trompettes, la mienne rouge et blanche et la sienne noire et jaune.Il m’a agrippé en m’expliquant qu’il voulait dormir. Il n’est pas le seul, par exemple. Il se croit dans une maison avec les « Madame ». Je l’ai emmené chez moi... avec ton 14, je l’avais complètement oublié. La preuve est là, devant toi, je suis allé en Allemagne à sa place !...
LD – C’est charmant, il se croit dans un bordel… Parole, il me prend pour une pute !
AP – Hans, das is nicht ein bordel. Das is mein baraque ! Da sis mein fraulein Loulou.
HH – So ein Unglück! Moi gros filou. Pardonne… bitte, Loulou…
LD – Qu’est-ce qu’il a avec sa bitte après moi ?
AP – Il pleure, puis il se croit dans un bordel. Il a un grosse malheur ! Bitte, ça veut dire s’il-vous-plaît…
LD – Ils sont tous comme ça les supporters de Dortmund ?
HH – Große Katastrophe…
LD – Ça, au moins, on comprend. C’est pas si difficile que ça, l’allemand !
AP – On en a fait des montagnes… Au moins c’est pas comme le flamand, celui qu’est à Cologne, comprend l’autre à Zürich…
LD – Zürich, c’est en Suisse…
AP – Enfin, tu me comprends…
HH – Ich bin in Lüttich und meine vianzee ist in Dortmund !
LD – Vianzee ! Lüttich… attend… sa fiancée est à Dortmund et lui est à Liège. Et alors ?
AP – Et alors ? Hans… Morgen freund…
LD – Qu’est-ce Freud ferait à Dortmund ?
HH – Das ist für das Geschenk vierzehn Februar verpasst…
AP – Tu comprends quelque chose ?
LD – Rien ! Il montre un papier… Donne lui mon sudoku. (Antoine le prend sur la tablette de nuit) Je l’ai fini qu’il écrive dessus.
HH – Ja ! Soodoguou… Kapout…
AP – Il écrit quatorze en chiffres arabes ! Februar ! Vingt dieu, c’est un de ta secte du 14 février ! Mais qu’est-ce j’ai fait ? Je suis envahi par des extra-terrestres qui ont un dieu sur terre, c’est le jour, ils débarquent… Je suis cerné…
HH – Ich habe einen Ring für Guisela. (Il sort un petit écrin de sa poche l’ouvre et donne la bague à Loulou).
LD – Au moins voilà un supporter allemand qui n’oublie pas le 14 février, lui !... (Loulou veut rendre la bague à Hans. Celui-ci la repousse)
HH – Ich bin Kapout !... Bedit gadeau der Valentinstag !... Zaint Valentine…
LD – T’as compris ce qu’il y a le 14, hein bougre d’âne que tu as oublié ! Douze ans de mariage, pour en arriver à ce qu’un supporter saoul et allemand m’offre une bague dans ma chambre à coucher, alors que je suis en chemisette, voilà ce qui s’appelle une drôle de fête de la Saint-Valentin ?
AP – Si je te disais, ma louloute, que je croyais que la Saint-Valentin tombait le dix-sept, tu ne me croirais pas !
LD – Non…
AP – J’ai honte ! Comment me faire pardonner ?
HH – Guisela weit, großes malheur.
LD – Loin… loin… Guisela… moi, Loulou… près… près…
AP – Dis donc, toi, tiens-toi un peu !
LD – Cet homme-là, on ne va pas le mettre à la porte comme ça. Tu vas à la cuisine voir si on a des restes de chou. Ils aiment le chou, les Allemands. Puis tu iras faire les courses. Moi, je me recouche…
AP – Il est à peine cinq heures ! Je n’y survivrai pas… non, je n’y survivrai pas. Les magasins de nuit sont fermés le matin. On devrait ouvrir des magasins « fin de nuit » !
LD à HH – Moi, fatiguée… moi dormir.
HH – Natürlich. Jedermann ist ermüdet.
LD – On ne comprend pas ce qu’il dit, mais il est tout à fait charmant, ce supporter là !
AP – Je suis bien décidé d’attendre l’ouverture des bijoutiers en ville pour te dégotter une Saint-Valentin dont tu me diras des nouvelles. En attendant, je pars aux provisions.
(Il sort)
HH – Antoon, mijn Kamerad… (Il veut sortir avec lui. LD le retient)
LD – Alors, mon Siegfried, on a perdu comme ça, sa Lorelei ? D’ici à ce que ton Antoon trouve une supérette ouverte on a deux heures devant nous.
HH – Antoon ist des Standar zu vertragen, zupporter. Geschlagen – battu - fünf in Nullpunkt, Alle zupporter coucou… malheureux !
LD – Coucou !... Tu veux dire cocu… un 14 février…

F I N

Commentaires

Le genre d'histoire que j'avais déjà lu autre part.
Je comprends que vous n'ayez pas envie de relater l'actualité en Belgique et sur les plateaux des TV belges de ce jour pluvieux et gris comme l'ennui...Bonne fin de soirée mon cher Richard.

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