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Un grand moment de solitude…

Ce sera celui d’un libéral pur sucre, quand il viendra nous annoncer une catastrophe financière de l’ampleur de celle de 2008/9.
Je ne dirai pas que c’est bien fait pour la majorité qui conduira le pays ce jour là, car les plus pauvres sont les plus fragiles, mais j’aurai un sentiment de dégoût pour cette classe politique veule et sans envergure au pouvoir tantôt à droite, tantôt à gauche, poussée aux affaires par des électeurs qui ne valent pas mieux.
Reynders, gestionnaire aux finances lors de cette crise fameuse entre toutes, nous a tellement farci l’esprit de son génie financier, que sa reproduction en pire, paraît pour le public hautement improbable.
Eh bien ! cette crise n’est pas improbable, elle est certaine.
Elle arrivera. Quand ?
Peut-être plus rapidement que nos gros malins de l’économie-spectacle le croient.
Dans un secret relatif, les autorités européennes font des simulations de crise, comme les pompiers feraient des exercices contre les incendies.
Une chose est certaine, en cas d’un dérapage de la finance généralisé, les avoirs des épargnants seraient gelés sur leur compte bancaire pour éviter qu’ils ne courent les vider, précipitant la faillite des établissements. L’Espagne, le Portugal et surtout la Grèce ont déjà procédé à ce genre de protection. Les banques, qui ne versent déjà plus d’intérêt sur les petits comptes d’épargne, refuseraient dans ce cas de rendre l’argent qui ne leur appartient pas et ce avec l’aval des responsables politiques ! C’est ça le monde libéral. Liberté d’entreprendre, mais quand cela leur convient.
L’Europe nous rassure. Il s’agit d’un exercice, sans plus, une simulation. On peut être surpris que la manœuvre arrive fin 2017, la situation du secteur bancaire inquiéterait-elle les autorités à ce point ? Pas de réponse en Haut-lieu.

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Les lecteurs du Soir et de La Meuse n’en savent rien, mais l’État italien a injecté 17 milliards d’euros dans le sauvetage de Popolare di Vicenza et Veneto Banca, deux banques vénitiennes. Cela ne vous dit rien ? Certes, pas encore, mais c’est l’ensemble du secteur bancaire italien qui prend l’eau à cause de la reprise de l’ancien jeu des dettes et des créances foireuses qui ont fait de 2008/9 deux sacrées années, où le système capitaliste n’a dû son salut qu’à la passivité des gens et les mensonges de leurs dirigeants politiques.
Et des boules puantes, les banques en ont encore plein les tiroirs.
Le commerce des armes ne rapportent plus comme avant. Les USA, qui doivent leur bonne santé financière à l’entretien de la plus grande armée du monde sur le pied de guerre, ont trouvé un nouveau moyen de soutenir le dollar. Ils distribuent des pénalités aux banques européennes qui font du commerce dans des pays de la liste noire des States ! La Deutsche Bank vient d’être pénalisée de 7 milliards d’euros par le trésor américain. Si une amende plus forte lui avait été infligée, la première banque allemande aurait fait courir un risque systémique à l’ensemble du secteur européen. Ça marche parce que les banques européennes ne peuvent pas se passer du marché américain.
Le système bancaire mondial, mais surtout européen est fragile. La panique de 2008, peut se reproduire en 2017. Aucune mesure préconisée dans les années qui suivirent la catastrophe n’a été mise en place. La Royal Bank of Scotland qui échappa à la faillite en 2008 et ne dut son sauvetage que par sa nationalisation, n’est toujours pas sortie de l’ornière en août 2017.
Donald Trump, financier douteux et homme d’État incertain, est en train de jouer les apprentis sorciers en s’en prenant – pour les détruire – aux réglementations de l’administration d’Obama qui voulait limiter les excès de la dérégulation financière.
Wall Street applaudit. Même si les mesures d’Obama ont été mal faites et minuscules, elles ont au moins le mérite d’exister. Sans règle, c’est le clash assuré.
Reste le Brexit. Y aura-t-il des accords satisfaisants pour les deux parties. Que va faire la City pour retenir les financiers ? Et si cela débouchait sur une compétition entre les places financières du monde entier ?
L’effervescence boursière pourrait reconstituer une bulle des valeurs high-tech. Une nouvelle entourloupe pourrait gonfler artificiellement les affaires. On retomberait dans une autre singerie du genre des subprimes en 2008/9.
On ne tire pas les leçons des coups de bambous antérieurs. Si le système économique n’est plus capable d’aligner chaque année des points de PIB supplémentaires, le capitalisme est par terre. Sans croissance il est mort. La croissance a un prix, le déséquilibre avec les ressources naturelles et l’inventivité poussée jusqu’à vendre du superflu et de l’inutile, alors que le quart de la planète est sous-alimentée.
C’est donc inéluctable que cette fin surviendra. Plus tard elle se fera, pire sera l’état de la terre et de ses habitants.
Simulation ou alarme réelle, les indices boursiers montent à nouveau en flèche. Le Dow Jones dépasse 21.000 points, soit 50% de mieux qu’en 2007! Les investisseurs croient en Donald Trump au contraire du public qui se demande sur quoi cette présidence va déboucher.
À des taux zéro, les banques s’endettent pour racheter des entreprises. Cela se voit en Belgique et en France, la dette privée « investissant » augmente. On redoute que les taux d’intérêt repartent à la hausse.
Si le public est marron et ne voit rien venir, ni intérêt, ni placement assuré, les gros actionnaires qui sont aussi ceux qui occupent des hauts emplois bien rémunérés, s’emplissent les poches, au point que cela en devient indécent.
Le «shadow banking» échappe à tout contrôle, puisqu’il s’appuie principalement sur les paradis fiscaux.
De 25.000 milliards de dollars de transactions parallèles en 2002, on est passé à 75.000 milliards de dollars en 2013… et à 92.000 milliards de dollars en 2015 !
Cette part de capitaux à risque représente bien plus que la moitié du PIB mondial!
La lecture des journaux financiers est instructive. Tout ce qui précède se trouve de long en large dans les revues sérieuses d’économie.
Le drame est là, justement, le mensonge des autorités politiques est patent, l’insouciance des électeurs est gravissime. La démocratie n’est même plus en jeu. Elle est dépassée par ce qui se prépare. Ce sera la mère des batailles et nous serons tous perdants.

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