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La soupe refroidit.

On assiste en France à un phénomène qu’on pourrait appeler de reflux, celui du désintérêt de la foule aux manifestations contre les ordonnances Macron.
Est-ce à dire qu’une large majorité aurait été convaincue par le bienfondé des mesures du nouveau président de la république ?
On en est très loin.
C’est une période en forme de sas de décompression que l’approche des fêtes de fin d’année allongera jusqu’en janvier 2018.
La quatrième journée de mobilisation depuis la rentrée pour dénoncer les ordonnances est-elle la manifestation de trop ? Celle dont on savait à l’avance qu’elle se solderait par un échec ?
La détermination du gouvernement, de passer aux réformes suivantes, sans autres formes de procès que les rares entrevues entre les syndicats et le gouvernement Philippe, est-elle significative de la baisse de régime des oppositions ? Peut-on parler de concertations ? Des questions qui attendent des réponses, si la gauche française a pour objectif de se ressaisir.
L’imprévisibilité des foules a fasciné des générations de philosophes et de politiciens, ce n’est pas le moment de passer à côté des réponses.
De grands découragements succèdent à des révoltes souvent brèves, tant elles ressemblent à des crises de nerf, mais il ne faut pas s’y fier. La situation politique étant inchangée entre l’une ou l’autre saute d’humeur, l’activité revendicative qui retombe soudain, reste un grand mystère.
On imagine mal les travailleurs réconciliés avec le pouvoir libéral, admettre des modifications de salaire, d’horaire, du nombre d’années d’accès à la pension, dans le cadre d’une nouvelle législation du travail.
Je pencherais vers un découragement de la gauche suite à l’ascendant d’un pouvoir de conviction résolument pour Macron, rendant vains les efforts de faire entendre sa voix.
La foi soulève des montagnes, la raison ne soulève que des contradictions à la foi. Elle met rarement l’accent sur les sottises d’y croire.
Il faudrait donc que la gauche attende des vents plus favorables, une usure du pouvoir, des bévues manifestes du gouvernement et surtout les premiers avatars de cette régression du monde du travail, sur les salaires et le pouvoir d’achat des plus visés par les mesures.
Le centre, ceux que le pouvoir crédite de raisonnables, prennent-ils un nouveau départ ?

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Le Centre n’a jamais produit en France une forte majorité capable seule de former un gouvernement. Le seul président centriste fut Giscard d’Estaing. Cependant, toutes les forces politiques en France convergent vers le centre, pour tenter d’obtenir un plus large consensus.
Or, l’opposition de droite de Laurent Wauquiez et de gauche de Mélenchon ne le sont pas. Ce qui laisse à Macron un boulevard pour ses LREM.
Par le passé, toutes les tentatives de cet ordre ont échoué. De Séguin à Borloo, en passant par le MODEM de François Beyrou, les succès passagers se révélèrent être des échecs dès que grossissait le centrisme autour des personnalités. Ils ne savent qu’en faire !
Le contraste avec l’électorat belge saute aux yeux. Tous les gouvernements sont ou vont au centre. Le PS de Di Rupo l’a appris un peu tard et à ses dépens.
Est-ce qu’intuitivement la foule française attend le temps de la déconvenue, avant de repartir avec pancartes et slogans vengeurs, dans la rue ?
En attendant, les politiciens de gauche espèrent un regain de l’activité dans la rue, pour exister. Pour eux, s’effacer en attendant que les événements leur donnent raison, signifie la mort politique.
"Il n'y a que ceux qui ne font rien qui sont sûrs de perdre", a expliqué cette semaine Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Il parlait évidemment d’or. Ce constat résume également la donne pour les appareils de partis.
Même ceux qui sont farouchement opposés au système sont condamnés à l’optimisme, c’est-à-dire à utiliser la propagande honnie du marketing capitaliste. En attendant que la roue tourne et que le succès revienne, la fuite en avant, en se racontant des blagues sur sa bonne forme, est de rigueur.

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