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Flamby est flambé !

Le PS français est dans de sales draps.
À cause de la présidence Hollande, il va lui falloir dix ans pour s’en remettre.
Voilà encore un spécimen de l’ENA qui n’aura su que faire du pouvoir, pour lequel, cependant, l’école l’avait soigneusement préparé.
Ce qui manque ici, c’est évidemment une impossibilité de prendre une décision et s’y tenir sur les gros dossiers.
Hollande, en début de mandat, a voulu probablement appliquer son programme (moins contraignant que celui que Fillon s’est engagé d’appliquer s’il est élu). À l'époque, Hollande donnait de l'air à l'électeur, face à Sarkozy qui voulait nous en priver. On ne prodigue pas l'anaphore, si on n'a pas envie de marteler dans la tête des gens, qu'on est l'homme de caractère qu'il faut.
C’était sans compter sur deux facteurs humains déterminants et inconnus avant d’accéder au pouvoir suprême, un égo qui croit avec la fonction et une impossibilité d’agir à contrecourant d’une société tellement sophistiquée et complexe que pour Hollande, le choix d’une autre direction s’avéra vite impossible. Son choix fut conforme à son caractère. Visiblement, cet homme répugne aux affrontements dans tous les cas, même quand ils sont nécessaires.
C’est curieux, il remplaça justement son opposé, hyper actif et déterminé à des modifications de la société française, ce que Sarkozy ne put réaliser en raison d’une succession d’affaires à la limite du délit et un goût pour la montre et le bling-bling.
Ce mardi soir, la plus extrême confusion règne à l’Élysée et dans tout le PS français. Hollande n’a plus que quelques jours pour franchir le Rubicond et se déclarer prêt pour la primaire de la gauche.
Mais ira-t-il ? Son bilan est désastreux. Le chômage n’a pas franchement diminué. Vit-on jamais un président en exercice se plier à une primaire ? L’homme abaisse la fonction de président. Vous voyez le genre, s’il venait à être battu par Montebourg ?
Enfin, pour couronner le tout, Manuel Valls rue dans les brancards. Il voudrait bien se risquer, mais il ne le peut pas, tant que le patron n’a pas encore décidé s’il irait ou n’irait pas.
Alors, il multiplie les petites phrases. Il s’empresse d’en amoindrir la portée le lendemain.
Hollande est dans une bulle, il lui semble qu’il peut encore se présenter et gagner son deuxième mandat en passant par la primaire socialiste, y faisant un tabac !
Pourtant ses amis le lâche. Son livre « Ce qu’un président ne peut pas dire » a été l’événement qui n’aurait jamais dû arriver. Il y décause tout le monde et son égo y est tellement éclatant, qu’il ne s’en est même pas aperçu. Cela à cause de son geste grand seigneur de ne pas intervenir, dans une sorte de censure des deux journalistes qui l’ont suivi près de cinq ans, pas à pas, à l’Élysée. Si bien que là aussi, un large public s’est demandé s’il n’avait pas autre chose à faire que se livrer à un genre d’exercice aussi mal venu.
L’effondrement du PS fait peine à voir, pour ceux qui aurait pu espérer qu’au vu des circonstances la ligne social-démocrate allait être abandonnée pour revenir à un socialisme revendicatif, ce qui aurait peut-être empêché la saignée des militants et des électeurs qui ont fichu le camp en masse au Front National, plutôt que chez Mélenchon.
Pourtant ce dernier ne se défend pas mal avec le ralliement des communistes et des intentions de vote aux alentours de 12 %, précédé du seul Montebourg d’un point, alors que Hollande est à 6 % d’intention de vote !

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Fillon a gagné les primaires des Républicains avec un discours très à droite. Cela aurait été l’occasion pour le PS de prendre la tête de l’opposition à ce programme, si Hollande à l’Élysée n’était pas empêtré dans ses contradictions, sa faiblesse et son égo. Pourtant, il a encore six mois de présidence avant de disparaître, sans doute à jamais, un peu comme Sarkozy, dans les pages de l’histoire contemporaine. Obama, lui qui est à un mois de son départ, fait tout le contraire et essaie de sauver ce qu’il peut de sa présidence avant l’arrivée de Trump qui s’annonce comme un anti Obama complet.
La leçon que les Européens de gauche peuvent tirer de l’effondrement du PS français tient en plusieurs points.
1. Les hommes qu’ils veuillent passer pour des stars ou pour des gens ordinaires comme Hollande, revêtent une importance majeure pour le parti dont ils sont issus, dès qu’ils gagnent la présidence. Les primaires sont des loteries qui ne placent pas nécessairement le meilleur à la meilleure place.
2. Il devient de plus en plus périlleux d’être l’élu d’un programme et d’en faire un autre. Fillon va s’en apercevoir très vite, s’il est élu président.
3. La social-démocratie, c’est fichu. S’en réclamer ne fait plus recette.
4. Seuls les partis à la gauche du PS, enfin ceux qui ne tombent pas dans l’outrance spéculative pour le racolage d’électeurs, font une juste analyse de la déviance mondiale du capitalisme. Le changement qu’on nous dépeint comme inéluctable ne l’est pas sous les formes que les élites nous le présentent. On oublie trop souvent le peuple dans les arrangements entre compères.

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