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Une économie binaire !

La noble pensée chrétienne (SMNC) de l’université catho de Louvain met le doigt sur le fin du fin de la sociologie de pointe du système libéral.
En croyant faire une étude commanditée par la CSC sur un nouvel aperçu de l’inventivité de l’économie moderne, il a juste jeté un pavé dans la mare où coasse le MR satisfait.
On ne sait pas comment va le prendre madame Ska, chargée de la stratégie du syndicat pieu, mais de fait, n’importe quel délégué syndical de la plus infime entreprise pourrait en faire ses choux gras.
Il y aurait un demi-million d'indépendants d’un genre particulier en Belgique.
En effet, ils ont pour caractéristique de travailler seul, mais sont pourtant considérés comme indépendants… tout en ayant un employeur dont ils dépendent pour du travail.
Ce n’est pas si compliqué que cela. En réalité, pour exécuter la prestation pour laquelle ils sont rétribués, ils n’ont ni sécurité sociale, ni sécurité d’emploi, ni aucune garantie d’indemnité pour quoi que ce soit.
C’est beau, non ?... comme trouvaille du système !
Ce sont des gérants… d’eux-mêmes en quelque sorte.
Il paraît que c’est ça l’emploi de demain et l’idée géniale qui va sortir l’économie du marasme dans lequel elle se complaît.
Jusqu’à présent les secteurs les plus concernés par ces indépendants d’un genre particulier sont la construction, l’Horeca et les professions intellectuelles. Bien entendu le caractère tout à fait intéressant de ce nouveau profil sera demain étendu à tous les secteurs. Aller en-dessous de ces conditions déjà extrêmes, ce serait faire du travail un bénévolat complet. Cela viendra plus tard, quand on sera dans une dictature économique complète, c’est-à-dire quand l’État sera conduit directement par les conseils d’administration les plus représentatifs des démocraties concernées.
Que les chefs du MR se rassurent, pour eux rien ne changera. Ils seront toujours payés recta, comme d’habitude, plus un petit bonus, s’ils continuent à la fermer.
En attendant, nos pionniers du genre sont déjà un bon demi-million selon l’UCL.
Puisqu’ils n’ont droit à rien qu’à bosser et ramasser leur monnaie au coup par coup, un vrai problème taraude les méninges de madame Ska. Comment syndiquer un gérant de soi-même, puisqu’il n’a aucun droit à défendre !
Peut-être y a-t-il à fouiller dans la forme de subordination de l’indépendant-solo pour le convaincre d’adhérer quand même à un collectif. Enfin, si l’on peut considérer qu’il puisse exister un contrat entre ceux qui gèrent une société et l’indépendant-solo qui y collabore occasionnellement.
En effet, l’engagement est tactile, comme les maquignons jadis qui se tapaient dans les mains à l’achat d’une bête sur un marché aux bestiaux. Sauf que le maquignon respectait la parole donnée. Ce qui, apparemment, a été perdu dans l’économie moderne.
À ce demi million de personnes ouvrant la voie au libéralisme avancé, s’ajoutent les cent mille et quelques ayant un deuxième ou un troisième emploi d’indépendant sans droit, bien entendu.
Ça fait du monde dans la borsufication de la francophonie, en seconde main du libéralisme belgicain, grâce au duo d’enfer De Wever – Michel.
Notre voisin Macron voit plus grand. Il s’attaque à l’ancien Code du travail, pour faire du salarié un travailleur plus aisément jetable.

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C’est un point de vue. Connaissant notre bon Charles, brûlant de l’envie de marquer son temps, avec son équipe de pointe Denis Ducarme et le petit Châtel, il pourrait, au nom du libéralisme militant, marié le système Macron « l’employé jetable » au gérant-sans-droit, « le travailleur fantôme ».
Voilà qui ferait de la Belgique un leader de l’Europe de demain !
Ainsi, tout serait ramené à une gestion plus rapide des affaires de l’État, en mettant à profit les techniques de la banque. Le principe est simple : chaque citoyen est dorénavant classé comme « actif » ou « passif » financier. Avec l’un vous traiter des affaires, avec l’autre vous appelez la police.
C’est le système binaire de votre ordinateur. C’est chouette, non ? Héros ou crapule !
En réalité, nous assistons à la poursuite d’une puissance économique qui monte en gamme par rapport à l’État démocratique qui en descend par compensation (toujours le binaire). Plus l’une s’élève, plus l’autre descend. C’est un jeu de bielles, comme un moteur, sauf que c’est un moteur dont on craint l’explosion. Seule l’explosion est hors cadre, c’est-à-dire non binaire. Le « grand boum » est obsolète, comme le syndicat de madame Ska.
Mais, il ne faut pas désespérer, un moteur électrique est à la portée de l’économie libérale. L’effort deviendra bientôt silencieux. Le bonheur pour l’élite !
En vrai la régression sociale se poursuit. C’est une régression historique sans précédent.
Il faudra à nos avocats, travailleurs assidus du parlementarisme alimentaire, beaucoup d’effets de manchette pour nous convaincre de l’excellence du système binaire.

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