« Dessous de comptoir ! | Accueil | Louis, Elio, Benoît et les autres. »

Des jours incertains…

Pourquoi les deux partis politiques français représentatifs de la gauche et de la droite sont-ils en train d’imploser ?
Parce que l’un et l’autre ont été conçus pour un réformisme qui n‘a plus de sens aujourd’hui. Il est très intéressant pour nous Belges de les suivre à la trace, parce que la situation politique en France précède toujours de quelques mois, voire quelques années l’identique processus chez nous.
On voit très bien les deux courants qui séparent et disloquent le PS de la rue Solferino. Il n’en va pas de même – enfin pas encore – chez Les Républicains où l’implosion ne sera réalité que si Fillon n’est pas élu président de la République. La droite s’est toujours structurée autour d’un chef. L’image de celui-ci a été profondément altérée le jour où la droite française a cru bon rentabiliser sa popularité en procédant, comme la gauche, à des élections internes.
Jusque là, la droite ne choisissait pas son chef, il l’était naturellement après avoir découragé d’autres vocations. Un peu comme le cerf dominant d’une harde qui dissuade brutalement ses rivaux à s’approprier son harem.
L’élection qui a éliminé Sarkozy et Juppé, laissant la place à un roué dont on ne savait pas grand-chose, sinon qu’il avait été un « collaborateur » de Sarko président, a dévoilé devant tout le monde une large fracture entre les « modérés » regroupés sous Juppé et les « durs » sous Fillon. Sarkozy aurait très bien pu être celui-là, mais c’est à l’occasion de cette élection interne que l’on a vu des élus et des sympathisants du tout sauf Sarko, qui permirent à Hollande de s’affirmer de l’autre côté du clivage, de la même manière.
La dynamique néocapitaliste a montré une efficacité redoutable, dans une Europe tout à fait incapable d’y résister. Du fait de cet aveu de faiblesse, comment voulez-vous que les États associés y résistent individuellement, alors qu’ils sont parcourus de courants identiques à ceux de l’UE ?
L’essentiel du succès de l’autre parti de droite, celui de Marine Le Pen, est lié à cette résistance à l’Europe mondialiste et néocapitaliste dont il se réclame dans l’opposition et que la cheffe n’est contestée que par… son père, ce qui lui vaut une réputation de force de caractère, comme on n’en voit que dans les tragédies grecques.
On s’apercevra vite en Belgique, que ce qui a divisé la gauche française est en train de fonctionner pareillement. La division du PS se fait plutôt par soustraction des électeurs qui s’en vont grossir les rangs du PTB. La France Insoumise de Mélenchon profite du même principe.

6chape.jpg

Les réformes ne suffisent plus. Devant la tragédie qui prive les travailleurs d’une part de plus en plus grande du prix de leurs efforts, il n’y a plus qu’une seule alternative, celle qui consiste à casser la logique d’appropriation totale du capitalisme néolibéral.
Ceux qui à gauche n’ont pas compris le sens de l’histoire, tenteront bien encore quelques tentatives d’accommodements avec le pouvoir de l’argent, leur échec déterminé à l’avance, les rayera de toute présence dans les futurs combats. Il ne leur restera plus qu’à intégrer une sorte de centrisme à la Valls, avant de finir dans la droite classique.
Ce n’est même plus l’heure des syndicats attablés avec des patrons pour on ne sait quels accords de secteurs. Ne savent-ils pas qu’en Belgique particulièrement, la CGT en France montrant quelques velléités de résistance, le capitalisme financier s’est emparé du capitalisme industriel, si bien que les syndicats n’ont plus devant eux les vrais pouvoirs décisionnels. Le capitalisme réel, on l’a vu avec Caterpillar, est inaccessible et imperméable à toute logique autre que l’indice du rapport capital/intérêt.
Si Mélenchon l’emportait, contre toute attente, la première chose à faire serait de renationaliser les banques et de couper court aux excès de l’actionnariat interne et externe au pays.
La gauche belge ne pourrait que suivre cette politique, sous peine de disparaître.

Poster un commentaire