« Rousseauiste malgré tout. | Accueil | À la carte ou plat du jour ? »

Bras de fer.

Des trois possibilités « démocratiques » (voir le blog d’hier), c’est encore celle d’élire un chef qui est la plus hasardeuse. Le chef ou le président place, dans presque tous les cas de figure, des obligés, des fidèles et des « godillots » (option 2). Le risque est grand de l’autoritarisme non maîtrisé. Par exemple, si Fillon est élu et qu’il veut appliquer son programme, bonsoir les dégâts…
Presque… car il est possible aussi qu’un candidat plombé par son comportement avant l’élection (le pénélopegate), mais élu président quand même par détestation de son adversaire (Marine Le Pen) n’ait pas une majorité présidentielle, à cause de ses antécédents douteux.
On sait jusqu’où le chef peut conduire le peuple. Sans remonter à Adolphe et ses adolphins au siècle dernier, l’élection du chef aux USA n’a pas fini d’être commentée.
Et si Trump, outre milliardaire grossier et inculte, était aussi un débile mental ? Il y a un type de démence qui lui va comme un gant : le trouble de la personnalité histrionique (1) !
Trump par-ci, Trump par-là, immigration « out », construction de l'oléoduc du Missouri « on », le mur...
Dommage qu'il ait fallu attendre qu'un businessman détraqué prenne le pouvoir aux States pour avoir conscience des dangers du système présidentiel.
Trump aura quand même servi à éliminer une croyance solidement enracinée dans l’esprit des gens selon laquelle le pouvoir politique s’est aplati définitivement devant le pouvoir économique.
Quoique à peine son deuxième mois de présidence entamé, Trump classé nuisible a cependant agi contre les délocalisations en faisant pression sur les industriels américains, Ford a renoncé de construire une usine au Mexique. La méthode est contestable et il n’est pas dit qu’elle portera ses fruits, mais le fait qu’à cette occasion le pouvoir économique se soit aligné sur le pouvoir politique prouve que nos élus ont tort de capituler et que Charles Michel aurait pu s’inspirer de Trump pour empêcher la fuite de nos entreprises vers des paradis fiscaux. Voilà qui devrait faire réfléchir ceux qui concluent trop vite à l'impuissance du politique, quand il convient au contraire de lutter contre le dumping social et les méfaits du libéralisme.
Les économistes de l’ULB et de l’Institut E. Vandervelde feraient bien de revoir leur copie : s’il y avait bras de fer entre l’Autorité citoyenne et les forces économiques, il se pourrait que les décisions essentielles ne soient plus prises depuis des officines échappant au contrôle des institutions, mais depuis les ministères concernés, à condition d’y avoir des ministres convaincus que la démocratie est un impératif intransigeant.
Hélas ! il n’y a jamais bras de fer, à croire que les libéraux ne sont que les gérants des succursales des entreprises.

3lkoi37.jpg

Le rôle de conciliateur a toujours été mineur. En ne défendant pas leurs électeurs, les partis se placent dans les mains de l’autre pouvoir, celui que détiennent les hommes des intérêts privés.
Et, à tout point de vue, c’est logique, puisque le libéralisme est un courant qui joue le privé contre le collectif. C’est un peu comme si Charles Michel tenait le rôle de Marine Le Pen à l’Europe qu’elle veut détruire, tout en étant payée par le Parlement européen. Idem, nous payons Michel pour qu’il détricote l’État au profit du privé.
Nous sommes bel et bien trompés par les dirigeants qui prétendent défendre nos intérêts, alors qu’ils sont tout simplement d’accord avec le néo-libéralisme.
Depuis toujours, le néo-libéralisme est chez lui au Parlement, mais aussi aux sièges des partis traditionnels.
Arrêtons de prêter une oreille attentive à ceux qui osent justifier baisses de charge, baisses de salaire et régression sociale, alors qu’ils sont au pouvoir et que ce pouvoir leur vient du peuple.
On peut croire que le peuple américain est en train de refonder la Nation en se réunissant contre Trump. Chez eux, si la folie s’est concentrée sur une personne, c’est parce qu’elle est d’évidence chargée de beaucoup de pouvoir, donc de beaucoup de nuisance. En Belgique, ce pouvoir est dilué dans tellement de camarillas que nous n’avons pas à nous méfier d’un fou, mais de toute une série de malfaisants et de détraqués, pourris par l’argent et le pouvoir.
Ces satrapes n’en détiennent chacun qu’une petite partie. Reste à définir quel est des systèmes 1 et 2 celui qui nous conduira au système 3 plus rapidement ?
Nous avons l’exemple américain. Combien de temps Trump restera-t-il à la tête des USA ?
Les paris sont ouverts.
----
1. Comportement exagérément théâtral, semble en train de se produire sur scène, haute idée du « moi », mépris du « surmoi », persuadé de détenir la vérité, capable de l’inventer, etc. Sa grossièreté et le manque de respect des femmes font partie d’une autre facette de sa personnalité, peut-être rédhibitoire à son manque de culture.

Poster un commentaire