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Décrochage.

La situation politique en Belgique par rapport au courant antisystème qui se développe dans une grande partie de l’Europe, devrait nous valoir aux prochaines élections, une baisse en voix du PS et du MR ?... sauf si la force de l’habitude finit par surmonter la réalité d’un découragement général.
De combien ? Aux dernières prévisions, le PTB n’est que de quelques points en-dessous des estimations de vote du PS. Le MR a la chance de n’avoir aucun concurrent d’extrême droite en Wallonie, pourtant, chez lui aussi, il y a décrue.
Depuis plus d’un quart de siècle, ces deux partis se sont partagé le pouvoir, ensemble ou en alternance, en s’alliant parfois avec les Écolos ou avec le CDH. Ils ont profité l’un et l’autre du déclin du PSC que Milquet a tenté de stopper en créant le CDH, sans vraiment rendre de la couleur à ce parti.
Si bien que l’électeur peut, à juste titre, tenir pour principaux responsables du recul social, les dirigeants du PS et du MR.
Les modifications importantes qui sont survenues dans les milieux économiques, l’impossibilité de maîtriser les flux et les reflux de l’argent au travers des crises et des obligations du genre « fonds de pension », ont montré les faiblesses à l’égard des holdings et des banques ou, plus grave encore, la complaisance des mandataires publics.
La résultante de tout cela a perturbé gravement l’égalité entre les citoyens et les ont éloignés d’autant du chemin qui conduirait à un régime plus démocratique.
Au cours de cette période, la structure du chômage a changé. Il s’est envolé en flèche. Toutes les tentatives pour le ramener entre 5 et 7 % ont échoué. Celui des 15 à 24 ans s’est considérablement développé, augmentant de 50% au cours des trente dernières années.
C’est à la fois l’échec majeur de cette société et le talon d’Achille des deux partis cités, à la fois incapables de renverser la tendance et malgré tout, serviteurs obligés du système économique responsable de ce gâchis.
La succession d’échecs vis-à-vis du travail des jeunes est une faillite de la politique commune du PS et du MR. Malgré leur soumission au diktat des entreprises, ils n’ont pas réussi à les mobiliser. Cela explique l’intérêt croissant des jeunes pour les candidats qui n’ont jamais dirigé ce pays.
Le ressenti d’un pouvoir d’achat bloqué rend insoutenable la connaissance des salaires des dirigeants politiques et des grands patrons d’entreprise. La seule mention des indemnités parlementaires, des petits à côté et de la désinvolture avec laquelle les élus participent à la course à l’échalote des mandats supplémentaires, sont proprement dévastateurs dans l’opinion.

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Même les classes moyennes inférieures (petits commerçants et artisans) commencent à associer leurs plaintes aux travailleurs de condition plus modeste. Ce qui est un changement considérable dans l’attitude jusque là franchement hostile au monde du travail désigné comme responsable de la crise et frein au « progrès » économique de cette catégorie de citoyens. C’est un socle d’électeurs qui va manquer aux libéraux qui devront faire des contorsions de langage pour tenter de le retenir.
Même les pensionnés « aisés » comptent leurs sous. Certains ne pourraient même plus songer à un séjour paisible dans une maison de retraite auquel ils pouvaient prétendre quelques années plus tôt. À moins de deux mille euros de pension, il est nécessaire que les enfants contribuent à compenser l’augmentation des coûts de séjour, suite à la dévaluation effective des revenus ou l’augmentation des tarifs (c’est pareil).
Peu de pensionnés perçoivent une pension de cet ordre.
Le pouvoir d’achat se tasse sur le long terme, bien loin des niveaux d’avant la crise.
Le ressenti des consommateurs va bien dans le sens d’une baisse du pouvoir d’achat. Les inégalités de revenus se creusent. Les responsables esquivent leur responsabilité en vains discours et en fausses promesses.
L’échelle des salaires plonge. Le diplôme n’est plus un laissez-passer pour entrer sans difficulté sur le marché du travail.
Je l’ai déjà écrit, je le réécris à nouveau avec force : la population n’a souscrit au système économique que parce qu’il était synonyme de progrès. Elle n’est pas prête à le soutenir dans ses mauvais jours. Les dirigeants ne s’en sont pas encore aperçus. Ils poursuivent leur politique accompagnatrice du système économique sans réfléchir à l’amender sérieusement, à le contester dans sa dérive actuelle, voire à le changer contre quelque chose de plus favorable aux gens. Par certains signes ont comprend qu’il n’en sera rien et qu’ils prêcheront l’austérité jusqu’au bout. Le traité avec le Canada (CETA) est dans la droite ligne de leur obstination.
Tant pis pour eux. À terme, le PS et le MR risquent de disparaître.
S’ils le font dans les circonstances que j’ai décrites, je ne pleurerai certes pas leur mort.

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