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Quand Charles marmonne !

La crise catalane a comme effet de se demander « mais où est passé le premier ministre belge » ?
Puisque le ministre-président catalan, Carles Puigdemont, s’est réfugié à Bruxelles, le conflit entre les gouvernements espagnol et catalan, s’est étendu à la Belgique.
Sauf qu’ici « terre d’accueil », Charles Michel nous entraîne au pays des Zombies.
Si, dès l’arrivée de Puigdemont chez ses amis Flamands N-VA, Charles Michel s’était exprimé d’une voix forte « Nous ne souhaitons pas nous immiscer dans la crise interne de l’Espagne. Mais, puisque Monsieur Puigdemont a décidé de rejoindre le cœur de l’Europe pour témoigner de sa personne, nous sommes disposés à lui offrir toute garantie de sécurité et de liberté de mouvement, dans l’espoir qu’une solution pacifique intervienne bientôt en Espagne. »
On ne serait pas aujourd’hui à spéculer sur le degré d’ascendant de Bart De Wever et de la N-VA sur ce gouvernement.
La responsabilité de l’escalade actuelle du conflit peut franchement être imputée à la fois au Premier ministre espagnol Mariano Rajoy et au ministre-président catalan, Carles Puigdemont. Ce serait du devoir des partenaires de l’Espagne au sein de l’UE d’aider les parties à trouver un terrain d’entente. Ce n’est pas en jetant les responsables de la Catalogne en prison que Rajoy y parviendra.
Il suffirait d’un rien pour que le conflit dégénère. Les Ramblas sont une véritable poudrière.
Si un « loco » avait la sotte idée d’en découdre depuis l’un ou l’autre camp, de même un provocateur moins innocent, on en arriverait vite à une situation dans laquelle toute discussion deviendrait impossible.
Il appartient à un responsable digne de ce nom d’assurer la sécurité et la libre circulation à Carles Puigdemont, malgré l’ukase de l’Espagne, via l’Europe, de saisir ce dernier au corps. Dans ce contexte, on se serait passé volontiers des provocations irréfléchies du secrétaire d’État Theo Francken (N-VA).
Le débat, tenu lamentablement et dans la cacophonie par Deborsu sur RTL ce dimanche, a bien montré l’orientation du MR et du porte-parole de Rajoy, empêchant l’opposition séparatiste à prononcer trois mots à la suite. André Flahaut, représentant l’opposition socialiste dans le débat, fut tout autant chahuté, sauf que lui n’ayant pas grand-chose à dire comme à son habitude, on ne s’en est pas trop aperçu. Il a ciré les pompes du système dans le rôle de la dignité offensée où il excelle. Tout ce qu’on sait, tient en son refus de présenter des excuses au petit Chastel sur une soi-disant offense d’Elio Di Rupo au maître de l’autre, Charles Michel.
Comme si tout le débat dépendait d’excuses, pour la solution du conflit entre la Catalogne et l’Espagne !

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La déclaration de M. Francken, qui propose l’asile au ministre-président catalan, pose problème à plusieurs égards. Est-ce au secrétaire d’État à l’Asile de décider de ce genre de choses ? Charles Michel aux abonnés absents, Deborsu a préféré glisser sur la chose.
Tous les Catalans pourraient traduire l’invitation de Francken comme un permis automatique du droit d’asile. Comme appel d’air pour quelqu’un qui veut fermer le vasistas des cabinets pour que nous nous occupions de nos propres odeurs, c’est plutôt nul.
Les nationalistes flamands se passionnent pour la situation en Catalogne, comme s’ils y étaient. Et si un conflit violent éclatait la semaine prochaine ? On verrait peut-être des pointus d’Ostende ou de Bruges s’engager sur le chemin de Compostelle (1) armés jusqu’aux dents sous leur robe de bure. Que ferait alors « le doux Charles » ? Ne demandez pas la réponse à Richard Miller, il est comme tout MR, il n’en sait rien !
C’est pour cela qu’il en a parlé avec compétence ce dimanche, avec un bel acharnement.
À propos de Francken, Daardaar, l’excellent magazine en ligne, a donné à lire un joli verbe : Charles Michel « marmonne ». Le mot mérite de rester.
Parce qu’il ose et que son chef de gouvernement n’ose pas, Theo Francken est l’homme politique le plus populaire du pays.
C’est encore ce même magazine qui réfléchit sur l’attitude passive de Charles Michel « Il est temps qu’il décide de ce que veut dire, pour lui, être Premier ministre. Est-il le chef d’un gouvernement, ou bien est-il le baby-sitter d’un secrétaire d’État qui – contrairement à Geert Bourgeois ou Jan Jambon, des militants nationalistes pourtant tout aussi convaincus que lui – refuse obstinément d’apprendre la différence entre militantisme et responsabilité gouvernementale ? »
Excellente question à laquelle s’associent les gens sérieux et qu’a loupée l’opposition socialiste de Flahaut, bien trop « sage » de la vieille école et incapable de faire la différence entre politesse et flagornerie. Décidément, en voilà un qui ne s’est pas encore remis d’avoir été président de la Chambre des représentants.
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1. Compostelle n’est pas en Catalogne, comme la Turquie n’est pas la Syrie.

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