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Après super-menteur, super-escroc !

Slate magazine est une publication sur la Toile que j’aime bien. Je lis régulièrement ses articles écrits avec beaucoup d’intelligence. Parmi les journalistes les plus talentueux et habitués du magazine, je cite avec plaisir Claude Askolovitch.
À la veille des élections françaises, la publication d’un article sur Fillon selon lequel, une fois élu, l’intéressé rembourserait l’État du petit million qu’il s’était permis, contre toute décence, d’offrir à sa famille, m’aurait littéralement étonné sur ses conclusions, fort heureusement, ce n’était qu’une information en provenance du comité Les Républicains (oui, il y en a encore) pour un dernier effort de dédouanement de leur candidat.
Selon ces grognards, tout serait pardonné et Fillon incarnerait les vertus, qu’il a de tous temps exaltées.
C’est tout à fait faux, si on veut bien réfléchir à ce que signifie une accusation sur des délits reprochés.
Car, pour autant, le subit désintéressement de Fillon n’efface pas le suivi judiciaire !
Les gens intégrés au système par la grande porte sont les seuls convaincus de cette manière de voir les choses. Tout au plus cela clôt le bec au ministère public sur une indemnisation, s’il y a culpabilité, mais rien n’est résolu sur les amendes, voire peine de prison, compte-tenu des infractions commises.
Mis en examen, le 14 mars, pour «détournement de fonds public», «complicité et recel de détournement de fonds publics», «complicité et recel d’abus de bien sociaux» et «manquements aux obligations de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique», son épouse a également été mise en examen dans ce dossier deux semaines plus tard, comment imaginer que de tels manquements de la part d’un ancien premier ministre de la République aux lois du Peuple français pourraient disparaître du seul fait de remboursement des sommes détournées ?
Les chroniques judiciaires bruissent dans les journaux d’actes de remboursement des préjudices commis par de petits délinquants, des vols dans les grands magasins, dans les entreprises, dans les milieux familiaux, remboursés la main sur le cœur, avec pleurs et regrets, tous se sont soldés par une amende, voire une peine de prison pour les récidivistes.
Et on peut dire que dans le genre, Fillon est un récidiviste de fait, non de jure, puisque son casier est vierge. Voilà vingt ans qu’il trafique dans l’imbroglio des sommes permises, sous certaines conditions, aux élus de la République. Il a même réussi à fourguer la faute à son successeur lorsqu’il a cédé l’emploi de député à son remplaçant ! Récidiviste aussi dans le placement de Pénélope pour des emplois fictifs dans le privé. Encore heureux que ce ne soit que des délits d’intérêt. Placer une personne sur laquelle on a autorité dans certaines conditions dégradantes, cela pourrait aussi s’appeler du proxénétisme.
Les réseaux sociaux se mobilisent sur ce slogan «Rends l’argent!»
C’est une maladresse et un affront de plus à l’électeur que de dire « Je rembourserai si je suis élu ». C’est même une sorte de chantage.
Reconnaître qu’il serait « bien » de rembourser étant élu, c’est à la fois laisser entendre que non-élu, il faudra bien que l’État se passe de la finance détournée !
L’annonce d’un remboursement aurait été interprétée comme une preuve de culpabilité, laisse-t-il entendre, mais une fois à l’Elysée, s’il veut mettre derrière lui définitivement les affaires et appliquer son programme, il n’a pas d’autre choix que de rembourser.
Dans l’histoire de la République, on n’a jamais vu un candidat aussi marqué que lui persister dans sa candidature. A-t-on conscience, parmi ceux qui le soutiennent encore, de la faiblesse de sa « stature » à l’étranger ?
Une chose m’échappe. Les plus persévérants soutiens de Fillon se comptent dans les électeurs de plus de 65 ans ! La génération ancienne serait-elle admirative d’une délinquance assumée comme une preuve de compétence ? Alors on comprend mieux que Chirac « super menteur », condamné après la fin de son deuxième mandat, ait été le chouchou des vieilles dames.

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Il faut lire « la pesanteur et la grâce » de Simone Weil, pour mieux comprendre que François Fillon est l’archétype d’une forme de la démocratie, dont les Français et avec eux tous les Européens ne veulent plus. Le couplet de Georgina Dufoix "Je me sens tout à fait responsable pour autant je ne me sens pas coupable" du 31 janv. 1992 à propos du sang contaminé, est tout à fait adapté à ce candidat de la droite.
Il ne se sent pas coupable. Pourvu que les électeurs aient honte pour lui.

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