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Reynders ne sait rien !

Dans la ligne parfaite de « n’avouez jamais » l’ex ministre des finances de l’époque, actuel bouchon de carafe aux affaires étrangères, Didier Reynders a démenti tout lien avec le Kazakhgate et tous liens avec ce dossier. Il connaît à peine Nicolas Sarkozy et ne connaît Claude Guéant et Jean-François Etienne des Rosaies que par ouï-dire.
La justice n’a pas été jusqu’à saisir les agendas du ministre, encore eût-il fallu un mandat de perquisition et tomber pile sur ses emplois du temps. Si bien qu’une grande tradition parlementaire a été respectée, celle de refaire ce que les autres ont fait en pareil cas, avec plus ou moins de bonheur : jouer la bonne foi et la stupeur indignée, Reynders y excelle.
Il est évident que Didier n’a pas l’aisance du grand acteur qu’est De Decker, inimitable dans le rôle de la bonne foi surprise, mais il a quand même du métier. Armand est plutôt lunaire, poète pour tout dire, c’est Jean-Louis Barrault dans « Le boulevard du crime ».
Une règle absolue dans le métier, ne jamais nier l’évidence. Quand cent personnes vous ont vu en conversation avec quelqu’un, il serait stupide de nier le contraire à la Commission.
C’est ainsi que le chef de la diplomatie belge a confirmé devant la commission d'enquête de la Chambre, avoir eu un entretien avec le vice-président Armand De Decker et l'avocate française Catherine Degoul. Notre Talleyrand moderne a pu affirmer sans rire que cette conversation portait sur la cueillette des olives en Basse-Provence. Ce ne sont pas les deux autres qui diront le contraire.
Toute l’astuce de Sarkozy a été d’employer une femme en agent de liaison. Il eût choisi un homme pour cette mission, il aurait été plus difficile à ce dernier d’expliquer sa présence.
Mais Catherine Degoul ! Tout le monde connaît la galanterie d’Ancien Régime au siège du MR. Le silence sur les allées et venues des dames est un impératif.
C’est même cette raison qui a fait attendre le petit Châtel dans les portiques de sécurité avenue de la Toison d’Or ! Le rustre ne pratiquait pas le baisemain à Charleroi !
Armand De Decker était accompagné de Catherine Degoul, c’est tout. On voit d’ici la gueule enfarinée de Reynders parler de Jean-Pierre Bemba, détenu par la Cour pénale internationale (CPI) et une lettre tendue par Catherine Degoul de ses ongles manucurés, à ce sujet. Le ministre a saisi la correspondance, le buste en accent circonflexe. Dépôt sacré qui doit traîner dans les dossiers d’Annemie Turtelboom, ex madame justice, ou détruite par une femme d’ouvrage du ministère.

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Que Bel Armand ait œuvré avec Maître Catherine Degoul à la demande de l'Elysée, dans un dossier d’exfiltration du trio Chodiev et consorts de leurs ennuis judiciaires en Belgique, la France étant en négociations commerciales avec le Kazakhstan, normal, cela ne concerne en rien mes zigues aurait fanfaronné Didier, l’artiste du rond-de-jambe en diplomatie.
Subtil va-tout, comme il s’est bien tiré du piège de la Commission, Didier Reynders s’est investi dans le rôle du témoin qui ne sait pas grand-chose, mais qui dit tout.
"L'implication de M. De Decker dans le dossier est assez claire", dit-il aux Membres de la Commission ravis de cette collaboration franche et spontanée.
Après tout, on n’est pas dans l’affaire Grégory. Il ne s’agit que d’une affaire qui touche aux règles d’éthique avec du gros pognon à la clé. C’est tellement courant en Belgique, avec les partis et l’industrie comme elle va !
En prolégomènes, Reynders avait démenti avoir poussé à l'élaboration d'une loi de transaction pénale élargie qui a profité à M. Chodiev.
C’est possible après tout, peut-être que la somme proposée était insuffisante et largement en-dessous des honoraires de Bel Armand ?
L’enquête judiciaire est en cours et M. De Decker n'a pas été inculpé.
Peut-être que ce petit monde, au-dessus de nous, soit guidé par le bien public, que l’intention était pure et que l’enrichissement n’est que le résultat des anciennes règles et des circonstances.
Sauf que nous sommes dans le jeu du pouvoir, des amitiés intéressées et des ambitions contrariées… sauf qu’à la prétention s’ajoute la supériorité de gagner plus que les collègues… sauf… que ce ne sont pas les meilleurs qui réussissent, mais les pires !

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