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Confusion des pouvoirs.

C’est aujourd’hui que Charles Michel doit s’expliquer devant la Chambre sur son gouvernement, dans la crise espagnole qui nous a fait héberger Monsieur Puigdemont, président déchu, par Madrid, de la Catalogne (1).
Ce qu’il y a de bien avec Charles Michel depuis qu’il est au pouvoir : on sait à l’avance ce qu’il va dire. C’est à la fois irritant et reposant.
Il faut bien comprendre que son problème n’est pas de prendre position dans ce cas particulier, mais de ne pas se brouiller avec la N-VA pour l’année qu’il lui reste encore à faire en qualité de premier ministre.
Irritant, parce que contrairement à l’idée reçue selon laquelle en ne faisant rien, les problèmes se règlent d’eux-mêmes, celui-ci en l’état ce serait à la Justice de suivre son cours sur la plainte de Madrid demandant le retour pieds et poings liés de son justiciable. Tout en sachant que Michel compte sur la lenteur légendaire de la justice afin que des événements extérieurs à la plainte de l’Espagne finissent par la faire disparaître, sinon la rendre caduque.
Et enfin reposant, parce qu’en recouvrant le feu d’une couverture, on ne sait pas s’il est éteint ou s’il couve encore.
Sauf qu’il n’est pas prévu que statuant rapidement, coupant l’herbe sous le pied des appels, comme on sait le faire parfois pour des sans-papier, un beau matin sur réquisition d’un juge, il soit procédé à l’exécution du mandat d’amené européen à l’encontre du sieur Puigdemont, et celui-ci aussitôt embarqué sur un Falcon avec ses quatre coreligionnaires, destination la geôle madrilène.
Évidemment, cette hypothèse est hautement improbable. Elle embarrasserait aussi bien Rajoy que Michel.
La question est de savoir pourquoi ?
Parce que la séparation des pouvoirs qui fera la base du discours de Charles Michel n’existe pas à un certain niveau et que c’est la raison d’État qui prévaut.
Voilà donc pourquoi, le discours attendu apparemment anodin et qui ne défonce que des portes ouvertes, l’est entre les lignes. C’est un fake news dirait Trump.
Puigdemont peut dormir tranquille, on ne le sortira pas du lit à l’aube prochaine.
Par conséquent, le discours de Charles ne sert à rien et il ne répond pas à une autre question que les citoyens des deux côtés de la frontière linguistique se posent.
Ce gouvernement n’est pas formé que de la seule personne du premier ministre et de ses ministres francophones, restés bien paisiblement au chaud à admirer dans les gazettes le formidable retournement du CDH en leur faveur, ce qui a permis à Borsus de savonner la planche à Magnette ; non, il y a tous les ministres flamands et parmi les plus remuants, les ministres de la N-VA qui ne se sont pas fait priés à l’initiative de leur chef, Bart De Wever, de produire les plus vives manifestations d’amitié à Puigdemont jusqu’à l’assurer de leur soutien et de leur invitation à se rendre en Belgique.

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Charles Michel a bien mollement demandé à ses tumultueux ministres d’être plus mesurés, mais quoi, le public a quand même bien vu que Michel ne maîtrisait pas la situation quand il s’agissait des ministres N-VA
Quand d’autre part le MR gollien, Richard Miller, flanqué du petit Chastel, enjoignent à Élio Di Rupo de mesurer ses expressions qui sont de nature à décrédibiliser la Belgique à l’étranger, ils feignent d’ignorer la presse à l’étranger et pas seulement la presse espagnole, pour qualifier d’étranges les réactions d’une partie du gouvernement qui tend les bras à Puigdemont, a contrario du premier ministre qui s’en remet à la justice « par la loi même établissant la séparation des pouvoirs ».
Enfin, tout a fait à l’opposé des déclarations de Charles Michel selon lesquelles Puigdemont relève d’une affaire essentiellement espagnole, on peut relever que celle-ci permet en annexe, de mettre en évidence la grande faiblesse de ce gouvernement et de son premier ministre, dans la lutte de la Flandre pour son hégémonie et finalement de résoudre ainsi le problème du séparatisme, en donnant à la Flandre la mainmise sur les autres composants de l’État belge.
C’est un peu comme si en Espagne, on résolvait la volonté de séparatisme de la Catalogne en remplaçant Mariano Rajoy par Carles Puigdemont.
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1. Ce blog a été écrit avant le discours du premier ministre.

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