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De quelle frontière on parle ?

Qu’est-ce que ça fait d’être citoyen d’un pays au même titre qu’un ministre que l’on n’estime pas ?
Quels sont les rapports possibles entre un citoyen et un ministre issu d’un parti qu’on exècre, dont les motifs d’action sont aux antipodes de ceux que l’on croit moraux, civiques et éthiques ?
Cela a toujours été pour moi une énigme : la démocratie contre la morale. Je m’explique. Par quelle opération mentale devrais-je cohabiter au nom de la démocratie avec quelqu’un qui n’est pas estimable ?
On s’étonnera que le citoyen qui ne veut plus entendre parler de politique, c’est parce que son odorat, au-dessus d’une mare infectée de notables, est mis à trop rude épreuve.
Eh bien ! cela donne un dégoût profond pour des institutions qui permettent que de pareils individus puissent de droit diriger l’État en mon nom. Cette situation plonge l’électeur dans le désarroi. Ce ministre exerce le pouvoir grâce au jeu des alliances, qui ne sont jamais que des compromis attentatoires à la liberté de chacun. Sous prétexte de faire vivre le chat avec la souris, tout le monde sait bien que la souris n’a aucune chance.
C’est en découvrant la tête réjouie de Théo Francken dans les journaux, satisfait que la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE), lui ait donné raison, sur le refus de visa de la Belgique à une famille syrienne en difficulté dans son pays dévasté par la guerre, que j’ai compris que ce type et moi n’avions rien en commun.
Et son sourire rend au centuple, le malaise que j’éprouve en le voyant.
Ainsi donc, les États membres ne sont pas tenus, en vertu du droit de l'Union, d'accorder un visa humanitaire aux personnes qui souhaitent se rendre sur leur territoire dans l'intention de demander l'asile.
Il n’y a même pas des critères à respecter, des barrières contre l’arbitraire. Francken peut dire « d’accord pour ceux-là, et pas d’accord pour ceux-ci ! », tout cela sans avoir besoin de justifier l’accueil ou l’interdiction !
Mais dans quel pays est-on ? Ce type a confisqué « ma Belgique » de quel droit ?
Fidèle à lui-même, écrivent les gazettes, le secrétaire d'Etat n'a d'ailleurs pas caché sa joie sur Twitter. Ainsi ce type, en plus, a le droit de rire de ma déconvenue et peut se foutre de ma gueule sur Twitter !

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La Cour argumente "permettre à des ressortissants de pays tiers d'introduire des demandes de visa afin d'obtenir le bénéfice d'une protection internationale dans l'État membre de leur choix, porterait atteinte à l'économie générale du système institué par l'Union pour déterminer l'Etat membre responsable de l'examen d'une demande de protection internationale".
Si je suis l’argument de la Cour européenne, une famille qui fuit la guerre et qui souhaite entrer en Belgique de manière légale, d’autant qu’elle a une famille d’accueil qui l’attend, a tout intérêt à oublier la légalité pour trouver asile chez nous, en y entrant clandestinement ? Dans le fond Francken a tort de rire. Il ferait mieux de réfléchir à l’exemple qu’il donne à l’humanité misérable.
C’est bien simple, ce type incite à la désobéissance civile, il invite à l’infraction !
Une autre explication est possible. Et si la famille d’accueil et la famille syrienne étaient déboutées par Francken parce qu’elles sont francophones ?
Évidemment, vu sous cet angle, Francken descendrait encore plus bas qu’il n’est tombé.
Mais c’est possible, après tout. L’homme n’est-il pas un fleuron de la N-VA ?
La Cour européenne, dans ses attendus, a ignoré que les frontières en Belgique sont à la fois externes et internes. Peut-être ne le savait-elle pas ? Peut-être que cette notion de frontière interne dépassait à ce point l’entendement, qu’elle aurait renoncé à intégrer cette réalité dans ses attendus ? Peut-on élaborer des attendus depuis une bouffonnerie ?
Il n’y a pas de juridiction pour juger de la folie. Vu l’état mental en Belgique, la Cour européenne aurait dû se déclarer incompétente.

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