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Erdogan, sublime portier !

Urnes trafiquées ou non, c’est un fait, le peuple turc vient de brader sa liberté en faisant confiance à un ancien joueur de foot qui se serait adjugé le diplôme d’une université d’Istanbul qu’il n’a jamais fréquentée. Son détracteur sur ce litige a été retrouvé assassiné.
Voilà des débuts politiques assez glaçants. Ces faits restent fort peu connus des gens de condition modeste surtout tournés vers la connaissance limitée au seul coran par des Imans fonctionnaires affiliés à l’AKP, le parti fondé par Erdogan.
Un pourcentage limite mais majoritaire, le nouveau règne passe la barre tout juste. C’est assez pour que les observateurs européens s’écrient que toute la turquerie autour d’une dictature ne peut cacher une forte opposition et croire cette opposition ouverte à la démocratie la plus formelle et à la résistance, il n’y qu’un pas. Sauf que pour un dictateur, les courtes majorités n’effraient pas, puisque bientôt il n’y aura plus d’élection du tout, sinon que le résultat sera connu à l’avance.
Le triomphe fait par les exilés turcs en Belgique à cet habile politicien montre à quel point, même avec toute latitude de s’informer sans le danger de finir en prison, il est difficile de sortir des effets d’une propagande appuyée sur la peur.
Cette ascension d’un intriguant sans scrupule est à mettre en parallèle avec celle non moins étonnante d’un autre, qui le 23 mars 1933, se fait voter les pleins pouvoirs par le Reichstag. Adolphe Hitler peut désormais rédiger seul les lois, même celles qui vont à l'encontre de la constitution de Weimar.
C’est ce qui est en train de se produire en Turquie en ce moment.
Espérons que le règne de ce nouveau dictateur n’entrainera pas un conflit mondial comme celui provoqué par Adolphe qui aura coûté la vie à quelques 50 millions de personnes sur le continent européen dont 6 millions de Juifs.
En vrac et dans le désordre : l’idée d’Erdogan de refaire le pari de l’empire ottoman, la mégalomanie de son nouveau Versailles comme résidence, la mise en prison des journalistes sous prétexte de délits de presse imaginaires, le chaud et le froid qu’il souffle sur sa cohabitation avec les Kurdes installés depuis toujours sur un territoire annexé, comme une partie de celui des Arméniens, le jeu trouble qu’il joue avec Daech et enfin la répression massive contre les putschistes de 2015, devraient inciter les Européens à la méfiance.
Mais l’Europe, dans les bruits de bottes qui montent de partout, n’a pour se défendre que le parapluie américain et comme la politique de Trump, pour autant qu’il en ait une, c’est « ne pas se fâcher avec la Turquie », JC Juncker est condamné à faire le pitre avec Erdogan. L’arme fatale, environ trois millions de réfugiés majoritairement syriens retenus sur le sol turc et pour lesquels l’Europe a promis trois milliards d’euros à Erdogan est une épée de Damoclès que le dictateur manie avec brio, d’autant qu’il n’a encore reçu qu’un demi milliard !
Le nombre important d’exilés économiques turcs en Allemagne, fanatisés par ce nouveau calife aura fatalement des répercussions sur la politique de l’Europe vis-à-vis d’Erdogan, d’ici à ce qu’on revive les Accords de Munich avec nos nouveaux Daladier et Chamberlain revenant triomphant avec une paix garantie dix ans par Erdogan, il n’y a qu’un pas !

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Qu’est-ce que le vote de dimanche apportera de plus à Erdogan ?
Recep Tayyip Erdogan nommera lui-même les ministres, désignera également un ou plusieurs vice-présidents, le premier ministre, actuellement occupé par Binali Yildirim, disparaîtra. Tout ce beau monde deviendra des collaborateurs au bon plaisir du dictateur. Ce qu’ils étaient déjà, en fait.
Le président interviendra directement dans le domaine judiciaire. Il choisira six membres du Haut conseil des juges et procureurs (HSYK), chargés de nommer et de destituer le personnel du système judiciaire. Les tribunaux militaires seront bannis. Il est vraisemblable qu’ils seront reconduits dès que le président aura suffisamment nommés de généraux sous influence. Dans les prochains mois, il se pourrait qu’Erdogan rétablisse la peine de mort pour faire plaisir à ses électeurs, en même temps que cela éliminerait ses opposants les plus dangereux.
Le calendrier électoral sera légalement trafiqué afin de donner la possibilité à Recep Tayyip Erdogan de se maintenir légalement au pouvoir jusqu'en 2029. À cette date, le dictateur aura dans les 75 ans, bel âge pour passer la main à son fils aîné, à tout le moins de rétablir le poste de premier ministre pour lui !
Un dictateur débutant doit récompenser sa camarilla. La réforme prévoit d’augmenter le nombre de députés de 550 à 600. L’éligibilité pour devenir député sera abaissée de 25 à 18 ans et les élections législatives et présidentielles se dérouleront tous les cinq ans, contre quatre actuellement.
Le président pourra promulguer des décrets dans les domaines relevant de la large sphère de ses compétences exécutives.

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