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Trump l’ambigu.

Dans la campagne qui débute pour la présidence des États-Unis, on va avoir droit à des invectives dont le candidat Trump n’est pas avare. Sa dernière interprétation du « court-circuit » qu’aurait avoué Hilary Clinton au sujet des mails qui ont fait polémiques, a déjà permis à Donald Trump de montrer sa riche palette en la matière.
Ce qu’on a oublié, c’est que madame Clinton a du répondant, si on veut bien se rappeler les joutes oratoires qu’elle eut avec Barak Obama lors d’affrontements au parti démocrate dans la lutte à l’investiture. Elle y a frôlé aussi la suspicion outrageante, qu’elle a aussitôt rectifiée quand elle a su, en femme intelligente, se résigner à laisser l’autre s’asseoir dans le bureau ovale.
Aussi, il est probable qu’elle ne répondra pas aux vagues de grossièretés et allusions non déguisées de Trump dans sa dérive globale qui est sa politique du début et dont on se demande s’il en a une autre ? Parce que, tout compte fait, ses adhérents à ce discours, il les a conquis en mettant les pieds dans le plat et en éclaboussant tout le monde. Jusqu’où cette politique va-t-elle être payante dans une Amérique qui souffre comme l’Europe de l’usure de ses mandataires ? Il est logique qu’Hillary Clinton en femme cultivée et connaissant ses dossiers, réponde à Trump par le mépris. Il n’y aura, probablement pas, d’affrontements publics entre les deux candidats, ce dont les Américains sont cependant friands.
Reste une question pendante : les outrances de Trump et leur assimilation à une sorte d’habitude populaire de franc-parler ne nuiront-elles pas au peuple de la rue humilié par la suffisance des élites intellectuelles ?
Le tabou du vote en faveur de la démocrate Hillary Clinton à l'élection est brisé chez les Républicains. Des personnalités de droite rejettent publiquement Donald Trump, furieuses que ce dernier ait fait le choix de l'escalade verbale pour répondre à Khizr Khan, un Américain naturalisé d'origine pakistanaise dont le fils Humayun, capitaine de l'armée de Terre, fut tué en Irak en 2004. Khizr Khan avait dénoncé à la convention démocrate les propos antimusulmans de Donald Trump.
Le risque c’est de faire passer l’ensemble du petit peuple américain pour volontiers raciste, dans une analogie avec la vox populi européenne, la belge par exemple, xénophobe et sottement ancrée dans de fausses certitudes.

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En somme, nous serions catalogués, les Américains et nous, immatures et inférieurs à cause de l’engouement populaire aux States pour Donald, dont la seule arme est d’avoir inventé une posture qui plaît au peuple désabusé du jeu des partis.
On ressent un peu partout ce divorce entre les dirigeants et les masses. Ces dernières sont quand même, quoi qu’il arrive, la base du système qui maintient une démocratie chancelante, la tête hors de l’eau.
L’exemple le plus actuel n’est-il pas la présentation au peuple du bilan de cette intelligentsia politique, déguisé en bonne gestion, malgré les bilans désastreux ! Trump espère-t-il longtemps tromper les électeurs en leur faisant croire qu’il va rompre avec la politique des grands groupes financiers, lui qui n’a jamais fait rien d’autre et qui y doit sa fortune ?
L’intérêt de l’actuelle candidature de Trump aux yeux des observateurs, c’est de mesurer sa cote de popularité. Chutera-t-elle avant octobre ?
Dans cette élection américaine, ils sont deux, Hilary Clinton n’est pas en reste sous ce rapport, sauf que la dame est capable de deux langages, celui du privé avec les trusts et les banques et celle du public, avec ses grands élans et le « je vous ai compris » qui depuis de Gaulle ne convainc plus personne. Trump est un forban de la finance rond et carré qui parle indifféremment à ses pairs et à ses subordonnés.
S’agirait-il de l’imaginer plus « sincère » que Clinton ?
C’est un débat philosophique qui entraînerait loin de la politique.

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