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Seraing-Detroit, le malheureux jumelage !

Tous les paysages urbains ne seront pas frappés d’un coup, mais force est bien de constater que les industries qui vont et viennent au hasard des conseils d’administration, supputant de plus grands profits ailleurs, bouleversent complètement les zones de peuplement. Une ville qui l’avant-veille était prospère, au départ de l’industrie qui la faisait vivre, devient un désert.
Seraing fait penser à Detroit (USA) toute proportion gardée.
L’ancienne ville de l’automobile est une sorte de Palmyre des temps modernes, un Pompéi dont Henry Ford aurait été le dernier empereur . La moitié de la ville est en friche, dangereuse dans des rues coupant en deux des usines sans toit, avec des amoncellements de ferrailles et de tuyauteries ne débouchant sur rien.
Seraing en est encore à contenir entre des murs, les montagnes d’acier et de pierres à four, des gigantesques haut-fourneaux. Ailleurs des reconversions hâtives en pelouses et rues élargies remplacent la suie et les murs gris par des espaces désertiques aux frontières desquels des enchevêtrements compliqués de fer et de briques sont repoussés derrière des murs hâtivement repeints à la chaux. Des bois de la Vecquée à la rue Ferrer, même repeinte en vert, la pollution mettra un siècle à s’effacer des sols.
Que ce soit à Detroit ou Seraing, c’est partout pareil. Les entrepreneurs, qu’ils s’appellent Ford ou Mittal se sont conduits comme des gamins mal élevés ou, pour contenter tout le monde, de petits vieux bien propres qui déposent leurs immondices le long de la voie du chemin de fer, en prenant bien soin de n’avoir vu personne avant d’accomplir leur petite saloperie.
Les villes ainsi gravement endommagées par des entrepreneurs, acclamés comme des bienfaiteurs, puis haïs par les masses de chômeurs qu’ils laissent derrière eux, sont les tableaux vivants d’un système économique qui promettait beaucoup et qui n’a produit qu’une classe misérable que le libéralisme se charge de traquer, par haine de son propre échec.
Ainsi les villes sont devenues des entités prospères momentanées, sans perspectives à long terme, à la merci d’une économie qui de capricieuse est devenue complètement folle. Après Seraing et son tas de ferrailles qui n’est même plus à négocier et qui lui reste sur les bras, Liège ferait bien de se méfier de ses zonings périphériques et de quelques moutons noirs qui survivent en Basse-Meuse.

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La mondialisation voit le capitalisme actionnarial triompher partout sur le travail. C’est le fictif qui exploite le positif, dans la perspective de la rentabilité financière.
Des gravats, des poussiers et des effondrements d’usines, une nouvelle génération surgit, inconnue jusque là. Les pouvoirs politiques égarés dans le socio-libéralisme, comme dirait un humoriste : conservateurs-réformistes, vaguement socialistes, mais diablement libéraux, n’ont pas la capacité de comprendre les populations par défaut de sensibilité et par différence d’éducation.
Seraing ou Detroit sont les symboles d’une faillite de la théorie de la croissance continue, de la reconversion heureuse et du devenir écologique de l’industrie.
Le crédo libéral, celui de Charles Michel, de Kriss Peeters, d’Elio Di Rupo et de Bart De Wever détruit notre écosystème et n’apporte aucune solution d’avenir pour les générations futures. Le seul exploit aura été d’anéantir tout espoir de la génération 2016.
Les importants qui tombent de leur piédestal, de quelque côté que l’on observe la démocratie, sont les signes qu’il faut refonder la démocratie autrement.
Si presque partout en Europe, cette éventualité est venue, elle favoriserait plutôt les milieux populistes nationalistes. Ce n’est pas si mauvais que cela, en ce sens que les citoyens cherchent d’autres issues que celle des libéraux bourgeois au pouvoir. Il y a tâtonnement. On n’est sûr de rien. On, expérimente, voilà tout.
Une fois virée, la cuti nationaliste du racisme et du repli sur soi, à la suite de l’indigestion libérale, peut-être sera-ce le tour des questions majeures et adultes. Produire, pour qui et pour quelle finalité, dans quel but et dans quelles conditions, sont des questions vitales qui attendent des réponses en-dehors de la langue de bois.
Repenser la démocratie en quelque sorte…

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