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Sexisme et âgisme.

J’en suis conscient. Il m’est arrivé de moquer l’alopécie du premier ministre Michel, de me lancer dans des comparaisons pas très intelligentes sur les mœurs de celles et ceux qui sont de la jaquette, alors que je n’ai rien contre. Un chroniqueur touche-à-tout a la prétention de faire aussi de l’humour et la caricature est tentante. Enfin, même sans engagement dans une coterie, le même a la prétention d’avoir des convictions. Je ne cache pas avoir jubilé d’aise en apprenant l’élimination de François Fillon, que j’ai brocardé avec un infini plaisir.
J’espère ne descendre jamais aussi bas que Guillon, humoriste douteux, se voulant faire de l’humour aux dépens de la mère de Dupont-Aignan, 96 ans, atteinte de la maladie d'Alzheimer, et décédée le jeudi 27 avril, même si, comme moi, il ne blaire pas le « futur » premier ministre de Marine Le Pen.
Dans le combat au corps-à-corps des deux postulants à la présidence, les coups vont voler de plus en plus bas. La posture est la même aujourd’hui qu’au temps de Louis-Philippe. Qu’on appelle cela le fiel ou la joie mauvaise, les motivations restent tout aussi diverses et variées.
L’intempérance de langage, les remarques acides sur les comportements et même les disgrâces physiques soulignées font vendre du papier et soulignent la prétention des auteurs au bel esprit.
Dans cette campagne, s’il y a bien une chose que je ne supporte pas, se sont les remarques désobligeantes et pire, scandaleuses, à l’encontre de Brigitte Macron sur sa différence d’âge avec son mari.
S’y sont illustrés quelques fameux imprécateurs, dont Jean-Marie Le Pen taxant la dame de cougar !
Il n’est pas le seul à trouver « étonnantes » les 24 années qui séparent Emmanuel de son épouse. Voilà qui est formidablement machiste et qui dit tout de cette société encore primitive faisant la part belle aux hommes, en reléguant le rôle de la femme à celui d’objet d’agrément, censée être plus jeune, plus sotte et docile.
Et le pire, c’est la diffusion de ces horreurs et de ces critiques par certaines journalistes elles-mêmes.

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La presse étrangère n’est pas en reste !
Les images de cette présentatrice japonaise tombant presque de sa chaise après qu’on lui ait soufflé dans l’oreillette que Brigitte Macron n’était pas la mère, mais l’épouse d’Emmanuel, ont fait le tour du monde.
La romanesque histoire, du lycéen qui tombe amoureux de sa prof de français fascine les foules, au point que Paris Match flairant la bonne affaire en a tiré cinq premières pages !
Jusque là rien à redire, quoi de plus banal ! Qui à 15-16 ans n’a pas été fasciné par l’amie de sa mère ? Et que l’une d’entre elles ait ressenti un sentiment vrai n’est pas exclu non plus. Enfin, passant outre à toutes les billevesées et incongruités sociales qu’on raconte sur les différences d’âge, toutes en faveur des hommes évidemment, qu’une quadra aille au bout du raisonnement et ait le courage d’assumer son amour dont elle a senti la réciprocité, je n’ai qu’un mot à dire : qu’on lui fiche la paix et qu’elle soit heureuse !
Malheureusement, la politique tourne tout à bastringue et mœurs délicates chez l’adversaire. Et puis la quadra atteint la soixantaine naturellement et tout le monde s’en étonne !
Et il faut s’attendre à tout. C’est l’ancien, le spécialiste du four crématoire accident de l’histoire, qui commence le premier, quoi de plus normal ! Jean-Marie étoffe son palmarès.
Les réseaux sociaux, les internautes – enfin pas tous – se défaussent sur Brigitte Macron, certains parce qu’il leur semble que le front National y aurait à gagner, d’autres par imbécillité pure et entraînement en mouton de panurge vers les abattoirs de la connerie dont on suppose qu’ils refusent du monde.
Les commentaires à l'égard de Brigitte Macron m’insultent personnellement dans leur façon de discriminer sur l’âge à une époque où l’on va vivre de plus en plus vieux et où fort heureusement, ce ne seront plus des cas isolés que l’on montre du doigt, mais une pratique courante qui dans ce domaine là, tout au moins, met la femme sur un pied d’égalité avec l’homme.
Je laisse à une journaliste le soin de conclure pour moi :
« Vieillir, suivant que l'on soit un homme ou une femme, n'est pas du tout perçu de la même façon par la société. Et c'est bien là le fond du problème du couple Macron. Comme l'écrit la journaliste Fiona Schmidt dans une tribune, "l'âge de Brigitte Macron, on devrait se foutre comme de notre première crème anti-âge, mais on ne s'autorise toujours pas à nous en foutre, justement parce qu'on a appris à lutter contre la vieillesse depuis notre adolescence". » (Slate magazine)

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