« Michel démission ! | Accueil | Di Rupo, de chantier en chantier. »

Terminus pour minus.

En se plaçant de manière neutre pour examiner l’action du gouvernement et sa motivation de départ, force est de constater que Charles Michel a complètement raté son principal objectif qui était le redémarrage de l’économie avec une baisse significative du chômage et un apaisement entre les communautés pour la continuité du fédéralisme au cours de la législation suivante, quoi qu’en dise la N-VA.
C’était sous ces conditions que l’on pouvait admettre l’idée des Michel, faire aller Charles à un gouvernement dont les membres francophones seraient largement minoritaires et que pour la première fois la N-VA serait invitée à participer au gouvernement, pour la plonger dans les difficultés du pouvoir et l’endormir sur les questions qui fâchent.
La déception actuelle qui tend à se généraliser au Nord comme au Sud gagne même les libéraux qui enfin s’aperçoivent que le double échec accélère au contraire la mainmise de la N-VA sur l’opinion flamande et donne aux partis francophones, peut-être pour la première fois dans ce pays, le sentiment qu’on ne peut plus dialoguer entre une Fédération Wallonie-Bruxelles majoritairement de gauche et une Flandre majoritairement de droite et que, par conséquent, la solution confédérale, c’est-à-dire l’éclatement en douceur de la Belgique, est encore ce qu’il y a de plus raisonnable.
C’est donc bien la carence de ce gouvernement pour la mission essentielle qu’il s’était fixée qui est au centre du malaise qui entoure la personnalité de Charles Michel.
Au moins, espérait-on, que le premier ministre pacifierait les relations sociales et apaiserait les syndicats. La tension actuelle montre le contraire. Le plus dramatique dans l’échec gouvernemental sur le social est encore l’éclatante différence entre une Wallonie syndicale active et une Flandre syndicale passive.
Le communautaire que ce gouvernement croyait reporter à plus tard, s’est manifesté à cause de cette singularité trop manifeste pour qu’elle passe encore inaperçue !

1mlmv2.jpg

La gouvernance de Charles Michel a accumulé les mécontentements, fait découvrir aux citoyens les différences de traitement des affaires selon que l’on est en Flandre ou en Wallonie, à commencer par la rénovation des prisons et la politique des cadres et du personnel. L’opinion francophone a découvert parallèlement le poids d’une double majorité, celle naturelle aux nombres d’électeurs et celle d’un gouvernement fédéral déséquilibré en faveur de cette majorité. Les effets se font sentir dans les nominations des institutions fédérales et notamment dans l’armée et la justice, cette dernière à cause d’un équilibre dans les rôles linguistiques à Bruxelles où l’ultraminorité flamande est à parité avec les francophones ! Cela montre jusqu’où peut aller l’insolence du plus fort en démocratie.
L’engagement des libéraux ultramondialistes pour le maintien des formes actuelles de l’économie plonge le pays dans une morosité qu’accentuent encore les mesures tant sur le travail, le système de pension et de sécurité sociale.
Sans projet de société, les réformes semblent des incongruités inexplicables, auxquelles on ne peut pas adhérer, d’où l’impossibilité de dialogue. La résistance des travailleurs indiquent suffisamment que la conduite libérale de l’État n’est pas la bonne.
Dans un tel contexte, il est difficile de trouver quelques vertus à ce gouvernement qu’on peut classer parmi les pires avec le gouvernement Eyskens de sinistre mémoire, que l’on ait eu.
Ce climat mauvais éloigne la perspective de vivre dans une société paisible. À cet échec s’ajoute le risque que cet état de fait ne dégénère en un brutal désir d'ordre. Charles Michel dans son sauve-qui-peut pourrait attiser cette « révolte » de la bien pensante Belgique et en faire son excuse et son bouc émissaire, comme l’y engage déjà Bart De Wever à propos des grévistes « voyous ».
Décidément, cette démocratie à la belge est aussi médiocre que cette Europe à la veille d’un vote décisif de l’Angleterre et qui tremble qu’on ne la quitte, comme la majorité des Wallons à la perspective de deux États confédérés que Charles Michel aura presque adoubés aux termes de son gouvernement.

Poster un commentaire