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Au PS, tous bobos !

On est en droit de se poser la question, le PS n’est-il pas en train de payer un retournement du public wallon, largement socialiste depuis 50 ans, non pas à cause des affaires, mais à cause de l’opinion qui voudrait que les cadres du PS soient devenus des bobos ?
Le bobo n’est pas que le produit parisien de la gauche caviar. En passant la frontière, le bobo français a perdu sa cravate ou son foulard artistement noué. Il est col ouvert dans les Congrès et parle avec l’accent carolo comme tout le monde. Ce n’est que le public une fois disparu, qu’il se transforme en vrai bobo avec ses amis. C’est alors, redevenant lui-même, en bobo décomplexé, qu’il parle sans retenue de son mode de vie, de ses voitures, de ses succès auprès de la militante qui le relance par des courriels enflammés !
Les bobos du MR peuvent s’afficher carrément, il ne leur en sera pas tenu rigueur. Vous me direz, avec la gueule d’empeigne de Bacquelaine, une telle possibilité est impossible. Je n’en dirais pas autant du reste de la bande. Par contre, on n’oubliera rien des petits détails pour assurer que tous ceux du PS le sont.
L’erreur a été de croire à Charleroi et à Mons que l’on pouvait la jouer débraillé à l’exemple des frondeurs français de Benoît Hamon, mais qu’une fois invité au Club Lorraine, le public savait gré à l’invité socialiste de se fondre dans les cols et cravates de la société bourgeoise.
L’aventure gouvernementale d’Elio Di Rupo a été fort éprouvante dans le genre catalogué définitif. On aurait dit que tous les ministres socialistes s’étaient donné le mot, pour être à l’instar de leur chef, trempé dans la naphtaline au moment de jouer la décontraction et le beau genre.

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À l'origine, le bobo étant un électeur de gauche, il était logique que les cadres du parti le soient aussi par mimétisme et par intérêt électoral. C’est le côté bohème par intermittence qui ne passe pas. Même quand André Flahaut paraît sans cravate, elle reste comme imprimée à son cou. Rudy Demotte fait penser à Robespierre, poudré à frimas, on le dirait sorti du bain, il ferait partie des bobos habillés chics du parti, dans une opposition du bobo fauteuil d’orchestre, au bobo bohême de l’amphi, qu’occuperait bien le fils Mathot, du club des Cinq.
Ils n’en sortent pas. Ils sont classés dans cette catégorie et parfois, c’est quasiment impossible de décoller l’étiquette. Habillés chic ou débraillés, ils sont classé et puis c’est tout.
C’est peut-être terrible, mais quand on voit côte à côte au premier rang – toujours – des réunions où il est indispensable de se montrer, Laurette Onkelinx et Karine Lalieux, le public est prêt à jurer qu’elles sont en train de parler chiffon, alors que selon toute vraisemblance, c’est tout à fait faux.
Et si en plus, le président Elio hausse le ton à la tribune, sa voix qui prend étrangement la tessiture d’une soprano du Troca, scelle l’opinion sur les bobos du PS !
Car tous les militant(e)s du PS sont taxé(e)s de boboïsme, par les extravagances vocales de leurs leader, qui les marque à la culotte.
C’est injuste, qu’on leur reproche les maisons de campagne et les comptes en banque. Alors que leurs homologues du MR défraient la chronique à chaque semaine par une démonstration de bobo. Aucun notable du PS n’a osé dépenser depuis la crise de 2008, 800 mille € de premier frais, aménagement non compris, pour un castel comme Borsu à Marche-en-Famenne. Ils ne l’ont pas fait, mais que n’aurait-on dit en plus, puisqu’on jase depuis dix ans de la maison de campagne de Laurette à Lasne, et qu’on ne dit jamais un mot de celle de Didier Reynders.
Les électeurs de droite passent tout à leurs ténors. Ils peuvent ressembler à Bernard-Henry Lévy en train d’essayer ses chemises ou à notre chef de la diplomatie toujours très classe dans les siennes, pour eux aussi, seuls les masters du PS sont des bobos. Paul Magnette s’est fabriqué un col ouvert sur costume sombre depuis qu’on le connaît, son débraillé n’est qu’une apparence pour l’opinion. Pour jouer le militant anti-riche, alors qu’il a cumulé les mandats jusqu’à fin juillet, il devra se faire oublier de la télé jusqu’à la fin de l’année au moins.
Il incarne trop bien le bobo urbain intellectuel, à la connaissance faussement enfouie sous des tonnes de démonstration affective, pour donner longtemps le change.
Et c’est un peu la disgrâce générale, le jugement hâtif mais dont personne ne veut démordre.
Pour le public wallon, la version du bobo est claire : un bobo, c’est quelqu’un qui ne vit pas comme nous, sous des airs faussement faubouriens.
Et c’est un peu vrai, après tout.

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