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Des « valeurs » violées.

Ceux qui donnaient le la du genre « on a changé de siècle » ou encore « le système économique actuel est incontournable. Il faut faire avec ! » se comptent en France à partir des rocardiens et de Manuel Valls. En Belgique, on englobe l’ensemble des partis de gouvernement qui se croisent au carrefour du pouvoir. Le PS sort du rond-point, le MR saute dans le trafic. En France, la presse est presque entièrement dominée par des industriels qui perdent souvent de l’argent pour la « bonne cause ». À Bruxelles, tout qui publie, s’entend dans les radios publiques ou privées, se plaît au narcissisme de la télé, est positivement de droite et marginalement socialiste.
L’heure est tragique. La « bourgeoise attitude » a besoin du grand rassemblement autour de l’idée que l’économie ne changera que par son évolution propre. La démocratie politique est son meilleur agent auprès des masses, son porte-parole en quelque sorte.
L’Europe s’est pliée à cette loi. Celle-ci est impérative et ne permet évidemment aucune critique. Le plus grand nombre par une élection de temps à autre au suffrage universel est son seul argument pour défendre « la démocratie ». C’est mince, mais il est important.
Critiquer la manière dont se pratique ce suffrage revient à se faire considérer comme une sorte de dépravé passéiste et bolchévique qui rêve d’un nouveau Staline, un monstre qui balaierait le mot même de démocratie de son vocabulaire.
On cadenasse par là économie et démocratie avec une seule chaîne. Tout esprit critique est sacrilège.
Un chroniqueur bruxellois que je croyais intelligent, s’est exprimé en vertu des grands principes du Royaume repris ci-dessus, à propos de la grève générale de vendredi.
Voici ce qu’il écrit : « Mais par-dessus tout, il y a le caractère fondamentalement antidémocratique de la revendication de la confédération services publics de la FGTB. Par le nombre, d’abord. La CGSP compte — selon son site web — 260.000 adhérents. Cela représente treize fois moins que les 3.450.000 Belges qui ont voté pour les partis de la majorité fédérale actuelle. Et même deux fois moins que le nombre de Francophones qui ont voté pour le MR (650.000). La CGSP fait donc comme si un de ses membres avait autant de pouvoir que 13 citoyens aux urnes. C’est numériquement antidémocratique. Mais outre les chiffres, c’est le viol de nos valeurs qui interpelle. »

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C’est édifiant. Le voilà bien ce fameux décompte des voix qui permet à la machine de crachotter des bêtises, en foi de quoi tout peut de droit survenir d’en haut, tandis que le moindre murmure d’en bas confine à la rébellion !
En effet, s’il faut procéder à un référendum auprès des onze millions de Belges chaque fois qu’un syndicat veut protester, il est certain que nous n’aurons plus jamais un mouvement de mauvaise humeur.
Pour l’anecdote, les 650.000 électeurs Wallons qui ont voté pour permettre à Charles Michel de former un gouvernement en s’appuyant sur des Flamands majoritaire dans ce pays, n’émeut pas ce journaliste, pourtant ils sont très minoritaires dans leur rôle linguistique les fans de Charles Michel.
Aux gens lucides à voir qu’on n’est pas loin dans ce système de la loi Le Chapelier et de la révolution industrielle de 1830 au cours de laquelle les travailleurs étaient traités comme des bêtes.
Étonnons-nous de la rumeur qui monte d’une escroquerie du couple pognon-démocratie acoquinée dans une sainte alliance pour sauver les privilèges bourgeois menacés, en reportant sur le dos du peuple les « sacrifices » pour rester dans le peloton de tête de l’économie mondiale.
Je ne suis pas le dernier à critiquer Goblet et Ska, mais jamais je ne me suis pris ainsi aux associations de défense des travailleurs que sont les syndicats.
Sans doute avide de reconnaissance d’un grand patron de presse, notre chroniqueur bruxellois n’y va pas avec le dos de la cuillère
« Les syndicats ont… le devoir moral de rester dans leur rôle, qui est la défense des travailleurs, pas le bazardage de gouvernements, et de s’inscrire dans les valeurs de notre société (1). Surtout lorsqu’ils sont l’émanation d’un parti socialiste qui prétend user de pédagogie et fustige le populisme des partis au pouvoir… qu’y a-t-il de plus populiste que de racoler une masse frondeuse en appelant, ni plus, ni moins, à un coup d’État, comme le fait la CGSP ? »
Le reste est manifestement écrit sous l’emprise d’une colère montante sur une haine rassie depuis longtemps. Tout y passe : la CGSP, Marc Goblet, Michel pendu en effigie à Mons, les malfrats des transports en commun qui empêchent les étudiants de passer des examens, etc.
C’est d’autant plus curieux que ce journaliste se veut « progressiste » !
Voyons, on a connu Marcel Sel moins vindicatif, serait-il devenu un chaud partisan de la Suédoise ? A-t-il ainsi payé son pas-de-porte pour se faire enfin engager au Journal Le Soir ?
Je m’interroge ?
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1. La Charte de Quaregnon est toujours inscrite dans le préambule des statuts de la FGTB. C’est un rappel de la lutte des classes pour rendre le pouvoir aux Travailleurs.

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